Dégustation monumentale de 48 vins du millésime 1997 à Bordeaux dont le compte rendu est disponible sur le lien suivant:
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Repas-Dégustation chez Didier Sanchez
Horizontale du millésime 97 à Bordeaux.
Mardi 18 octobre 2005
Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne.
Tous les vins sont servis à l’aveugle.
PC : Pierre Citerne- DS : Didier Sanchez – MS : Miguel Sennoun, JP : Jacques Prandi- CD : Christian Declume.
Ordre de dégustation :
1. Pomerol : château Trotanoy 1997 :
DS15,5/16 – PC15 – MS15 – JP15,5 – CD15,5. Note moyenne : 15,35
Robe assez évoluée, avec des nuances brunes.
Nez terrien, nettement herbacé mais racé, ouvert ; on peut sentir du cuir, du graphite, de l’encre, une évolution vers l’animalité.
Construction harmonieuse mais matière un peu étriquée, avec un bon développement aromatique, une trame élégante, de l’acidité, des tannins légèrement verts, une persistance moyenne.
2. Pomerol : château Le Bon Pasteur 1997 :
DS16,5 – PC15 – MS15,5 – JP16,5 – CD16. Note moyenne : 15,9
Robe dense, fournie, centre noir.
Premier nez nettement boisé, qui s’ouvre sur des notes fumées, viandées, balsamiques.
Bouche serrée, encore jeune, assez capiteuse. On sent la bonne maturité du fruit, un certain moelleux, une chair ample autour de tannins grenus, manquant de finesse. Un style opposé à celui de Trotanoy, plus d’allant mais moins de race.
3. Haut-Médoc : château Potensac : Cru Bourgeois Exceptionnel 1997 :
DS12,5 – PC(13?) – MS13 – JP14,5 – CD14. Note moyenne : 13,40
Robe très jeune.
Nez étrange, violemment fruité, très mûr, dominé par des senteurs de myrtille et d’eucalyptus, s’oxydant rapidement.
Très souple en bouche, peu d’acidité, aucune accroche tannique, trame lâche… Les arômes simples et le corps « flottant », linéaire, évoquent plus un « vin du sud » qu’un bordeaux. Déroutant, il semble évoluer vers un peu plus de typicité à l’aération (?).
4. Saint-Julien : château Ducru Beaucaillou 2éme cru classé 1997 :
DS16,5+ – PC16 – MS16,5 – JP16,5 – CD15,5. Note moyenne : 16,20
Robe moyennement intense, avec un début d’évolution.
Nez ouvert, très typé, articulé, très médocain, racé : cassis, graphite, gibier, cuir, noix sèche…
Bouche « classique », d’ampleur moyenne mais très équilibrée, assez ronde mais svelte, suffisamment tranchante. Le fruit semble mûr, les tannins fins et frais.
5. Pauillac : château Lynch Bages 5éme cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC16 – MS17 – JP17 – CD17. Note moyenne : 16,75
Robe assez dense, déjà du dépôt.
Nez fumé, grillé, chocolaté, flatteur mais capable de s’affiner à l’aération, avec des notes plus tertiaires.
Matière veloutée, mûre, ample, suffisamment fraîche et élégante cependant. La tendresse de la chair évoque le merlot… L’esprit n’est pas vraiment médocain mais le vin bien réussi.
6. Pessac-Léognan : Domaine de Chevalier cru classé 1997 :
DS17,5 – PC16,5 – MS17,5 – JP17,5 – CD17. Note moyenne : 17,2
Le centre de la robe est opaque, la bordure orangée.
Encore un nez assez évolué (avec paradoxalement un boisé encore insistant), puissant, avec de belles notes expressives de goudron, de fumé, de confiture, de tripes de poulet…
Bouche plutôt dense, ronde, veloutée, très mûre, souple, qui parvient à rester élégante grâce à la fraîcheur et à la finesse des tannins. Beaucoup d’expressivité et de séduction.
