Le 5 janvier 2023
La dégustation est proposée par Attila Aranyos puis commentée par Laurent Gibet
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Les vins sont dégustés avec présentation à l’aveugle et par série de 3 vins.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
(Nombre total de dégustateurs : 14)
(85% Nebbiolo, 15% Vespolina
DS15,5 – LGED – AA16 – HC16? – NCED – HLPED
Approche “nature”, avec de la volatile et des défauts liés au manque de protection qui s’accentueront dans le verre. Goûts acidulés très imprécis (zeste, pruneau, rognon). Matière légère, bancale. On peut penser à un Chianti de Pacina (ou à une cuvée ratée de Barral ou Gramenon).
Commentaire spécifique par Attila Aranyos: Nez expressif, bouquet de fruits rouges, confiture de fraises, avec une dose de vernis et des notes balsamiques complexifiant le vin, mais un peu trop pour la plupart des dégustateurs . La bouche est ample et juteuse, avec des prunes séchées, des fruits mûrs et des raisins othello, une belle acidité avec des tanins poudreux et vibrante minéralité.
(100% Sangiovese)
DS17+ – LG17 – AA17 – HC17,5 – NC17,5 – HLP17
Superbes arômes a contrario ici : gelée de fruits, quinquina, fumée, graphite. Joli grain pour une longue allonge mûre et fraîche, cohérente, charnelle.
(100% Nerello Mascalese)
DS16,5 – LG16 – AA16 – HC17 – NC17 – HLP16,5
Robe orangée, particulièrement claire. Vin zesté, acidulé (touche citronnée). Matière peu tannique, corsée, alcool sensible en finale. Correcte mais simple (le millésime ?).
(100% Sangiovese)
DS17,5 – LG17,5 – AA17,5 – HC17,5 – NC17,5 – HLP17,5
Nez complexe alliant des notes d’épices, de fleurs, de cerise, de graphite, de terre, de fourrure, encore complétées par une agréable touche empyreumatique. En bouche, on se régale d’un très beau jus corsé, tenu et fin, sapide, persistant. Une réussite.
(100% Nebbiolo)
DS17,5 – LG17 – AA17,5/18 – HC18 – NC18 – HLP17,5
Remarquable édifice dynamique et fruité, frais, élégant, structuré, long. Le Haut-Piémont superlatif.
(100% Nerello Mascalese)
DS16,5 – LG17 – AA17- HC16,5 – NC16 – HLP17
Robe plutôt claire. Initiale sensation gazeuse. Belles envolées pour cette expression véloce, gourmande, impliquant une évocation de grenadine. J’ai pu ici penser à un grenache de Madrid (avec ces tonalités de rafle et de grenade).
(100% Sangiovese)
DS16,5 – LG16,5 – AA16,5 – HC17 – NC17 – HLP16,5
Nez assez profond mêlant des senteurs de fleurs, de gelée de fruits, de graphite. Matière charnue et fraîche (et une évocation de pinot noir bourguignon), marquée par l’élevage (inflexions fumées, brûlées). L’acidité est là mais on peut trouver dans cette cuvée un côté un peu “pesant”.
(100% Nebbiolo)
DS17,5+ – LG17,5 – AA17,5/18 – HC17,5 – NC17 – HLP17
Nez de grande classe : fleurs, épices, quinquina, cerise confite, sous-bois, zestes. La bouche bénéficie de beaux tannins poudreux et de beaucoup d’élan, illustré par de longues saveurs corsées, réglissées.
(100% Nerello Mascalese)
DS16,5 – LG16,5 – AA17 – HC16,5 – NC16,5 – HLP16
Robe assez claire. Parfums multiples évoquant la fumée, le graphite, la fraise, le miel, la grenade, la rafle. Matière cohérente, portée par de beaux amers mais semblant un peu plus légère (lâche, étroite, svelte). Attila souligne un aspect confit (“passerillé”), comme parfois en Valpolicella.
