Vendredi 17 novembre 2023
Toutes les bouteilles proviennent du domaine, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales. Elles ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions du soir.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – HD : Henri Dubos – EA : Eric Ambiaud
(Nombre total de dégustateurs : 12)
A l’ouverture : DS14 – EA14,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG15,5 – HD15+
Joli nez expressif, fleuri, mêlant des senteurs de cassis, de graphite, de terre. Fruit gourmand agrémenté d’un brin d’évolution (viande rôtie, bouquet garni, cuir). En bouche, on apprécie un joli grain, moyennement dense, pour une bonne allonge. Infime sensation “minérale”, qui sera plus manifeste dans les autres cuvées.
A l’ouverture : DS15 – EA15
Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG15,5 – HD15
Nez mûr, profond : cassis, pruneau, épices, poivron rôti. Le vin remplit agréablement la bouche, soutenu par une acidité marquée (groseille). Pointe astringente pour ce vin serein, encore jeune, qui a du chien.
A l’ouverture : DS15,5 – EA15,5
Après 5 heures d’aération : DS15,5+- LG15,5+ – HD16
Nez mûr, profond également, semblant plus marqué par l’élevage : terre mouillée, craie, réglisse, crayon noir, entre autres. Matière costaude, “minérale”, tout en longueur sapide. Le tuffeau autorise un beau reflet du sol, qui demande encore un peu de patience.
On apprécie donc sur 2015 un trio plutôt charmeur (le cépage oublie ici son caractère souvent renfrogné, sur des cuvées fortement construites mais appétissantes). Les vins devraient évoluer favorablement. La cuvée “Les Chiens Chiens”, moins imposante, peut s’aborder sans regret.
A l’ouverture : DS15,5 – EA15
Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG16+ – HD16
Sans surprise, ce millésime superlatif offre une corne d’abondance aromatique corsée, en belles senteurs ligériennes : terre humide, fruits mûrs, jacinthe, poivron rôti …
Bouche lestée mais parfaitement dynamique, savoureuse. Tout en précision. On rêve d’une belle entrecôte.
A l’ouverture : DS16 – EA16
Après 5 heures d’aération : DS16,5+ – LG16,5+ – HD16,5+
Le puits de senteurs se montre ici un peu plus fermé : poivron, mûres, cerise confite, sol de cave, pointe fumée, soupçon caramélisé. En bouche, on observe une belle classe tannique, légèrement grenue, assez impérieuse. Elle me rappelle celle que pourrait livrer un vin comme Roc de Cambes (en Côtes de Bourg).
2014 confirme un millésime hors norme, ultra généreux, tout en restant raisonnablement frais (équilibré du moins).
A l’ouverture : DS14 – EA13
Après 5 heures d’aération : DS14 – LG15,5 – HD14,5
Les parfums tertiaires commencent ici à poindre, de manière plutôt séduisante : sous-bois (avec des champignons), cassis, épices, Havane. Bonne aspérité tannique pour un jus sapide, moyennement dense (svelte), équilibré, impliquant une légère verdeur.
A l’ouverture : DS(13) – EA13
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG15,5 – HD14,5
Terre battue, poivre, rafle, avec une sensation végétale un peu trop prononcée. L’expression est dense mais rentrée, un peu rustique/monolithique.
A l’ouverture : DS(13) – EA14
Après 5 heures d’aération : DS(13) – LG14 – HD13,5
Nez très “racinaire”, dérangeant. Petit pois et cosse de fève imposent leur joug disgracieux. Bouche flottante, brouillonne, un peu trop moelleuse.
Sans surprise, on trouve des inflexions un peu trop végétales/racinaires dans ce millésime 2011 (idem en Bourgogne, avec pas mal de déceptions, y compris chez des grands comme Rousseau).
A l’ouverture : DS15,5/16 – EA15,5
Après 5 heures d’aération : DS17 – LG16,5 – HD17
Nez profond, mûr, épicé conjuguant des odeurs de viande rôtie, de groseille, de cellier en sol de terre (un peu chez Reynaud ou Bonneau), de bouillon d’escargots. Bouche cohérente et goûteuse (à défaut d’être totalement éblouissante), portée par une acidité marquée. Accord idéal sur des escargots à l’albigeoise (petits gris – Helix Aspersa Aspersa – en sauce, lardons).
A l’ouverture : DS16 – EA16,5
Après 5 heures d’aération : DSED – LGED – HDED
Vin déconstruit, avec de la volatile, pour une finale sèche. Soupçon de bouchon. Etonnante dégringolade entre après-midi et soir.
