Club toulousain In Vino Veritas
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Le domaine Méo-Camuzet
Vendredi 19 mars 2010
La dégustation, préparée par Didier Sanchez, est commentée par Pierre Simon pour la séance de l’après-midi et Laurent Gibet pour celle du soir.
Quelques commentaires de contexte :
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions de chaque séance.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – CD : Christian Declume – PS : Pierre Simon.
Attention : le protocole de la dégustation a été différent entre l’am et le soir. L’après-midi dans un ordre bien établi et étiquettes découvertes. Le soir, à l’aveugle complet donc dans un ordre aléatoire.
Est-ce suffisant pour expliquer l’énorme différence d’appréciation des vins entre am et soir, du jamais vu chez IVV ?
– Est-ce en raison de l’aération des vins qui n’a pas convenu au pinot et encore plus sur le style des vins de Méo-Camuzet ?
– Est-ce le fait d’un autre contexte, autres dégustateurs ?
– Est-ce en raison de l’influence des étiquettes sur la dégustation de l’am ?
Didier ayant fait les 2 séances peut témoigner d’une dégustation avec du fruit, du plaisir l’après-midi et austère, manque de chair, acide et tannique le soir…
Une impression unique d’avoir eu affaire à 2 domaines différents…
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 16)
1. Vosne-Romanée : Domaine Méo-Camuzet 1999 – 13°
L’après-midi : DS15 – CD16 – PS16. Note moyenne AM : 15,7
Rubis clair. Disque légèrement orangé. Brillant.
Le nez est gourmand. Sur la cerise mûre. Le foin.
En bouche, belle fraîcheur. Chair dense malgré une bouche un peu crayeuse.
Le soir : Echantillon bouchonné.
2. Nuits-Saint-Georges 1er cru « Aux Boudots » : Domaine Méo-Camuzet 1997 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – CD17 – PS17,5. Note moyenne AM : 17
Robe très claire et vin légèrement trouble.
Le nez est un brin terreux et à l’aération s’ouvre sur le musc, la viande séchée.
La bouche est très gourmande, fruitée, sur la finesse. En fin de bouche, notes émouvantes de roses anciennes. Belle longueur. Pour un premier cru, bravo !
Le soir : DS15 – PC14/14,5 – LG15. Note moyenne SOIR : 14,8
Robe moyennement intense, début d’évolution.
Senteurs de fruits rouges, de girofle, de viande grillée. On peut trouver ces notes d’orange cloutée insistantes.
Bouche relativement cohérente, assez soyeuse, pour un peu de chaleur en finale. Relativement délicate mais de longueur insuffisante.
3. Vosne-Romanée 1er cru « Les Chaumes » : Domaine Méo-Camuzet 1996 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – CD16,5 – PS16. Note moyenne AM : 16,3
Robe au disque tuilé.
Fruits frais passée la pointe animale. Orange cloutée.
Attaque plus fraîche que le 99 mais moins de matière.
Le soir : DS14 – PC12,5/13 – LG13,5/14. Note moyenne SOIR : 13,5
Parure légèrement plus dense que celle du Boudots 97.
Olfaction sans réelle vibration fruitée, un peu cuite (framboise, fleurs, épices, terre, cuir).
Matière virile, sans grande cohérence avec son trio alcool, tannins, acidité peu satisfaisant.
Parié Nuits-St-Georges sur ce vin et Vosne sur le précédent, mais on voit de fait ici que c’est plus le millésime qui imprime sa marque.
4. Nuits-Saint-Georges 1er cru « Murgers » : Domaine Méo-Camuzet 1999 – 13°
L’après-midi : DS16 – CD15,5 – PS15. Note moyenne AM : 15,5
Robe grenat brillante.
Nez de café, de caramel. Une pointe de sucre en bouche nous amène à discuter du choix du boisage.
Malgré une matière énorme, dans quel sens ce vin ira-t-il et parviendra-t-il à se fondre ? La majorité semble le penser.
Le soir : DS14 – PC13 – LG14. Note moyenne SOIR : 13,7
Robe évoluée, restant assez claire.
Notes plutôt ternes de terre (de graphite ?), de griotte épicée.
