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Le monde des Sakés

Le jeudi 23 mai 2024

La dégustation est proposée par Attila Aranyos. Elle est commentée par Attila Aranyos et Cécile Debroas Castaigns
Quelques commentaires de contexte : 

Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Elles proviennent toutes du Japon, nous les avons importées. A titre d’information, 468 € de frais de transport et 238 € de douane !!!
Les sakés sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – AA : Attila Aranyos – NC : Nicolas Chabot – EA : Eric Ambiaud  – CDC : Cécile Debroas Castaigns.

MAISONS
Ambuki Shuzo :
mabuki est installée au nord-ouest de Kyushu, dans la Préfecture de Saga, au pied de la montagne Amabukiyama, d’où son nom. Riche de plus de 300 ans d’histoire car fondée pendant la période Genroku (1688 – 1704), elle est spécialisée dans l’extraction et l’utilisation de levures provenant des différentes fleurs de leur environnement direct. Utilisées dans la production de leurs sakés, elles confèrent des arômes exubérants, un style incomparable qui fait toute l’originalité de la brasserie. Le riz utilisé est quant à lui cultivé dans la plaine de Saga selon la méthode dite du « aïgamo » consistant à élever des canards dans les rizières afin qu’ils se nourrissent des mauvaises herbes et insectes. Ainsi les rizières sont exemptes de quelconque traitement. L’eau utilisée est douce, elle provient de la montagne Sefuri. Nous avons la chance de pouvoir vous présenter une sélection de trois sakés produits à partir de trois levures différentes.
Miyoshino Jozo :

Miyoshino Jozo est une brasserie artisanale située dans la région de Yoshino, Préfecture de Nara, une localité surnommée « Senbonzakura » en référence aux nombreux cerisiers qui couvrent les collines avoisinantes. A Yoshino, se trouve le temple de Shoryaku-ji, un lieu où pendant la période Muromachi (de 1336 à 1573) un groupe de moines produisaient leur propre saké selon une technique bien particulière appelée « Bodaïmoto ». Pour éviter que le moromi (le riz en fermentation) ne se gâte, les moines avaient trouvé l’astuce de démarrer la fermentation avec de l’eau de source dans laquelle avait trempé une certaine quantité de riz. Il a été démontré plus tard que ce trempage permettait d’augmenter de façon significative la concentration en acide lactique. Or ce composé est indispensable pour prévenir la pousse bactérienne au début de la fermentation. Ainsi, par cette méthode, ils assuraient la bonne santé de leur production. Des écrits anciens rapportant les détails de cette méthode ont été découverts par hasard et ont fait l’objet d’études et de mises en pratique. La brasserie de Miyoshino Jozo est l’une des rares au Japon à l’employer pour l’élaboration de ses sakés. Il en résulte des sakés très typés et dotés d’une belle acidité. Chose exceptionnelle, tous leurs sakés sont produits en fûts de bois de sugui, le cèdre japonais.

Tanaka Shuzoten :

Tanaka Shuzoten est installée dans la plaine fertile de Kami-cho, préfecture de Miyagi. Une plaine alimentée en eau par la fonte des neiges du mont Oou voisin. La brasserie a été fondée en 1789 par Rimbei Tanaka, alors représentant de la première génération du principal marchand de kimonos du clan Date. Le choix de la région ne fut pas anodin, c’est à la fois un lieu où la production de riz compte parmi les plus importantes du Japon, mais aussi un lieu historique et très réputé pour la production du saké. Nombreuses sont les brasseries qui se sont distinguées par des récompenses lors du concours national des nouveaux sakés et Tanaka Shuzoten en fait bien entendu partie. Le riz produit dans la préfecture de Miyagi, l’eau souterraine des monts Oou et les brasseurs sont tous originaires de la région de Tohoku. Ils connaissent remarquablement bien les ressources locales et savent comment adapter les changements climatiques de chaque année à la production de saké. Leur toji a un parcours pour le moins singulier. Morikawa Yasutaka fut l’un des plus jeunes Toji du Japon. Il a travaillé dans 14 brasseries différentes avant de se fixer sur la brasserie de Tanaka Shuzoten. Il est responsable de la production de l’ensemble de la gamme de Tanaka Shuzoten, mais a aussi créé sa propre marque de saké, vendue exclusivement par un nombre limité de distributeurs dont nous sommes fiers de faire partie.

Kato Kichibee Shoten :

« Born» est un mot sanskrit qui signifie « pureté innocente » et « capture de la vérité », représentant la forte croyance de la brasserie dans les secondes chances et les récompenses karmiques pour le travail acharné. La brasserie, Kato Kichibee Shoten, a été établie dans la préfecture de Fukui en 1860, ne nommant à l’époque que ses meilleurs sakés « Born ». Cependant, depuis 1963, la brasserie a commencé à fabriquer uniquement du saké de qualité supérieure de style ginjo et a commencé à nommer tous ses sakés sous la marque « Born ». À l’époque de Showa (1926), l’empereur a commencé à utiliser le saké Born pour les cérémonies, les festivals et les invités internationaux du Japon comme marque représentative du Japon. Cette tradition s’est poursuivie jusqu’à ces dernières années, lorsque le Premier ministre japonais a présenté Born Dreams Come True à l’ancien président Barack Obama. La brasserie ne croit pas à l’ajout d’alcool distillé, elle ne fait donc que du saké Junmai. La brasserie utilise uniquement le riz des agriculteurs avec lesquels elle a un contrat, et récolte toujours le Yamada Nishiki à Hyogo et le Gohyakumangoku dans sa maison, Fukui. Les sakés sont fabriqués avec de l’eau provenant d’un puits de 180 mètres de profondeur des montagnes Hakusan. Tous les sakés ont un taux de polissage de 60 % ou moins et vieillissent de 1 à 5 ans à des températures très froides (-4 °C) avant l’expédition.