7. Pomerol : La Conseillante 1997 :
DS14,5 – PC(15) – MS15,5 – JP15 – CD15. Note moyenne : 15
Robe tuilée de vin vieux, nettement orangée sur les bords…
Le premier nez est celui d’un vin de cinquante ans : rancio, vieux cuir, Viandox, curry. S’épure à l’aération, rajeunit un peu, mais garde une dominante tertiaire, épicée, orientale.
Bouche très mûre, confite, qui laisse une impression légèrement sucrée ; saveur de cèdre et d’épices, de la longueur mais peu de nerf. Un vin assez étonnant, intéressant et même intrinsèquement plutôt agréable, mais prématurément vieilli, qui évoque effectivement certains vieux pomerols, ou même un cabernet californien évolué…
8. Pauillac : château Mouton Rothschild 1er cru classé 1997 :
DS17,5/18 – PC17,5 – MS18 – JP17,5/18 – CD16. Note moyenne : 17,4
Robe très dense, bordure mince.
Nez racé, serré, jeune, autoritaire, avec une réelle présence du fruit et de puissantes notes organiques, sanguines.
Matière très vivante, jeune, construite mais assez sauvage ; on retrouve les fougueuses nuances organiques du nez ; qualité des tannins et surtout du fruit au-dessus du lot. Un certain nombre de dégustateurs pensaient reconnaître Latour…
9. Saint-Julien : Clos du Marquis 2éme vin du château Léoville Las Cases 1997 :
DS13 – PC11/12 – MS13,5 – JP13,5 – CD15. Note moyenne : 13,3
Robe assez dense, évoluée.
Nez marqué par l’élevage qui s’ouvre sur du fruit mûr.
Saveur herbacée beaucoup moins mûre… pas très nette non plus ; la matière paraît flottante et creuse, douceâtre, déséquilibrée, plate.
10. Margaux : château Margaux 1er cru classé 1997 :
DS14 – PC13 – MS14,5 – JP13 – CD14. Note moyenne : 13,7
Robe moyennement intense, avec une large bordure vieux rose.
Nez assez flatteur, floral, un fruit de cerise, épicé, des notes « sucrées » qui évoque la confiserie…
Bouche aussi doucereuse (et insignifiante) que le nez. Matière peu structurée, peu rémanente, qui ne laisse en fin de bouche qu’une impression languide de sucre et d’alcool…
11. Pauillac : château Pichon Baron 2éme cru classé 1997 :
DS14,5/15 – PC16 – MS15 – JP14 – CD14,5. Note moyenne : 14,85
Robe assez évoluée malgré un centre sombre.
Nez très mûr, un peu confit, mais vigoureux : viande fumée, goudron, cèdre, noix…
De la richesse et de l’ampleur en bouche, solaire, chaleureux (trop pour certains), mais généreux et racé dans ses arômes.
12. Moulis : château Poujeaux 1997 :
DS15,5 – PC15,5 – MS16,5 – JP16 – CD15. Note moyenne : 15,7
Robe très dense, du dépôt, un peu d’évolution en bordure.
Nez riche, assez compact mais d’une belle profondeur de fruit.
Bouche dense et fraîche, carrée, assez simple dans son expression mais solide, de bonne vivacité ; finale virile.
13. Pessac-Léognan : château Haut Bailly cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC16,5 – MS17 – JP16,5 – CD15,5. Note moyenne : 16,45
Robe dense, assez jeune, brillante.
Nez très engageant et raffiné, séduisant par sa franchise et son harmonie, à la fois profondément fruité (cassis, groseille) et finement herbacé.
Bouche veloutée et fraîche, avec une accroche tannique sérieuse, une très savoureuse élégance et une finale enlevée.
14. Saint-Estèphe : château Montrose 2éme cru classé 1997 :
DS13,5 – PC? – MS14 – JP13,5 – CD14. Note moyenne : 13,75
Robe assez tendre.
Nez marqué par une très forte acidité volatile, l’expression aromatique est cependant complexe et articulée.
Bouche durcie par l’acidité volatile, peu agréable malgré la finesse des arômes. Problème de bouteille ? (nous avons dégusté ce vin plusieurs fois sans cette volatile exacerbée).
15. Pessac-Léognan : château Haut Brion 1er cru classé 1997 :
DS17/17,5 – PC17 – MS17,5 – JP17,5 – CD16. Note moyenne : 17,05
Robe dense.