(100% Nerello Mascalese)
DS17 – LG17,5 – AA17 – HC17,5 – NC17,5 – HLP18
Olfaction élégante pour des notes de zestes, de terre humide, de gelée de fruits, de girofle, de fumée (lave ?). Matière parfaitement intégrée, incluant une légère verdeur, d’une remarquable sapidité. La Sicile à haut niveau sur cette cuvée prestige.
(100% Nebbiolo)
DS17 – LG17 – AA17,5 – HC17 – NC17 – HLP17,5
Nez de qualité pour des notes de grenade, de fleurs, d’épices, avec cette signature très transalpine de Fernet-Branca (version menthée). Beaux tannins poudreux, matière pleine, finale prolongée par de superbes amers (on pense alors à une fin de repas, conclue par une gorgée d’Amaro).
(100% Sangiovese)
DS17,5 – LG16,5 – AA17 – HC17 – NC17 – HLP17,5
Fleurs, mine de crayon noir, épices. Grain mûr/charnu, tout en douceur et peut-être un petit excès de générosité “sucrée”.
(100% Nebbiolo)
DS16,5 – LG16,5+ – AA17,5 – HC17 – NC17 – HLP16
Cuvée plutôt massive, puissante, poudreuse, sur la réserve. La matière semble plus mûre que celle du Barolo Falletto 2017. Lui donner du temps.
(100% Nebbiolo)
DS17 – LG17 – AA17,5/18 – HC17,5 – NC17,5 – HLP17
On énumère ici d’avenants parfums : fleurs, fruits, épices, agrumes. Belle sève dense, cohérente, plus offerte à ce stade que celle du Barbaresco Asili 2017.
(100% Sangiovese)
DS17 – LG17 – AA18,5/19 – HC18 – NC18 – HLP17
Nez singulier proposant des notes délicates de grenadine, de fraise, de rose. Bouche dans un style à part, élégante, confortable, mais (du moins à ce stade) timide, peu complexe. Elle se déguste avec plaisir malgré un style un peu anémique très loin de celui constaté sur le 2012 (voir ci-dessous une analyse instantanée montrant un vin impérieux, jugé hors norme de manière consensuelle, tant à l’ouverture qu’après quelques heures d’aération). La « fiabilité » de l’analyse d’un vin impose on le sait de pouvoir le goûter plusieurs fois, dans différents contextes. C’est encore plus vrai ici, sur cette cuvée emblématique et dispendieuse.
On pourra au passage trouver toutes les informations techniques utiles sur le site du domaine :
https://soldera.it/schede/wp-content/uploads/2022/01/SCHEDA_sangiovese_soldera_2017-uk.pdf
Commentaire spécifique par Attila Aranyos: Une gourmandise expressive dès le premier regard : gâteau au fromage avec des baies rouges, des herbes fines, “flower power” avec des accents éthérés. La première gorgée révèle un vin d’une autre planète par rapport aux autres sangiovese. Une bouche paradoxale, vibrante en se relevant en couches multiples. Extrêmement pur, vif, avec une gentille douceur caressent le palais, et une finesse des tanins hors norme. Un équilibre unique, voire impossible, différent de celui de la plupart des vins rouges, avec une sommité soyeuse fabrique d’émotions . Très jeune, encore un peu direct et transparent, il a le potentiel pour atteindre des superlatifs encore plus élevés.
Pour info :
A l’ouverture : DS19 – CDC18,5/19 – PS19 – AA19 – NH19
Après 5 heures d’aération : DS19 – LG18,5 – MS19
Un grand vin envoûtant, d’une intensité et d’une profondeur rares. Au nez, c’est une explosion d’arômes, de fruits des ronces très mûrs (fraises des bois, mûre, framboise), sucrés, mêlés à des notes florales (rose, violette, lilas), de cuir, d’épices, des notes balsamiques, de terre et de truffe. Ces arômes se retrouvent en bouche avec autant de puissance, accompagnés d’une belle ’’sucrosité’’ assez envoûtante, soutenue par beaucoup de fraîcheur et par des tanins patinés, très soyeux et puissants. Un vin assez déroutant par son énorme présence et son originalité. Tout est là : intensité, puissance, équilibre, complexité, longueur, avec une dimension supplémentaire : du charisme, une présence hors norme.