Allure comprimée, bien sévère, un peu capiteuse. Absence de fruit et raffinement de texture en berne. Une sorte de négation de la grâce du pinot noir.
5. Vosne-Romanée 1er cru « Les Brûlées » : Domaine Méo-Camuzet 1999 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – CD16,5 – PS17,5. Note moyenne AM : 16,8
Grenat foncé.
Nez sur la réglisse, le brûlé. Sensations de jeunesse.
Bouche fraîche très agréable. C’est le plus vif des 99 dégustés. Ceci n’ôte en rien sa belle concentration.
Le soir : DS14 – PC13 – LG14. Note moyenne SOIR : 13,7
Arômes cruellement éteints, de nouveau : rose fanée, réglisse, écorce d’orange, pain grillé (reste d’élevage ?).
Vin musclé, tannique, avec un supplément d’acidité. Finale rugueuse.
6. Vosne-Romanée : Domaine Méo-Camuzet 1997 – 13°
L’après-midi : DS14 – CD15 – PS15. Note moyenne AM : 14,7
Rubis tirant sur la tuile. Disque terne des années fraîches.
Le nez est moins sollicité que dans le vin précédent. Fruits rouges, pivoine.
Chair un peu mince avec une pointe de vert. A boire en profitant pleinement de sa souplesse
Le soir : DS14 – PC14 – LG15. Note moyenne SOIR : 14,3
Robe évoluée, moyennement intense.
Ici encore, manque d’expressivité de fruit : foin, poivre, girofle, terre, griotte esseulée.
Matière rude, astringente se terminant sur de l’amertume.
7. Vosne-Romanée 1er cru « Les Chaumes » : Domaine Méo-Camuzet 1999 – 13°
L’après-midi : DS16,5/17 – CD17 – PS17. Note moyenne AM : 16,9
Robe grenat présentant des signes d’évolution.
Nez sur la griotte à l’eau de vie accompagnée d’une pointe de réglisse. Puis vient l’herbe mouillée.
La bouche est puissante, profonde. Vin rond, très homogène avec une belle concentration. La seule retenue concerne une légère pointe d’alcool en finale.
Le soir : DS14 – PC13 – LG14. Note moyenne SOIR : 13,7
On note dans cet habit plus d’intensité colorante que dans le Vosne 1997.
Notes simplifiées de réglisse et de terre.
En bouche, on déplore une expression manquant de soyeux, de délicatesse, un peu capiteuse. Une parenté avec le Brûlées 1999, dans cette présentation bien trop brusquée.
8. Nuits-Saint-Georges 1er cru « Murgers » : Domaine Méo-Camuzet 1996 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – CD16,5 – PS17. Note moyenne AM : 16,7
Robe grenat.
Nez de fruits frais passée la pointe de réduction.
Bouche un peu granuleuse. Belle matière qu’accompagne un fruit élégant.
Le soir : DS15,5 – PC15 – LG15,5. Note moyenne SOIR : 15,3
Profil animal, corsé, floral, couvert par une réglisse intense.
On retrouve de l’acidité et du tannin. Sur ce socle qui ne fait que modérément vibrer le fruit du cépage, ce cru va pourtant incontestablement plus loin en termes de velouté et de longueur.
Rappel :
Domaine Méo-Camuzet Nuits-St-Georges Murgers 1996 : 14,5/20 – 25/8/07 (LG)
Nez réduit, compact (renfrogné), évolué, de pinot viril : rose fanée, betterave, réglisse, fumée, épices, confiture de fruits rouges (fraise, framboise). On ne peut pas dire
qu’il flambe (arôme comprimés, peu joviaux). Une approche frustrante du pinot, délibérément terrienne, avare en goûts limpides et libérés.
9. Clos Vougeot : Domaine Méo-Camuzet 1996 – 13°
L’après-midi : DS17 – CD16,5 – PS17. Note moyenne AM : 16,8
Robe devenant tuilée, dotée d’un joli disque orangé.
Menthol, réglisse.
La fraîcheur de l’attaque signe son millésime. Vin gourmand mais bien moins concentré que le 99.