Nez ample, complet, harmonieux, avec des notes herbacées, confites, résineuses, qui évoquent le Haut-Bailly goûté plus haut.
Bouche savoureuse, charnue, vivante, moelleuse, gourmande et fine à la fois, marquée par une grande franchise du fruit et un profond goût minéral/fumé.
16. Saint-Julien : château Léoville Poyferre 2éme cru classé 1997 :
DS16,5 – PC16,5 – MS16,5 – JP16,5 – CD17. Note moyenne : 16,6
Robe sombre, peu évoluée, bordure grenat.
Beau nez médocain, profond et décidé : cassis, viande fraîche, noix, tabac, cèdre…
Bouche mûre, concentrée, harmonieuse grâce à des tannins très précis et à la qualité du fruit, belle tension du cabernet malgré une certaine rondeur.
17. Pauillac : château Pontet Canet 5éme cru classé 1997 :
DS15,5/16 – PC16 – MS16 – JP16 – CD16,5. Note moyenne : 16
Robe pleine, avec des nuances évoluées.
Nez assez austère, strict mais net et profond : viande, terre battue, fruits noirs.
Bouche pleine, charnue, juteuse, autoritaire, bâtie autour d’une forte assise tannique. Tout à fait dans l’esprit du cru.
18. Pomerol : château Lafleur 1997 :
DS14,5 – PC(14) – MS14,5 – JP14,5 – CD15,5. Note moyenne : 14,6
Nez assez timide, humique, herbacée, expression aromatique diffuse, floue.
Matière plutôt corsée, peut-être un peu sèche, alcool présent et toujours une impression de manque de netteté aromatique et de maturité. Difficile à appréhender, pas convaincant en l’état.
19. Saint-Julien : château Saint Pierre 3éme cru classé 1997 :
DS15,5/16 – PC15,5/16 – MS16 – JP15,5 – CD16,5. Note moyenne : 15,9
Belle robe très dense et brillante.
Nez d’abord assez réduit, animal, organique, ensuite profondément fruité, avec une touche mentholée.
Bouche dense, veloutée, bien mûre et pleine d’énergie, tannique. Un vin qui manque peut-être un peu de raffinement, de poli, mais d’une vigueur et d’une droiture remarquable dans le contexte du millésime.
20. Saint-Julien : château Lagrange 3éme cru classé 1997 :
DS12,5 – PC13,5 – MS13 – JP13 – CD14. Note moyenne : 13,2
Robe brillante, nuancée.
Nez compact, viandé, anisé, marqué par des notes peu engageantes de pomme blette.
Dense, toujours viandé, carré en bouche, avec un côté oxydé déplaisant.
21. Pauillac : Carruades de Lafite 2éme vin du château éponyme 1997 :
DS16,5- PC16,5 – MS17 – JP16,5 – CD15. Note moyenne : 16,3
Robe assez dense, très brillante, centre noir.
Nez très classique, profond, concis mais généreux : cassis, noix, goudron, fines notes herbacées.
Bouche veloutée, fine, tendue, au grain tannique remarquablement élégant. Vu le niveau de ces Carruades on attend Lafite avec impatience…
22. Saint-Emilion : château Monbousquet Grand cru classé 1997 :
DS13,5 – PC13 – MS14 – JP13 – CD12,5. Note moyenne : 13,2
Teinte soutenue, centre noir, de l’évolution en bordure.
Nez concentré, surmûr, confit, sans grande finesse ; Viandox, café, raisiné, goudron…
Bouche tiraillée entre un fruit confituré, une forte acidité, une chair assez maigre, des arômes fatigués de feuilles sèches et de café. Manque de cohérence et de charme.
23. Saint-Emilion : château Ausone 1er grand cru classé A 1997 :
DS15,5+ – PC15+ – MS15,5 – JP13 – CD14,5. Note moyenne : 14,7
Robe dense, brillante
Nez assez revêche, beaucoup de grillé et de notes animales, organiques. Le fruit semble se cacher.