Sichiken Yamanashi Meijo :

La brasserie de Yamanashi Meijo est située aux pieds des Alpes japonaises, au Nord de la préfecture de Yamanashi, sur l’île de Honshu. Elle fut fondée en 1750 par le descendant d’une longue lignée de brasseurs qui étaient initialement installés dans la région de Nagano. Monsieur Kitahara, alors représentant de la septième génération de cette famille, découvrit, au cœur de la localité du Hakushu, une eau de qualité exceptionnelle. Il décida de s’installer sur place pour fonder sa propre brasserie. Cette eau si pure provient de la fonte des neiges du Mont Kaï Komagatake, dont le sommet culmine à plus de 2900m d’altitude. Elle alimente les sources de la région après avoir été lentement filtrée à travers la roche granitique, se chargeant ainsi de minéraux essentiels à la production de saké. La reconnaissance fut rapide et la bonne réputation de Yamanashi Meijo dépassa les limites de la localité au point de devenir un endroit de visite pour l’Empereur Meiji qui y séjourna au gré de ses visites officielles. Depuis cette époque, la majestueuse demeure familiale est élevée au rang de haut lieu d’intérêt historique au Japon. Aujourd’hui, l’élaboration du saké est toujours une affaire de famille et la 12ème génération soigne les détails, pratiquant notamment des fermentations longues, à basse température, dans le but de conserver la signature des sakés de Yamanashi Meijo : des sakés à la fois délicats et riches, dans lesquels on retrouve intacte la remarquable qualité de l’eau de source.

Choryo :

La brasserie Choryu Sake Brewery est située dans un village tranquille sur les rives de la rivière Takada, un endroit célèbre pour admirer les cerisiers en fleurs de 1963 dans le parc préfectoral Umami Hills. Depuis sa création en 2010, son produit phare est le « Yoshino Cedar Barrel Sake » (saké en fût de cèdre), et elle est connue pour être la première brasserie japonaise à commercialiser du saké en fût embouteillé.  C’est aussi l’une des premières brasseries à expérimenter les techniques de vieillissement et à cultiver des variétés de riz rares datant de l’Antiquité.

 

Daishichi :

Fondée en 1752 (la deuxième année de la période Horeki), la brasserie de saké Daishichi a toujours insisté sur une tradition de brassage strictement orthodoxe : la méthode kimoto. Les sakés riches et moelleux de Daishichi sont tous des exemples exceptionnels de saké kimoto. L’histoire de Daishichi a commencé lorsque la famille Ohta a quitté l’ancienne province d’Ise pour s’installer à Nihonmatsu. L’actuel directeur est la dixième génération. Les sakés de Daishichi prennent vie au cours d’un repas et forment des accords parfaits avec les mets raffinés. Félicités dans le monde entier, ils ont ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire des sakés superbes.

 

Urakasumi :

Fondée en 1724. La brasserie est située à Shiogama, une ville portuaire qui a une longue histoire et dont les magnifiques paysages ont été décrits dans de nombreux poèmes.
Héritière des traditions et des techniques du Nanbu, un chef sakéiste, la brasserie vise à produire un saké de la plus haute qualité, tout en se concentrant sur le riz de Miyagi et en produisant un saké qui correspond à la culture culinaire locale.
La levure Kyokai 12, enregistrée auprès de l’Association des brasseurs japonais vers 1985, est une levure isolée du moût de fermentation ginjo d’Urakasumi.

Masuda Sake Brewery :

La maison Masuda fondé eb 1891 est située dans la région de Toyama, entre mer et montagnes.  M. Ryuichiro Masuda, la cinquième génération de cette brasserie continue à sauvegarder la philosophie de la maison : « Je pense que le saké est fabriqué avec de la levure et du koji, et qu’il suffit de créer un environnement dans lequel ils peuvent bien travailler ».

Fukumitsuya :

L’histoire de la brasserie de saké Fukumitsuya remonte à la période Edo, en 1625. L’histoire de la brasserie de saké Fukumitsuya remonte à la période Edo, en 1625. Elle s’est engagée à ne produire que du saké « naturel » en utilisant des techniques traditionnelles. Hyakunensui, « l’eau centenaire » est utilisée pour brasser nos sakés, commence sous forme de pluie et de neige tombant au pied du mont Hakusan. Cette eau passe au moins 100 ans à filtrer lentement dans les profondeurs du sous-sol. Elle atteint ensuite le puits de brasserie, riche en minéraux nécessaires à la fermentation. Sous un contrôle de qualité strict, le Yamada Nishiki, le riz à saké de la plus haute qualité disponible aujourd’hui, est produit à Hyogo, le Kimmon Nishiki à Nagano, le Gohyakumangoku à Toyama et le Fukunohana à Hyogo. 

 

BARÈME DE NOTATIONS DES VINS (A titre d’information)

La notation sur 20 s’effectue en « valeur absolue » et non relative. Elle a pour fonction de situer les qualités perçues de chaque vin sans tenir compte d’autres critères (prix, réputation, origines, millésimes, etc…). Elle a pour objectifs de fixer la mémoire de nos dégustations et de mettre en perspective les commentaires descriptifs, sans volonté de hiérarchisation ou de comparatisme intrinsèque.

L’ÉCHELLE COMPORTE 10 NIVEAUX
NIVEAUX INFÉRIEURS

NIVEAU 1 : Inférieur à 10,5  Vin à éviter pour son manque de goût et/ou sa saveur désagréable et/ou son défaut.

NIVEAU 2 : 11‑11,5     Vin sans intérêt : présente des défauts toutefois non rédhibitoires (amertume, alcool, tanins secs, acidité, manque de fruit). Vin très simple et très court.

NIVEAU 3 : 12‑12,5  Vin moyen : souffre encore de quelques défauts mais mineurs. Vin simple et court offrant un soupçon d’intérêt.

NIVEAU 4 : 13‑14,5   Assez bon vin : sans défaut, plaisant, de qualité tout à fait correcte, techniquement irréprochable.

NIVEAUX SUPÉRIEURS

NIVEAU 5 : 15‑15,5  Bon vin : équilibré, mais manquant encore un peu de caractère, de volume et de complexité.

NIVEAU 6 : 16‑16,5   Très bon vin : équilibré, le caractère, le volume et la complexité sont présents à des degrés divers.

NIVEAU 7 : 17‑17,5     Excellent vin : du caractère, de la complexité, de l’équilibre, avec du volume en plus.

NIVEAU 8 : 18‑18,5     Grand vin : un caractère affirmé, une belle complexité, un grand volume, une race de classe et un équilibre parfait.