Le soir : DS15 – PC14/14,5 – LG14,5/15. Note moyenne SOIR : 14,7
Odeurs de betterave, de fumée, de sol de cave.
Trame relativement svelte rattrapée en finale par une certaine sévérité tannique. On est certes à Vougeot, sur un millésime qui ne plaisante pas toujours.
10. Nuits-Saint-Georges : Domaine Méo-Camuzet 1996 – 13°
L’après-midi : DS15,5 – CD15,5 – PS16,5. Note moyenne AM : 15,8
Robe magnifique de cerise burlat. Eclatante.
Le nez, sur la fraise bien mûre, prépare la bouche à des sensations charnelles.
Vin très structuré, juteux, avec une tension en milieu de bouche. La finale ne manque pas de fraîcheur et évoque la groseille.
Le soir : DS15 – PC15 – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,8
Robe peu affectée par l’âge.
Fruit relativement frais, pointe lactique, menthe (pour l’évolution, tout de même).
Bouche encore assez jeune, anguleuse. Conclusion acide, minérale, martiale.
11. Vosne-Romanée 1er cru « Les Brûlées » : Domaine Méo-Camuzet 1996 – 13°
L’après-midi : DS16,5 – CD17 – PS16,5. Note moyenne AM : 16,6
Grenat avec toujours la même évolution du disque.
Nez un peu réduit. Jolis parfums de fruits, de cigare.
L’attaque est très vive. Mais ce vin pèse. La plus belle matière des 96 dégustés. Très juteux.
Le soir : DS15,5 – PC15 – LG15. Note moyenne SOIR : 15,2
Expression corsée sur la cerise, l’orange cloutée.
Belle tension en bouche et astringence notable pour un ensemble correct mais tellement guindé.
12. Vosne-Romanée 1er cru « Cros Parantoux » : Domaine Méo-Camuzet 1997 – 13°
L’après-midi : DS17 – CD18 – PS18. Note moyenne AM : 17,7
Les 97 ont des robes très claires. Ce vin aussi. Le disque aqueux est particulièrement large.
Montent du verre des arômes de fruits à noyaux.
Les tanins sont très fins et la rondeur presque orientale évoque le grenache. La finale est très longue, très intense. C’est le vin qui nous a le plus divisés et…nous a longuement fait parler car certains ont évoqué une perturbation en raison du bouchon ?
Le soir : Echantillon bouchonné.
Autant le défaut de conservation ne m’avait pas sauté au nez sur le Vosne 1999, autant là le bouchon est très manifeste. Quel dommage car on avait envie d’y trouver un substrat de qualité.
13. Clos Vougeot : Domaine Méo-Camuzet 1999 – 13,5°
L’après-midi : DS18 – CD18 – PS18+. Note moyenne AM : 18
Robe grenat. Nez puissant de fruits rouges, de terre fraîche avec une note de jasmin.
La bouche est énorme. Croquante, très juteuse. Les tanins sont magnifiques. La finale très longue. Ici nous sommes en GC c’est l’évidence. Beaucoup de plaisir partagé par tout le groupe avec ce vin.
Le soir : DS14 – PC12,5 – LG13. Note moyenne SOIR : 13,2
Olfaction profonde, assez indéterminée. Pierre évoque une syrah surboisée, caramélisée.
Matière en écho à ce traitement brutal, abrupte dont on a envie de se débarrasser sans tarder (un comble !).
Uniquement le soir :
14. Vosne-Romanée 1er cru « Les Suchots » : Dominique Laurent 1999 – 13°
DS14,5 – PC14 – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,3
Nez un peu brouillon évoquant le bouillon de poule au vermicelle, les fleurs séchées, les épices, les fruits rouges. Impression peu emballante de fruit aromatiquement cuit et de vieille futaille.
Prestation sans éclat particulier, un peu « collante ». Sans les tannins et l’acidité des vins frondeurs de Méo-Camuzet mais cette alternative trop approximative n’est guère enthousiasmante pour autant.
15. Pommard 1er cru « Les Pézerolles » : Domaine Hubert de Montille 2001 – 12°
DS16 – PC16/16,5 – LG16,5. Note moyenne SOIR : 16,3
Robe légère.