(100% Nebbiolo)
DS17,5 – LG17,5 – AA18,5 – HC18 – NC17,5 – HLP17,5
On trouve encore ici un très joli Barbaresco, dense et fin, zesté, persistant (sur le quinquina).
(100% Nerello Mascalese)
DS16,5 – LG16,5 – AA16,5- HC16,5 – NC16,5 – HLP16,5
Cerise confite, fumée (un côté bacon). La trame est plaisante mais simplement acidulée, peu intense, un peu distendue.
(100% Sangiovese)
DS17,5 – LG17,5 – AA18- HC18 – NC18 – HLP17,5
On finit ici sur un très beau et classique représentant de l’appellation, généreux, équilibré, développant principalement à ce stade des goûts de quinquina, d’épices et de graphite.
Très belle série de vins (mais Le Piane et Soldera déroutent, chacun à leur manière, Le Piane avec ses défauts inattendus et Soldera avec des qualités certes mais potentiellement amoindries, du moins si l’on connaît le prestige du vin).
Les cuvées issues de Barolo et de Barbaresco continuent leur festival sérieux et enthousiasmant, malgré leur jeune âge (et le Haut-Piémont reste une région à ne pas négliger). Quel réservoir de vins racés, chez ces vignerons traditionalistes si nombreux et si talentueux, gâtés par de formidables terroirs.
Les Brunello di Montalcino (et Vino Nobile di Montepulciano) goûtés ici sont donc des vins particulièrement généreux, pulpeux, sans l’aspect taciturne et froid souvent rencontré dans les vins de Chianti. Cette région toscane est à l’instar de la région piémontaise capable de proposer de multiples vins de classe mondiale.
Les rouges de l’Etna, rigoureusement sélectionnés, montrent quant à eux un haut niveau d’ensemble mais semblent en général moins puissants, plus “étroits” (avec des robes plutôt claires) que les vins du Piémont et de Montalcino.
Rappel de la conclusion produite par Attila Aranyos lors du récent match Barolo/Brunello (9/12/2022), qui reste ici parfaitement valable :
En planifiant cette session, nous nous attendions à plus de difficultés pour identifier le Sangiovese ou le Nebbiolo. Bien que dans un contexte différent, parmi d’autres vins, cela puisse être moins trivial, de tête à tête, l’exercice était plutôt facile. Les sangiovese (principalement Brunello) ont une couleur plus foncée, une acidité et des tannins plus faibles, et ont souvent une sensation plutôt mûre / ensoleillée . Au contraire, le Nebbiolo (principalement le Barolo) est nettement plus clair, avec des tons orangés, plus tannique, plus frais et résolument plus acide.
Du côté des Barolo, la sélection, à l’exception de Chiara Boschis, était très axée sur l’approche traditionnelle, avec un sous-ensemble de vignerons ou de vins connus pour leur finesse aérienne, je dirais des favoris personnels . Très haut niveau dans l’ensemble, sans réelle surprise. La plupart se dégustaient aussi bien, voire mieux, lors de la deuxième session, sauf le Cannubi de Chiara où le bois est devenu beaucoup plus perceptible avec le temps. Les Brunelli étaient beaucoup plus représentatifs avec une sélection de bouteilles internationalement reconnues et quelques favoris personnels. Ici, au contraire, la plupart des vins ont souffert du fait que le chêne était plus perceptible pendant la session du soir, mais dans l’ensemble le niveau était très élevé. Brunello ou Barolo ? Cela dépendra du jour, de l’humeur, de la bouteille… un choix qui reste difficile.