NIVEAU 9 : 19‑19,5     Vin exceptionnel : vin vieux parfait qui a confirmé (ou transcendé) ses potentialités, ou vin jeune ou moyennement âgé, parfait, dont les qualités de base et le caractère paraissent extraordinaires.

NIVEAU 10 : 20/20       Mythique : vin à son apogée, unique, admirable, légendaire, historique qui procure une émotion rare de plénitude.

Exemple : 15 vers 16  :  Prévision de la note dans le temps.

La différence d’un demi-point à l’intérieur d’un niveau est secondaire. Un vin qui a 15,5/20, n’est pas forcément meilleur qu’un vin ayant 15/20, mais ce jour‑là, nous lui avons trouvé un petit quelque chose de plus.

LA DÉGUSTATION :

Série 0 :
  1. Brasserie Hokkan Sake – Saké Hokkan Sake – Sen

Type Junmai. Alcool 14°. Acidité : N/A. Saké SMV : N/A. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

Quelques mots : Saké « aléatoire » des supermarchés asiatiques.

DS13 – AA12 – LG14 – NC12 – EA13 – CDC14

Attila : Plutôt rêche, dissonante, l’une des plus faibles en alcool mais l’une des plus “brûlantes”.  L’acidité, certainement due à l’ajout d’acide lactique au début de la fermentation n’est pas en place. Aromatiquement très pauvre.

Cécile : Robe relativement incolore.  Un saké un peu banal, léger en intensité aromatique, et simple, très générique : quelques notes de pomme et de fleurs, une pointe de champignon et de levure.  Le corps est léger, sans relief, et la finale est courte. L’ensemble est toutefois acceptable, équilibré et délicat.

Série 1 :
  1. Brasserie Kato Yoshihira Shoten (Prefecture Fukui) – Saké Born Premium Sparkling

Prix Europe : 168 €. Prix Japon : 56,10 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 20%. Type Sparkling Junmai Daiginjo. Alcool 16°. Acidité : N/A. Saké SMV : N/A. A boire : 5-10°C

Quelques mots : Minutieusement moulu et pressé pour obtenir une qualité raffinée de 20% qui dépasse même les sakés les plus haut de gamme. Non-filtré façon “nama”.

DS16 – AA16,5 – LG16  – NC16  – EA15,5 – CDC16,5

Attila : Un exemple puissant d’un saké pétillant. Comme la plupart des sakés mousseux il y a du sucre résiduel magnifiquement contrebalancé par la richesse aromatique et l’acidité un niveau d’acidité adéquat.  Arômes complexes et séduisants :  Mandarine, anis, écorce d’orange, ananas, fraises … explosif tout en restant élégant. Une boisson délicieuse à la texture soyeuse (également non filtrée) avec une très longue finale parfaitement équilibrée

Cécile : La robe est blanche, et trouble. Des arômes intenses, complexes et précis de mandarine, de citron, de pomme verte, d’anis ou fenouil, d’ananas frais, d’une grande délicatesse. Une grande sensation de fraîcheur aromatique renforcée par des notes citronnées et anisées. Si je devais faire un parallèle avec l’univers du vin, je pourrais penser à un produit de type « nature », car vibrant et libre, très ouvert, tout en délivrant une jolie précision.

Sur le palais, c’est un saké effervescent à la fois complexe et aérien, délicat, toujours avec ce bel d’éclat. Semblant légèrement sucrée, ce qui lui apporte un peu de rondeur, la finale se développe sur une petite pointe iodée, rafraichissante et finement texturée. Ce saké a la prouesse de développer un plaisir immédiat (comme un vin de soif), grâce à sa gourmandise et sa facilité d’approche, ce qui en fait un produit au goût très accessible aux non-initiés, tout en étant d’une très bonne qualité.

  1. Brasserie Sichiken Yamanashi Meijo (Préfecture Yamanashi) – Saké Shichiken Sparkling Hoshi No Kagayaki

Prix Europe : 89 €. Prix Japon : 34,70 €. Riz : Pas spécifié

Polissage 60%. Type Sparkling Junmail Ginjo. Alcool 11°. Acidité : N/A. Saké SMV : N/A. A boire : 5-10°C

Quelques mots : Le produit (non pasteurisé) est fabriqué selon la méthode champenoise afin de créer de petites bulles délicates

DS16,5 – AA16,5 – LG16  – NC16 – EA16,5 – CDC15,5

Attila : Nous sommes au pays du champagne : brioche, beurre, poires, agrumes avec des notes florales. Une pression remarquable et des bulles d’une grande finesse. Plutôt sec pour la catégorie (encore du sucre résiduel), vibrant, rafraîchissant, porté par une structure ciselée et précise.  Gastronomique, se marie bien avec de nombreux plats différents

Cécile : Incolore, l’apparence n’est pas trouble, ici. Une aromatique qui débute étonnement sur les fruits rouges, plus épicé que le précédent, poire, pomme rouge, pèche jaune, un peu brioché (pâte à pain), légèrement beurré (un peu comme un champagne). Plus rond, plus de corps, plus puissant que le précédent, mais un peu moins précis, moins délicat et aérien, plus générique aussi.  Forts goûts de céréales à l’aération le lendemain.  Mais toujours une certaine finesse, et une jolie bulle persistante ! J’ai toutefois préféré le précédent.

Série 2 : 
  1. Brasserie Amabuki Shuzo (Préfecture : Saga) – Saké Amabuki Ichigo Kobo 

Prix Europe : 39 €. Prix Japon : 11,60 €. Riz : Omachi , culture : aïgamo

Polissage 55%. Type Namazake, Junmaï Ginjo. Alcool 16,5°. Acidité : 1,80. Saké SMV : 0,00. A boire : 5-15°C ou 40°C

Quelques mots : Un namazake, un saké non-pasteurisé, élaboré à partir de levures extraites de fleurs de fraisier , acheté en France

DS16 – AA16,5 – LG16,5 – NC16 – EA15,5 – CDC16

Attila : Nez merveilleusement gourmand sur les fruits rouge, la fraise, des agrumes et une touche de fruits exotiques. Une attaque typique de Nama : umami, poudre de riz moulu, un peu fermentaire mais tout est parfaitement en ordre de produire un saké très “sérieux” avec une finesse exemplaire qui peut jouer dans la cour des grands

Cécile : La robe est incolore. Floral et délicat (fraise, fleur de fraise), de banane séchée, ananas frais, pomme verte, raffiné, des arômes de céréales subtils en finale.  Après aération, le lendemain, il développe des arômes plus intenses de pomme. L’ensemble est pur, net, cristallin. La bouche est très équilibrée, vibrante. L’alcool réchauffe la finale d’une agréable façon. La texture de l’umami est souple, onctueuse, et semble porter les arômes sur la longueur. Après quelques jours d’ouverture, il développe des arômes anisés/fenouil, relativement frais.  C’est joli, charmeur et gourmand.