Olfaction sans détours de beau pinot : framboise, fleurs, épices, kirsch, terre.
Bouche savoureuse, équilibrée (12°, ce qui est parfait ainsi), bien en place, qui venge une série bien consternante (le soir, du moins). Et qui permet enfin de se réconcilier avec l’orthodoxie de ce noble cépage. A noter qu’il se goûte bien, et sans carafage.
Rappel : Pommard 1er cru « Les Pézerolles » : Domaine de Montille 2001 – 10/2/06 (DS)
DS16 – PC16,5 – LG15,5/16. Note moyenne : 16,1
Robe claire, légère évolution sur les bords.
Nez puissant de terre, cerise, noyau, très pinot ! Puis sous-bois, réglisse, herbe sèche, pointu.
Bouche aérienne, gourmande, en dentelle, le fruit et à la fois frais et mûr. Vin plutôt sur la tension que la largeur, explosion aromatique en bouche, finesse des tannins, gourmandise, à boire ; termine bien tendu, juteux, expression de pinot à l’ancienne.
16. Rivesaltes : Domaine Sarda-Malet « La Carbasse » 2006 – 16°
DS16 – PC16 – LG15,5. Note moyenne SOIR : 15,8
Robe de teinte violacée, sombre.
Nez schisteux, foxé, sur les fruits noirs, les épices (genièvre en tête), le chocolat.
En bouche, belle fermeté avec de l’accroche tannique, alcool mesuré (on restera donc en Roussillon sur Maury), peu de sucre (comme sur le Maury de Calvet-Thunevin). Servir ce vin muté (mais sans trop) bien frais.
Pour info :
Nuits-Saint-Georges 1er cru « Les Murgers » Domaine Méo-Camuzet 1997.
Notes : DS16 – PC16,5-17 – LG16 – CS16 – RP16,5. Moyenne : 16,2
Robe rouge rubis, dense. Nez floral et épicé, typé Vosne-Romanée, fruit très mûr et concentré (liqueur de cassis). Plein, tannique, fruité, superbe équilibre, très distingué.
Nuits-Saint-Georges 1er Cru « Les Murgers » : Domaine Méo-Camuzet 1989 – 14/11/09 (PR)
DS14 – PC(13) – LG13,5 – PR13,5 – MF14,5 – MS14. Note moyenne : 13,8
(Bouteille offerte par Vincent)
Approche quelque peu maladroite, apesantie par son fardeau boisé : bonbon caramel, café, notes lactiques, figuées.
Même encombrement en bouche par ce côté brûlé, un peu sec, voire amer, qui signe une domination de l’élevage peu
harmonieuse ; finale lassante où le réchauffement souligne l’alcool d’un millésime mûr.
Conclusion de l’après-midi
Saluons d’abord cette belle dégustation qui nous ôte bien des idées reçues sur les fautes de goût du domaine concernant le boisage. Hormis le Murgers 99 qui n’est à cette heure pas irréprochable sur ce point, il n’y a pas de boisés parasites dans les vins dégustés l’après midi. Au contraire, les fruités sont élégants et les bouches gourmandes. Les vins sont marqués par leur millésime avec des 96 frais et des 99 plus denses. Les premiers, à boire dès aujourd’hui, étant des exemples de vins gastronomiques, les seconds, très riches, à attendre. Têtes de cette belle affiche, le Clos Vougeot 99 et, mais c’est plus personnel, le Cros Parantoux 97, qui dans un millésime difficile impose son originalité et sa finesse.
Conclusion du soir
Nous avons rarement rencontré de telles différences qualitatives entre après-midi et soir (on sait le pinot fragile, mais à ce point ?).
L’ordre de service aurait-il pu avoir une influence si néfaste ?
Les expressions sont de qualité bien moyenne, répétitives, sans véritable complexité gustative, ce qui est totalement anormal à ce niveau de pedigree. On déplore un fruit éteint (maltraité par l’élevage ?), une gourmandise en berne pour des vins ténébreux, taiseux, campés sur des socles acidité/tannins intraitables, peu habituels pour le cépage.
Les trames sont carrées, peu déliées, incapables de procurer le plaisir escompté.