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Grande balade viticole italienne
2ème partie
Vendredi 22 novembre 2019
La dégustation, préparée par Attila Aranyos, est commentée par Laurent Gibet.
Quelques commentaires de contexte :
Notre 2ème rencontre sur ce thème en 2019 (la 1ère en mars 2019).
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – CDC : Cécile Debroas Castaigns – MS : Miguel Sennoun – AA : Attila Aranyos – GM : Gulnar Murat – NC : Nicolas Chabot – EA : Eric Ambiaud.
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 15)
(100% Chardonnay)
A l’ouverture : DS14 – CDC15
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG15 – MS15 – AA15 – GM14,5 – NC14,5/15 – EA14
Le cépage s’exprime par des odeurs de citron, de brioche beurrée, de miel, de fruit de la passion aussi. L’effervescence me semble très faible. Elle s’avère agréable, vive (un peu verte).
(100% Glera)
A l’ouverture : DS14 – CDC13
Après 5 heures d’aération : DS14 – LG13 – MS14 – AA13,5 – GM14 – NC14 – EA14
Citron, guimauve, pêche, poire… et un soupçon de safran pour une matière à la mousse envahissante, gentillette, sans aucune tenue en bouche.
(100% Lambrusco Maestri)
A l’ouverture : DS13 – CDC(11)
Après 5 heures d’aération : DS13 – LG12 – MS12,5 – AA13 – GM12 – NC13 – EA11
Ce genre de vin n’est vraiment pas ma tasse de thé. Le nez, sur la crème de mûres et la confiture basque de cerises noires est semblable à celui d’un Recioto della Valpolicella. Bouche dense, réglissée, trop brusque à mon goût (acide, accrocheuse, rustique – avec une pointe d’éthanal décelée l’après-midi).
(100% Montepulciano)
A l’ouverture : DS14 – CDC14
Après 5 heures d’aération : DS14 – LG14,5 – MS14 – AA14 – GM13,5– NC14 – EA14
Parfums rappelant la fumée, la gelée de cassis, le cacao. Bouche mûre, plutôt replète, pouvant évoquer un Nero d’Avola sicilien. Service minimum pour une expression sans vice ni vertu.
(100% Negroamaro)
A l’ouverture : DS13,5 – CDCED
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG13,5 – MS15 – AA15 – GM14 – NC15 – EA14
Nature très “nature” comme annoncé par Attila et pour moi, initialement, un côté phénolé gênant (brett ?). Le vin se clarifiera à l’air et éliminera sa préliminaire pétillance… tant mieux. Il reste foxé, sur des flaveurs de grenade, de groseille. Trame acide, rêche, bien simple. Pour Cécile, défaut rédhibitoire de brettanomyces.
(100% Aglianico)
A l’ouverture : DS13,5 – CDC14,5
Après 5 heures d’aération : DS13,5 – LG13 – MS14 – AA13,5- GM13,5 – NC13 – EA15
Olfaction froide, racinaire, sur des notes de terre humide. Traces boisées. Matière simple, acidulée, linéaire, pouvant rappeler celle d’un cabernet-franc ligérien.
(100% Sagrantino)
A l’ouverture : DS13,5 – CDC14
Après 5 heures d’aération : DS13,5 – LG12 – MS12 – AA13,5 – GM12 – NC13 – EA12
Vin dense, camphré, sur le quinquina au grain abrasif très intransigeant. Pas de doute, le sagrantino est bien un cépage férocement tannique.
(100% Corvina)
A l’ouverture : DS14,5 – CDC14,5
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG14 – MS14,5 – AA15,5 – GM15 – NC15 – EA16
Senteurs agréables : fruit acidulé, paprika fumé, piment d’Espelette (on peut penser à un pinotage sud-africain). Trame lisse, facile d’accès.
(100% Montepulciano)
A l’ouverture : DS13,5 – CDC13,5
Après 5 heures d’aération : DS12,5 – LG12 – MS13 – AA13 – GM12 – NC13 – EA13
Nez timide, animal, leste pour ne pas dire maigre. Mûr, frais, sur le cassis. Léger fond tannique et un cruel manque de caractère.
(100% Negroamaro)
A l’ouverture : DS(12) – CDC13
Après 5 heures d’aération : DS(11) – LG10 – MS11 – AA11 – GM10 – NC11 – EA11
On découvre ici une véritable horreur œnologique, en flacon de luxe. Boisé immonde, paralysant. Bouche excentrique, dense et sucrée, boulotte, hispanisante (Ribera plus que Toro).