  1. Brasserie Tanaka Shuzoten (Préfecture Miyagi) – Saké Limited 555 Yamahai Muroka

Prix Europe : 37 €. Prix Japon : 10,90 €. Riz : Toyonishiki, Kuranohana

Polissage 60%. Type Namazake, Yamahai Junmai Ginjo. Alcool 17°. Acidité : N/A. Saké SMV : N/A. A boire : 5-15°C

Quelques mots : Un namazake, un saké non-pasteurisé en série limité , acheté en France.

DS15 – AA15 – LG15 – NC14,5 – EA15 – CDC15

Attila : Les notes lactiques dominent ce saké : tarte au citron, crème brûlée, yaourt rehaussé par des tons de zestes d’agrumes.  L’équilibre est bien géré, avec une légère sensation de douceur.  Souffre clairement du comparatif dans cette série

Cécile : Robe légèrement jaune. Des arômes « pâtissiers », notamment en bouche (crème de citron), mais aussi de rose fanée, de pomme mûre, d’herbes, de thé, et une pointe de fenugrec. Les arômes de céréales sont subtils, délicats. Ce saké est plus puissant, moins floral que les précédents, avec une accroche texturée sur le palais, une sensation de rondeur et d’alcool, de texture et de puissance, mais avec un peu moins de longueur et d’élégance.

  1. Brasserie Miyoshino Jozo (Préfecture Nara) – Saké Hanatomoe Mizumoto

Prix Europe : 41 €. Prix Japon : 11,90 €. Riz : Gin No Sato.

Polissage 70%. Type Namazake, Junmai Kimoto. Alcool 17°. Acidité : 4. Saké SMV : -9,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

Quelques mots : Un namazake, un saké non-pasteurisé en série limité, acheté en France.

DS17 – AA17 – LG17,5 – NC17 – EA16,5 – CDC17

Attila : Il s’agit clairement d’une surprise à ce niveau de prix. Complexité immédiate, avec des notes animales, une oxydation noble et des notes d’agrumes. Très puissant sans être trop lourd, longueur extrême avec une sensation d’umami qui se termine en fraîcheur.

Cécile : La robe jaune doré annonce certainement un saké plus dense et plus concentré.

Des arômes de champignon et de cuir, comme invitant au gras, presque chocolat, et même café torréfié, réglisse, fenugrec. Très rond, plus de densité, de matière, d’umami, que les précédents, avec un touché de bouche granuleux, une sensation de champignon et de salé très prégnante en finale. La chaleur de l’alcool tapisse la bouche et pourrait paraître presque brûlante. Toutefois, elle reste équilibrée. Elle apporte en tout cas cette puissance très intéressante et soutient une finale très longue.

Série 3 :
  1. Brasserie Urakasumi (Préfecture Miyagi) – Saké Urakasumi Junmai Ginjo Zen 

Prix Europe : 47 €. Prix Japon : 13 €. Riz : Yamada Nishiki & Toyo Nishiki.

Polissage 50%. Type Junmai Ginjo. Alcool 15-15,9°. Acidité : 1,30. Saké SMV :1,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

Quelques mots : C’est un saké classique et traditionnel. Considéré comme un saké parfait pour satisfaire les débutants qui goûtent pour la première fois du jumai Ginjo

DS15,5 – AA16 – LG15,5 – NC15,5 – EA15 – CDC15,5

Attila : S’il existe un saké pour débutant, c’est bien celui-là. Rien ne ressort vraiment, mais l’ensemble est parfait : net, bien structuré, avec des tons floraux, du melon, des fleurs qui s’estompent et quelques fraises. La bouche est d’une souplesse stupéfiante.

Cécile : Une robe incolore. Très floral, subtil, peu intense (fleur de sureau, fraise des bois), mais agréablement parfumé, aérien, fin, et délicat. Cette grande délicatesse se retrouve en bouche, laissant apparaître une matière plus mince, plus longiligne que les précédents, plus aqueuse aussi. A l’aération, les jours suivants, la finale devient courte, sur la céréale, mais probablement parce que ce saké est bâti sur la délicatesse et l’immédiateté ?

  1. Brasserie Choryo (Préfecture Nara) – Saké Choryo Futsu Taruzake

Prix US : 38 €. Prix Japon : 12 €. Riz : Omachi « blend de champs ».

Polissage 68%. Type Taru-sake (Taruzake) Koshu. Alcool 15°. Acidité : 1,40. Saké SMV :2,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C ou 40°C

DS16,5+ – AA16,5 – LG17 – NC17  – EA16,5 – CDC16,5

Attila : Un saké vieilli au cèdre qui tient ses promesses. Une complexité supplémentaire à l’attaque immédiate : Poivre, fumée, clous de girofle, réglisse, encens, bois noble au-delà des caractéristiques habituelles du saké. Bouche lisse, moyennement corsée, avec un équilibre bien maîtrisé.

Cécile : Ce qui interpelle ici, ce sont les arômes poivrés intenses (poivre vert), un peu herbacés.

Cette verdeur originale se décline toutefois en une multitude d’arômes incroyables : thé vert, thé macha, pointe de mangue poivrée et de fruits de la passion, iris. Mais aussi fumé et épicé, girofle et réglisse, champignon et céréales en finale. La bouche est équilibrée, fraiche (une pointe d’acidité ici), assez lisse (moins texturé que les N°5 et N°6 précédents). Toutefois, la finale est assez déliée et j’aurais aimé plus de structure et de texture pour soutenir cette forte aromatique, et alors en faire un grand saké. De la longueur, qui évolue sur le champignon frais poivré.