A l’ouverture : DS15 – EA15
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG15,5 – HD15
Nez profond, cendré, sur des notes de cassis, de terre, de graphite, de cuir, d’herbes aromatiques. Construction de qualité, comprimée, plutôt acide, peu affriolante. Les tannins sont là mais ils sont maîtrisés
A l’ouverture : DS15,5 – EA15,5
Après 5 heures d’aération : DS15,5 – LG15 – HD15
Flacon viandé, corsé, acidulé (matière moyennement puissante). Ici aussi, ce vin très janséniste manque de sensualité et me rappelle certaines expressions de Chianti en “porte de prison”.
A l’ouverture : DS15,5/16 – EA16
Après 5 heures d’aération : DS16 – LG16 – HD15,5
Expression “minérale”, légèrement lactique, impliquant cassis, épices, graphite, réglisse, effluves terreux de catacombe aussi pourquoi pas. Tannins pilotés mais la matière reste sombre, stricte, singulièrement peu charnelle. La note valide un vin pas vraiment avenant mais de caractère.
2009 dévoile un millésime un peu paradoxal, mûr et profond, conservant cependant pas mal d’acidité (et une certaine dureté monocorde).
A l’ouverture : DS14 – EA15
Après 5 heures d’aération : DS14 – LG14,5 – HD14
Nez replié, assez muet (groseille, poivre, fumée). Trame dense, acide, linéaire, vraiment peu nuancée. Pour amateurs d’éducation anglaise.
A l’ouverture : DS15 – EA15,5
Après 5 heures d’aération : DS(13) – LGED – HD13,5
Bouteille en vrac, douteuse (pomme blette, bouchon ?).
A l’ouverture : DS15 – EA14,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG15,5 – HD16
Une fois de plus, on tombe sur un vin plutôt simple (cassis, mûres, réglisse), froid, peu inspiré, sur ses appuis mais terriblement monotone.
A l’ouverture : DS14,5 – EA14,5
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG13 – HD14
Vin anodin, viandé, graphité, réglissé. Pas grand-chose pour retenir l’attention (électroencéphalogramme plat).
A l’ouverture : DS14,5 – EA1X
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG15 – HD14,5
Le millésime a ici donné un vin puissant, empyreumatique, monobloc avec son fond tannique/acide et sa finale astringente. Pas forcément cohérent avec l’image que l’on se fait généralement du millésime.
A l’ouverture : DS15 – EA14,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG14,5 – HD14,5
Des approximations encore ici pour un vin concentré, avec une touche de genièvre. Service minimum, pointe volatile, finale banale à la limite de la sécheresse.
A l’ouverture : DSED – EAED
Après 5 heures d’aération : DSED – LGED – HDED
Vin détruit, sur beaucoup de soja
A l’ouverture : DS15,5/16 – EA16
Après 5 heures d’aération : DS16 – LG15,5 – HD16
Cassis et graphite pour une bouteille peu évoluée, dense autant que nette. Graphite et cassis pour un vin au long cours, increvable.
A l’ouverture : DS12 – EA13
Après 5 heures d’aération : DS12 – LGED – HD13
Vin sec, pour des flaveurs de Suze voire de coccinelle écrasée. On ne s’attarde pas
A l’ouverture : DS13 – EA14
Après 5 heures d’aération : DS13 – LG13 – HD14
Vin ultimement terreux, rustique.
2004 est un millésime austère qui ne rigole vraiment pas (on s’y attendait).
Le cabernet franc confirme bien ici un cépage intéressant, endurant mais un peu monotone, manquant en effet de complexité et de dénivelé pour passer dans la cour des grands (je pense ici au grenache, au pinot noir ou au nebbiolo). Aucun vin n’obtiendra la note de 17/20 (vin excellent). Cela sera peut-être le cas pour les meilleurs 2014 et 2015 quand ils seront en apogée.
C’est un cépage solide, parfois capable de finesse tannique, permettant l’élaboration de vins sérieux (mais restant malheureusement souvent un peu neutres et revêches).
Concernant plus spécifiquement le domaine de la Noblaie, les vins récents (riches, avenants) semblent nettement mieux maîtrisés que les vins plus anciens (il y a dans ce diagnostic l’apport ambigument positif du changement climatique). J’imagine des 2018 et des 2020 de belle facture, mûrs, soignés, plaisants.
Les vins d’avant sont trop souvent en berne. Ceux qui s’en sortent à peu près restent rustiques, austères, manquant alors de charme aromatique (et également de subtilité tannique). Il faut toutefois leur reconnaître, malgré ces imperfections, une franchise tout en fraîcheur, adaptée pour accompagner des plats consistants.