(100% Aglianico)
A l’ouverture : DS13 – CDCED
Après 5 heures d’aération : DS14,5/15 – LG14 – MS15 – AA15 – GM14,5 – NC15 – EA14
Pointe de volatile pour ce vin viril, densément tannique (mais tout de même pas au niveau de ce que proposait le sagrantino), froid, distant (terre fraîche, cassis, réglisse). Clairement un vin de repas, car la nourriture atténuera utilement la relative sécheresse de la finale. Pour Cécile : “Beaucoup trop d’acidité acétique. Je ne pouvais pas le boire. Au-delà de la limite règlementaire me semble-t-il”.
(100% Nero D’Avola)
A l’ouverture : DS14 – CDC14
Après 5 heures d’aération : DS13 – LG12,5 – MS13 – AA13 – GM12,5 – NC13 – EA13
Confituré, mûr et acide. Cassis exacerbé pour un style très international, standardisé.
(Nerello Mascalese, Nerello Cappuccio)
A l’ouverture : DS14,5 – CDC15,5
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG14,5 – MS13,5 – AA14,5 – GM14 – NC14,5 – EA14
Robe claire. Nez mûr exprimant principalement le fruit (cerise, fraise), rappelant le grenache ou le pinot noir, selon les repères cognitifs des uns et des autres. Bouche correcte mais sans éclat particulier, légèrement acide et tannique comme il se doit. On trouve bien mieux sur ces pentes volcaniques.
(100% Nero D’Avola)
A l’ouverture : DSED – CDCED
Après 5 heures d’aération : DSED – LGED – MSED – AAED – GM11 – NCED – EAED
De fortes senteurs vinaigrées masquent un fruit confituré et épicé. Bouche immonde, citrique.
(Nerello Mascalese, Nerello Cappuccio)
A l’ouverture : DS14 – CDC14
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG13,5 – MS13,5/14 – AA1 – GM13 – NC13,5 – EA13
Nez assez flou, matière chiche (ni pleine ni complexe), caractérisée par une acidité débordante (sous-maturité ?).
(100% Nebbiolo)
A l’ouverture : DS15 – CDC15
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG14,5 – MS14 – AA14 – GM14,5 – NC14,5 – EA14
Nez plutôt sympathique, floral, zesté, menthé, avec des inflexions d’agrumes. Matière cohérente, mais un peu banale et manquant de fond.
(Sangiovese 85%, Canaiolo 10%, Ciliegiolo 5%)
A l’ouverture : DS13,5 – CDC13,5
Après 5 heures d’aération : DS14,5 – LG15 – MS16 – AA16 – GM16 – NC16 – EA16
Jus sanguin, autoritaire, végétal (petit pois). Acariâtre, acidulé, avec des notes d’humus rappelant un peu un Chinon. Les tannins et l’acidité restent enrobés.
(100% Sangiovese)
A l’ouverture : DSED – CDCED
Après 5 heures d’aération : DSED – LGED – MSED – AAED – GM – NCED – EAED
Terreux, tannique, mais surtout une expression pas nette, évoquant le pansement, finalement bouchonnée.
(55% Sangiovese, 25% Cabernet Sauvignon, 15% merlot, 5% syrah)
A l’ouverture : DS14,5 – CDC14
Après 5 heures d’aération : DS14 – LG13 – MS13 – AA14 – GM14 – NC14 – EA14
On a ici une sorte de cas d’école d’approche “super-toscane”, convoquant des cépages bordelais, en mode “grosse cavalerie industrielle”. S’ensuit une bouteille au boisé vanillé, exprimant des notes aquitaines. Acidité présente pour un ensemble restant très impersonnel (vive les cépages autochtones).
(100% Nebbiolo)
A l’ouverture : DS16,5 – CDC16,5
Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16,5 – MS16,5/17 – AA17- GM17 – NC17 – EA16,5
On apprécie ici un vin de qualité, délicat. Aromatique en élégante complexité : fleurs, épices, réglisse, terre mouillée, gelée de fraise. Matière svelte mais unie et digeste, distinguée. Ce vin, qu’on pourrait penser produit en Haut-Piémont, est en quelque sorte un faux maigre.