  1. Brasserie Choryo (Préfecture Nara) – Saké Noyama Hai Junmai Ginjo 2018

Prix Europe : 45 €. Prix Japon : 15 €. Riz : Omachi (Takayama).

Polissage 55%. Type Junmai Ginjo Koshu. Alcool 15°. Acidité : 1,80. Saké SMV :2,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C ou 40°C

DS16,5+ – AA16 – LG16  – NC16 – EA16 – CDC16

Attila : Saké structuré et assez complexe avec des tons épicés, du cuir, riz cuit, et une impression de “sec” avec un train d’umami marqué en bouche.

Cécile : Robe jaune pâle aux reflets verts. Nez qui me rappelle presque un spiritueux (vodka).  Les arômes sont un peu indéfinissables, mais le saké est joli. Umami, soyeux mais texturé par une trame fine. Pas d’une grande intensité aromatique, mais le touché de bouche est sérieux, sur une sensation tactile poudreuse. C’est le plus puissant de la série. La finale très longue développe des notes de fenugrec et de cuir.

Série 4 :
  1. Brasserie Choryo (Préfecture Nara) – Saké Choryo Inenokuni no Inenosake Futaho 2014

Pas dispo hors Japon : 38 €. Prix Japon : 12,90 €. Riz : Omachi « blend de champs ».

Polissage 68%. Type Taru-sake (Taruzake) Koshu. Alcool 14-15°. Acidité : 1,50. Saké SMV :1,50. A boire : 5-15°C ou 20-25°C ou 40°C

DS15,5 – AA16,5 – LG16,5 – NC16 – EA15,5 – CDC15,5

Attila : Un saké de dix ans qui ne présente aucun signe négatif d’âge.  S’il y avait un maître mot à choisir, ce serait l’équilibre. Seuls les Sakés très haut de gamme sont à ce niveau – dans ce cas, tous les angles ont été bien arrondis par les 10 ans.  Sensation en bouche souple et soyeuse avec une grande longueur. Beaucoup moins démonstratif que le Taruzake de la même brasserie, celui-ci est tout en subtilité à la japonaise

Cécile : Apparence incolore. Une aromatique intense, d’herbe sèche, de céréales (vodka, mais belle vodka), de thé, de thé macha, avec une pointe finement épicée (fumée, tourbée), et des fruits secs. Le corps est moyen, avec un grain fin et une finale qui reste campée sur les céréales. Avec un alcool bien intégré, ce saké est bien équilibré mais manque tout de même de puissance. Très sage.

  1. Brasserie Masuizumi (Masuda) (Préfecture Toyama) – Saké Masuizumi Junmai Daiginjo Special 2019

Prix Europe : 142 €. Prix Japon : 39,90 €. Riz : Yamada Nishiki.

Polissage 50%. Type Junmai Daiginjo Koshu. Alcool 15°. Acidité : 1,70. Saké SMV :-2,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

DS15/14,5 – AA15 – LG14 – NC14 – EA14 – CDC15

Attila : Un saké millésimé élevé dans des fûts de Bourgogne. Arômes de type bourguignon (batonnage, réduction, chêne), et sensation en bouche de type vin (mais avec moins d’acidité).  Il se situe à mi-chemin entre une bourgogne blanche et un grand saké avec une dominante d’umami.  L’expérience est intéressante, mais ne convainc pas

Cécile : Robe jaune citron pale.

Des arômes très typés de Chardonnay de la Côte de Beaune, beurrés, de fûts de chêne, en fait un produit étonnant et très iconoclaste, certainement de niche. On pourrait presque imaginer un Chardonnay bourguignon. Toutefois, les arômes de céréales en finale ramènent inévitablement au saké. La bouche est riche, ample, ronde (l’umami transcende), dotée d’un grain fin et d’un alcool chaleureux mais bien équilibré. Difficile d’évaluer un tel produit tant il est atypique. Je n’apprécie pas, personnellement, cette perte de finesse et du goût traditionnel typique du saké. Toutefois, l’ensemble reste cohérent et de qualité.

Série 5 :
  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Kuroobi “DO-DO” Yamahai Junmai

Prix Europe : 45 €. Prix Japon : 13,00 €. Riz : Yamada Nishiki & Kinmon Nishiki.

Polissage 55%. Type Yamahai Junmai. Alcool 15°. Acidité : 1,60. Saké SMV :5,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

DS16 – AA16,5 – LG16,5 – NC17 – EA16,5 – CDC16-16,5 

Attila : Nez joyeux et élégant : camomille, crêpe au beurre doux, levure de fino de Jerez, miel, bois de cèdre. En bouche, la structure se dévoile en plusieurs couches, avec une parfaite perfection japonaise oscillant entre l’umami, l’acidité et les arômes secondaires.

Cécile : Robe jaune citron pale. Une aromatique encore différente des autres. Je n’imaginais pas autant de diversité dans les goûts de sakés ! Banane séchée, miel d’acacia, camomille (comme dans une Manzanilla), du poivre blanc, et une jolie complexité. Une petite explosion de saveurs délicates qui vibrent également en bouche, avec beaucoup de relief. Très agréable.

  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Kuroobi “HYO-HYO” Junmai Ginjo

Prix Europe : 75 €. Prix Japon : 18,90 €. Riz : Yamada Nishiki & Kinmon Nishiki.

Polissage 60%. Type Junmai Ginjo. Alcool 15°. Acidité : 1,50. Saké SMV :5,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C ou 40°C

DS16,5 – AA17 – LG16,5 – NC17 – EA16 – CDC16,5

Attila : Un exemple plus puissant, mais tout aussi élégant du « Do Do » plus marqué par des tons boisés. Magnifiques tonalités boisées, fèves tonka, vanille, miel de cèdre.  Juteux, quelque peu salin, avec une acidité vibrante, une trame d’umami en fil conducteur et l’alcool est superbement intégré.

Cécile : Encore des arômes nouveaux, insoupçonnés pour moi dans un saké : vanille de bois, miel d’acacia, melon, avec une fraicheur d’agrumes, de pamplemousse. Du gras de l’umami, avec une belle onctuosité. Une longueur sur la finesse, la délicatesse, et bien assise, sereine. (Un des rares sakés qui toutefois n’a pas supporté l’aération. Contrairement à beaucoup, il est apparu rapidement plus léger, dilué et lisse, après quelques jours)

Série 6 :
  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Zuishu Nakakumkai organic 2018

Pas dispo hors Japon : 180 €. Prix Japon : 68,80 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 40%. Type Junmai Daiginjo Koshu. Alcool 16°. Acidité : 1,60. Saké SMV :3,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

DS17,5 – AA17,5 – LG17  – NC17 – EA17 – CDC17,5

Attila : Discrètement élégant au premier abord, mais comme un grand vin, il se déploie rapidement dans le verre. Parfum de rose, de fraises, d’ananas, d’herbes séchées, de noix, le tout en parfaite harmonie. Equilibre bien maîtrisé, bouche soyeuse, avec une fin parfaitement linéaire en pente douce.

Cécile : Ce saké développe une grande élégance et un équilibre parfait. Des arômes d’ananas, de fraise, de poire, d’herbe fraîche, avec une pointe de noix, de fenugrec, presque de cuir, qui viennent de façon discrète et subtile enrichir la complexité. En bouche, il est magnifique, intense, d’une forte présence, doté d’une belle matière et d’une grande longueur. A l’ouverture, les jours suivants, il va développer des notes salines, comme marines, d’iode, d’embruns, de poisson, toujours à la fois dans l’élégance et la puissance, avec une richesse hors du commun parfaitement équilibrée, ainsi qu’un grain subtil et serré en finale. Si je devais faire une comparaison avec le monde du vin, je pourrais associer ce style à un premier cru ou grand cru bourguignon, ou à un beau Jurançon sec complexe et texturé.

  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Zuishu Nakakumkai 2016

Pas dispo hors Japon : 180 €. Prix Japon : 68,80 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 40%. Type Junmai Daiginjo Koshu. Alcool 16°. Acidité : 1,10. Saké SMV :11,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°

DS17,5/18 – AA18 – LG18 – NC17,5 – EA17 – CDC18

Attila : Encore un grand saké, cette fois-ci plus musclé, mais comme toujours pour les grands, jamais surpuissant.  Plus évolué, avec des arômes très intéressants de noix, de noisettes, de fèves de cacao, de tonka, et des notes d’oxydation et d’un fond fleuri. En bouche, démonstration de l’umami un peu épaisse, mais fluide et sans à-coups.  Avec la richesse des saveurs, le niveau parfait d’acidité, l’alcool est parfaitement intégré.

Cécile : Robe pale citron. Des notes de cacahuète, de tonga, de noix, de thé, thé macha. Encore de la puissance ici, mais sur des arômes plus évolués de cèdre, de fenugrec, de cire, qui lui donne un charisme incroyable. A l’aération, le lendemain, et même 5 jours après, il va développer une aromatique profonde, encore plus puissante, de fenugrec, de terre, de cuir, d’iris, de tourbe, qui est comme incrustée dans le produit, viscérale. La texture, cette matière dense au grain soyeux, et l’alcool, parfaitement intégrés et équilibrés, soutiennent cette aromatique puissante avec perfection.

  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Hatsugokoro Kozo Tanjuku Sannen Hidenzan Kaijikomi 10 ans

Pas dispo hors Japon : 180 €. Prix Japon : 68,80 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 40%. Type Junmai Daiginjo Koshu. Alcool 16°. Acidité : 1,60. Saké SMV :4,00. A boire : 5-15°C ou 20-25°C

DS15 – AA14(ED?) – LG14 – NC14 – EA14 – CDC17,5

Attila : Attaque immédiate avec une belle note de mandarine et fleurs d’acacia, mais rapidement envahie par la fumée, la tourbe, les allumettes, impressions d’odeur vaseux. Riche en bouche, mais manquant de la finesse et de l’équilibre que nous avons vu jusqu’à présent dans d’autres échantillons. Étant donné le caractère « déstructuré » de la sensation en bouche, nous soupçonnons un problème avec cette bouteille particulière, qui pourrait ne pas être la meilleure représentation de ce saké.

Cécile : Robe citron pale, presque fluorescente. Le premier nez délivre étrangement des notes de vanille, d’œuf de chocolat blanc. Ce saké semble comme un peu oxydé à l’ouverture, avec des notes qui s’en suivent de vase et de tourbe et ceci malgré une sensation de puissance sous-jacente qui ne s’exprime pas (ou plus ?). De même, la bouche, à l’ouverture, paraît collante, lourde, pataude. Malgré tout cela, ce qui différencie peut-être ma note finale par rapport à celle de mes amis, c’est que, ayant regoûté l’échantillon le lendemain et 5 jours après, j’ai vu ce saké se sublimer à l’aération. Ma sensation première est une grande sophistication et une patine magnifique.

La texture de ce saké me rappelle celle du vin, ce que j’imagine est rare. Et, s’il n’avait pas ces notes de céréales de riz et une acidité plus faible, typique du saké par rapport au vin, je peinerais à faire la différence tant ce sont ici les seuls éléments qui les séparent. A jour + 5 : très fin, discret et suave au nez, avec des arômes de fleurs blanches (blossom), pêche blanche, poire mûre juteuse. En bouche, il semble être légèrement sucré, avec une sensation de fumée, un léger champignon tout en élégance. La texture au grain fin, serré, est accompagnée d’un umami riche mais extrêmement soyeux.

  1. Brasserie Daishichi (Préfecture Fukushima) – Saké Daishichi Myoka Rangyoku 2019

Prix US : 420 €. Prix Japon : 123 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 50%. Type Junmai Ginjo Kimoto Koshu. Alcool 16°. Acidité : N/A. Saké SMV :N/A. A boire : 5-15°C

DS18,5/19 – AA19 – LG18,5 – NC19 – EA18 – CDC18

Attila : Pas de doute, nous sommes dans les superlatifs avec cette bouteille. Un saké en strates qui se dévoile couche par couche, en constante évolution dans le verre. Attaque immédiate sur les tonalités d’agrumes, roses et les pommes vertes, suivie par les poires et fleurs de champs, puis les fraises et enfin l’exotisme de l’ananas et de la mangue. Cela peut sembler excessif, mais tout cela est magistralement subtil.  La bouche est très élégante, la texture est soyeuse et la finale est interminable.