Rappel : Lombardie : Valtellina Superiore : Azienda Agricola Dirupi « Riserva » 2012 – 10/2016 (PR)
100% nebbiolo d’une seule parcelle de 80 ans – vigne à 550 m d’altitude – macérations de plus de 30 jours en cuve inox – élevage de 24 mois en foudres de chêne de l’Allier de 20 hl + 12 mois en bouteilles. Prix : 40 €
A l’ouverture : DS15 – PS15,5
Après aération : DS15,5+ – PR16/16,5 – MS16,5 – CDC16,5 – AA15,5/16+ – NH18
Magie itérative des élevages longs en foudre, un résultat d’une grande suavité d’expression, éthéré, harmonieux, haut en saveurs (entre sève salivante et austérité de l’amertume, des tanins), au bouquet déjà nuancé et enjôleur (pot pourri, épices, fraise des bois, agrumes, encens, girofle…).
(100% Sangiovese prugnolo gentile soit Sangiovese)
A l’ouverture : DS15,5 – CDC15,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG14,5 – MS13,5 – AA1 – GM15 – NC15,5 – EA15
Boisé, vanillé, dense, acide. Finale boisée, un peu sèche, bien quelconque.
(100% Sangiovese Grosso)
A l’ouverture : DS(15,5/16) – CDC(14)
Après 5 heures d’aération : DSED – LGED – MSED – AAED – GM1 – NCED – EAED
Première bouteille : soja très marqué soulignant un vieillissement précoce anormal (symptôme déjà trouvé sur certains millésimes du Barolo de Bartolo Mascarello ou sur les 2009 d’Aurelio Settimo (Rocche et Rocche Riserva) ou encore sur la Gattinara Osso San Grato 2008 d’Antoniolo).
Après 5 heures d’aération : DS(16) – LG(15) – MS15 – AA16 – GM15,5 – NC16 – EA15
Seconde bouteille : le premier contact est satisfaisant, pour une présentation vitale, nette. Malheureusement, des notes de champignon et de soja viendront rapidement semer le doute.
Rappel : Toscane : Brunello di Montalcino – Fattoria dei Barbi « Colombini » 2012 – 15/03/2019 (AA)
DS16,5 – LG16+ – CDC16,5 – MS1X – FM15 – AA16,5/17
Composition de grande qualité mais le vin est sur la réserve et ses notes aromatiques restent encore simples : guignolet, amandes grillées, agrumes. Matière riche, charpentée, ferme, à revoir dans 10 ans.
Pour info : Brunello di Montalcino : Barbi “Vigna del Fiore” 2012 – 5/10/2017 (PR)
A l’ouverture : DS17,5 – PR17 – AA17,5 – NH17,5
Coup de cœur pour ce vin aristocratique, construit, savoureux, déjà abouti, mariant puissance et grâce, maturité et fraîcheur, déployant avec race un spectre aromatique nuancé entre cerise amarena, fraise écrasée, agrumes, fleurs séchées, peau d’orange.
Après 5 heures d’aération : DS17,5/18 – LG18 – CDC18,5 – MS18,5 – FM18
(100% Nebbiolo)
A l’ouverture : DS15,5 – CDC15,5
Après 5 heures d’aération : DS15 – LG14 – MS14 – AA15 – GM15 – NC14,5 – EA14
Déception notable vu l’appellation. Vin moderne, arrondi par l’élevage, très commun.
(Corvina, Rondinella y Oseleta) – Passerillage
A l’ouverture : DS16,5 – CDC16,5
Après 5 heures d’aération : DS16,5 – LG16,5 – MS16 – AA17,5 – GM16 – NC15,5 – EA15,5
Profil parfaitement réussi. Jolies senteurs : cerise confite, fleurs capiteuses, raisins soumis à la dessiccation, réglisse… Matière pure et équilibrée (ce n’est pas toujours le cas sur ce mode de vinification), veloutée et en même temps tenue par une belle acidité (on ne devine guère les 16,5° d’alcool).
Conclusion
Parcours varié de rouges de la botte, de niveau malheureusement bien moyen, y compris dans le cas des cuvées produites à base des meilleurs cépages transalpins que sont le nebbiolo et le sangiovese (mais il est vrai que nous ne sommes pas dans l’excellence régulièrement assurée par les meilleurs producteurs).
Quelques vins semblent indignes.
On trouve évidemment bien mieux en Etna, en Vénétie et en Abruzzes.
Le Valtellina et l’Amarone sont de bonne facture.
Les vins de Barbi sont à revoir.