Cécile : Je n’en finis pas d’être étonnée et enthousiaste tellement la diversité rythme cette dégustation de façon exceptionnelle et inattendue ! D’une robe citron soutenue, celui-ci développe au premier nez des notes de poire, de pamplemousse, de banane et d’ananas frais, plutôt sur l’exotisme. Une petite coquetterie m’interpelle : une note subtile d’acétate d’éthyle, avec des accents de petite pomme acide sauvage légèrement blette qui, finalement, lui donne une personnalité originale et bien trempée. La bouche est puissante et subtile à la fois, l’alcool parfaitement équilibré par l’intensité aromatique exceptionnelle et une légère acidité. La texture semble énergique, tonique, par rapport au précédent. La finale n’en finit pas et, au contraire, semble se nourrir sans cesse de nouvelles saveurs plus complexes les unes que les autres (fleurs, fruits verts, fruits exotiques, agrumes), teintée de dynamisme.

Série 7 :
  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Momodosei 5 ans

Pas dispo hors Japon : 180 €. Prix Japon : 34,40 €. Riz : Yamada Nishiki, Gohyakumangoku et autres.

Polissage 65%.Type Junmai Koshu. Alcool 17°. Acidité : 1,90. Saké SMV : -3. A boire : 20-25°C

DS15,5 – AA16,5 – LG16 – NC16  – EA16 – CDC18

Attila : La robe doré brillant.  Nez intéressant, commençant par des fruits (poires et pêches) suivis de corn-flakes, d’œufs. Certaines similitudes avec les vins de botrytis et de flore comme une Szamorodni(Tokaj Hogrie) par exemple.  Nous sommes dans un univers différent, des vins de méditation, comme les vins de Xérès de Jerez . Légèrement sucré, bien équilibré peut être légèrement “démonstratif”, un échantillon très intéressant à découvrir qui va au-delà d’un saké traditionnel.

Cécile : Robe jaune soutenue. Aromatique sombre (par comparaison à la « floralité » et au fruité dynamique du précédent) avec des notes de céréales, de fenugrec, de cuir, de fruits secs, légèrement soja, ainsi qu’une sensation de salé et de fumé. Le cops est puissant, avec une densité et une texture large, peut-être un peu collante.  Toutefois, c’est ample et très suave. L’alcool, malgré son côté très chaleureux, accompagne et équilibre l’ensemble parfaitement. La finale est envoutante, comme indélébile, tant la salive en reste imprégnée longtemps (champignon, cuir, tourbe, fenugrec, épices).

  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Saké Momodosei 10 ans

Pas dispo hors Japon : 180 €. Prix Japon : 68,80 €. Riz : Yamada Nishiki, Gohyakumangoku et autres.

Polissage 65%.Type Junmai Koshu. Alcool 17°. Acidité : 2,00. Saké SMV : -3. A boire : 20-25°C

DS16 – AA16 – LG16 – NC16 – EA16 – CDC17

Attila : La robe dorée-brun brillant. 5 ans d’âge de plus que le précédent, plus d’arômes d’oxydation (noix, Jerez) ainsi que de chocolat et d’écorce d’oranges confites. La sensation en bouche est très similaire à celle de l’exemple précédent. Les deux changent avec le temps dans le verre, signe de la maîtrise de ce produit

Cécile : Une belle couleur ambrée. On part de nouveau ici sur des sensations totalement différentes : riz soufflé grillé, caramel, fruits secs. La matière est épaisse et concentrée, mais d’une grande élégance. L’alcool délivre cette puissance et ce charisme, équilibré par cette aromatique digne d’un beau vin fortifié oxydatif. Très long, sur des notes de caramel au beurre salé, de noix, de noisette, de fruits secs et de céréales grillées, accompagnées de peau d’orange confite et d’épices.

Série 8 :
  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Zen-Koji Junmai 2006

Pas dispo hors Japon : 89 €. Prix Japon : 34,40 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 70%. Type Junmai Koshu. Alcool 16°. Acidité : 3,80. Saké SMV : -16. A boire : 20-25°C

DS? – AA16 – LG16 – NC15 – EA? – CDC16,5

Attila : Couleur marron foncé, nous sommes à nouveau dans un univers différent. Caramel, amandes fumées, noix blanches, miel sauvage, notes d’oxydation.  Le vieillissement semble se situer au bon niveau, sans être excessif.  Riche, doux, assez harmonieux en bouche grâce à l’acidité sous-jacente.

Cécile : Le premier nez ici est sur du… chocolat noir, café torréfié, sauce soja sucrée, nuocmam (sans être déviant), pop-corn grillé, et champignon noir concentré. Une aromatique un peu monumentale et intense. C’est encore plus intense en bouche, avec beaucoup de présence et de longueur. On est de nouveau près de l’ampleur et de la texture d’un vin, avec ce corps puissant et cette texture granuleuse proche de celle d’un vin rouge. Très long, mais comme engoncé dans son aromatique évoluée, il n’a pas l’éclat et la vibrance des précédents. A l’aération, 5 jours après, l’aromatique reste inchangée.

  1. Brasserie Fukumitsuya (Préfecture Ishikawa) – Zen-Koji Junmai 2000

Pas dispo hors Japon : 89 €. Prix Japon : 34,40 €. Riz : Yamada Nishiki

Polissage 70%. Type Junmai Koshu. Alcool 18°. Acidité : 3,00. Saké SMV : -24. A boire : 20-25°C

DS? – AA15 – LG15 – NC14 – EA14,5 – CDC ?

Attila : Marron foncé comme un café. Tons caramélisés, chocolat, café … mais aussi des signes d’évolution : sauce soja, champignons, sol forestier. Bouche épaisse et sucrée avec quelques nuances d’amertume. Très inhabituel, peut-être « trop » dans le vieillissement et les extrêmes.

Cécile : Robe très foncée, presque marron. Le nez développe ici des notes fortes et prégnantes de nuocmam, champignon noir, voire de sauce soja concentrée. Beaucoup de mes collègues le perçoivent « soja » et « mort ». Est-ce vraiment le cas ? N’est-ce peut-être pas un style apprécié par une minorité d’amateurs japonais ? Nous sommes tellement peu habitués à ce genre de goût qu’il me parait difficile d’apprécier ce style et d’être justes. Certes, il est extravagant avec ses notes exacerbées de champignon, mais étant produit avec 100% de champignon koji, ce qui semble peu courant, les senteurs très fortes qu’ils dégage sont probablement recherchées. D’autant plus qu’il est élevé en fûts, donc avec une micro-oxydation délibérée, et qu’il a été mis en bouteille seulement cette année, soit plus de 20 ans après son élaboration !  Quoi qu’il en soit, le lendemain, il est bien plus beau (pas mort du tout). L’échantillon a développé des arômes incroyables de noix, de pruneau, de Zan, de caramel brûlé, de sésame grillé et d’humus, presque gibier, avec toujours ce champignon noir et ce soja. La bouche est dense, très concentrée, et certainement pas faite pour tous les palais tellement elle est « baroque », avec beaucoup d’umami qui tapisse le palais. La puissance et la densité de la matière sont déroutantes, le touché de bouche granuleux, très texturé, exacerbé certainement par la concentration due à l’évaporation lente et longue dans le bois.

Difficile pour moi de le noter tellement il est exubérant et d’un autre univers…que le mien.

Conclusion par Attila :

Nous avons découvert un autre monde qui est un monde de merveilles.  Certainement insolite, nécessitant probablement une éducation de nos papilles pour les joies de l’umami.  C’est assez simple : du riz, des microbes, de l’eau et le maître brasseur – tous les sakés partagent la même base.  C’est fascinant de voir qu’à partir d’ingrédients aussi neutres, on peut créer des produits aussi différents. Cette différence provient de l’attention portée aux détails à tous les niveaux, de l’extrême précision dans l’exécution et de la touche magique de chaque maison.  Subtilité, finesse, élégance sont les maîtres-mots lorsqu’il s’agit de saké et nous avions une multitude d’exemples pour les observer.  Loin de la banalité des sakés bon marché des supermarchés, cette sélection a montré tout le potentiel qu’ils recèlent. Les sakés effervescents ont été une très bonne surprise, avec de fines bulles, beaucoup de pression et une longue persistance.  Une mention très spéciale pour toute une catégorie de « petits prix » (10-15 EUR au Japon – 30-45 EUR en Europe) pour une valeur très élevée de plaisir sérieux, le spectre des arômes et des goûts subtils.  Quasi inconnus (même au Japon), les sakés vieillis sont très intéressants, ajoutant de l’harmonie, de la rondeur, des notes élégantes de bois en allant jusqu’aux vins de méditation façon xérès.  Les produits positionnés sur le haut de gamme méritent leur place, où le summum est merveilleusement représenté par Daishichi Myoka Rangyoku, suivi par la série Zuishu de Fukumitsuya.

Conclusion par Cécile :

Nous adressons de chaleureux remerciements à Attila qui a passé beaucoup de temps et d’énergie afin de sélectionner pour le club cette gamme impressionnante, complète et très bien pensée de sakés. Et ceci directement sur le terrain, au Japon. Ce sont des opportunités rares.
Cette dégustation a révélé une incroyable diversité de profils aromatiques et gustatifs, démontrant la richesse et la complexité de cet univers si éloigné du notre.
Nous avons découvert un monde de délicatesse, de subtilités et d’équilibre. Mais également, pour ma part, de sérénité. Sérénité peut être apportée par cette saveur si particulière qu’est l’umami, toujours présente et transcendée de manière différente dans la diversité de ces produits.
Chacun de ces 21 sakés avait son identité, ses nuances, ses particularités propres et ne ressemblait à aucun autre dans la gamme. Les sensations olfactives sont allées des notes délicates et florales à des notes plus robustes et terreuses, et les subtilités de structures, de textures, et d’équilibres ont été extrêmement variées et enthousiasmantes.
Cette diversité souligne l’importance de la finesse et de l’artisanat dans la production de saké, offrant une palette de saveurs qui peut rivaliser avec beaucoup de nos vins. Que ce soit pour les novices ou les connaisseurs (nous étions pour la plupart novices), cette exploration nous a permis de découvrir des sakés d’une grande élégance, certains très accessibles, d’autres plus inattendus pour nos palais, complexes et évolués.
Nous avons pu alors ressentir et réaliser pourquoi le saké est bien plus qu’une simple boisson.
Je voudrais souligner une autre dimension, celle de la notion de « terroir », qui nous est si importante dans le milieu du vin.
Alors que les sakés naissent d’une céréale qui pourrait nous paraître banale et uniforme, peut-être moins intéressante que le raisin, cette notion de terroir est bel et bien présente dans l’univers des sakés, et revêt une dimension qui n’est pas si éloignée que ça de celle du monde du vin.
En effet ici, la notion de terroir est influencée par l’eau, le riz, le climat, le savoir-faire et la tradition régionale.
L’origine de l’eau de source (mizu) est importante. La pureté et la composition minérale varie selon les rivières dans lesquelles elle est puisée, influençant le style de chaque saké.
La variété de riz et sa provenance peuvent également être primordiales. Le climat local et les conditions environnementales influencent la culture ainsi que le processus de fermentation. Des régions plus froides, par exemple, peuvent permettre une fermentation plus lente et plus contrôlée, favorisant la production de sakés plus délicats et raffinés.
Enfin, le savoir-faire du maître brasseur (le toji), ainsi que les traditions de chaque région productrice sont d’une importance capitale également, imprimant leur style spécifique.
Comme dans le monde du vin, de très nombreux leviers existent pour le maître toji, détenteur de toutes les décisions opérationnelles dans la brasserie, afin d’imprimer son savoir-faire et son style au saké. Ce qui est d’autant plus fascinant ici, c’est que rien n’est écrit, tout se transmet oralement et grâce à la pratique du maître toji.
Le monde des sakés est donc bel et bien mystérieux, envoutant et passionnant. Il est à l’image du Japon dans son ensemble, caractérisé par ces quelques adjectifs qui me viennent spontanément à l’esprit quand je pense à ce pays : tradition millénaire et modernité à la fois, harmonie, esthétisme, raffinement et épure.
Cette dégustation et découverte des sakés japonais restera, j’en suis certaine, marquée dans les annales du club. Elle apporte, de plus, une réflexion supplémentaire sur notre propre univers du vin, si éloigné, mais présentant finalement bien des similitudes.