Matière très dense, concentrée, austère, tannins très présents, à la limite de la raideur ; on sent qu’il y a beaucoup de jus, mais la structure est anguleuse, la chair serrée et avare en saveurs. Ce vin, indéniablement fermé et austère, promettait beaucoup il y a quelques années, il pâtit peut-être de passer en vingt-troisième position, alors que les muqueuses commencent à fatiguer…
24. Sauternes : château Climens 1er cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC17 – MS16 – JP16 – CD16. Note moyenne : 16,35
Robe intense, assez claire toutefois, or pâle, très visqueuse.
Nez profond, réservé mais très racé (typé Barsac), encore marqué par l’élevage, le botrytis est très présent mais d’une grande finesse, avec des notes de cire, de lanoline, de pêche rôtie aux amandes…
Présence en bouche très affirmée, longue, rémanente, aérienne, superbe saveur de miel et encore de pêche rôtie. L’intensité de la matière semble pourtant assez mesurée et la liqueur discrète ─ trop discrète pour certains. L’avenir devrait confirmer la grandeur de ce vin, par l’élégance et non par la puissance, qui semble actuellement passer par une phase intermédiaire.
25. Sauternes : château Rieussec 1er cru classé 1997 :
DS16/16,5 – PC15,5/16 – MS15 – JP16 – CD17. Note moyenne : 16
Robe visqueuse, profonde, or soutenu, reflets verts.
Nez intense, moins original et moins pur dans son expression que Climens, beaucoup d’agrumes confits, de miel, de notes crémeuses et biscuitées.
Très liquoreux en bouche, chaleureux, onctueux, puissamment botrytisé, beaucoup plus puissant que Climens, mais sans sa tension ni sa finesse aromatique.
Repas-Dégustation chez Didier Sanchez
Horizontale du millésime 97 à Bordeaux.
Mardi 22 novembre 2005
Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne.
Tous les vins sont servis à l’aveugle.
PC : Pierre Citerne- DS : Didier Sanchez – MS : Miguel Sennoun, JP : Jacques Prandi- CD : Christian Declume.
Ordre de dégustation :
1. Pomerol : château Nenin 1997 :
DS13,5 – PC13 – MS14 – JP14 – CD14. Note moyenne : 13,7
Robe évoluée, large bordure tuilée.
Nez intense, expressif, un fond de cassis fortement boisé sur lequel se détachent des notes truffées et viandées.
Bouche (trop) chaleureuse, corsée mais manquant de vivacité et de spontanéité ; les tannins sont en voie de dessèchement.
2. Pessac-Léognan : Château Smith Haut Lafitte cru classé 1997 :
DS14 – PC14 – MS14,5 – JP14,5 – CD14,5. Note moyenne : 14,3
Encore une robe largement tuilée.
Nez de bonne intensité mais assez pauvre dans son expression : poivron grillé, café et chocolat de l’élevage.
Bouche cohérente, suffisamment fraîche, un demi corps policé, un peu trop chaleureux.
3. Margaux : château Palmer 3eme cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC16,5/17 – MS17,5 – JP16,5 – CD16,5. Note moyenne : 16,8
Centre du disque sombre, bordure franchement évoluée.
Nez classiquement médocain, réservé, précis et racé : cassis, noix, suie, pain grillé…
Matière pleine, très fraîche, saveur ample et élégante. Très bel équilibre et remarquable finale, persistante et précise.
4. Saint-Emilion : château Pavie Macquin Grand cru classé 1997 :
DS15,5/16 – PC15,5/16 – MS16 – JP16 – CD17,5. Note moyenne : 16,25
Robe dense, assez jeune, bordure mince.
Nez sanguin, fumé, grillé, viril mais ne manquant pas d’élégance.
Bouche serrée, musculeuse, qui semble avoir bien digéré un élevage conséquent. Le milieu de bouche est un peu doucereux et la structure, extraite, roule les mécaniques, mais la finale reste fraîche et propre. Ce vin se montre bien plus convaincant que lorsque nous l’avions goûté au Masters de Podensac en 2004, son élevage paraissait alors caricatural et très « Nouveau Monde/garage ».
5. Saint-Julien : château Talbot 4éme cru classé 1997 :
DS14,5 – PC14 – MS14,5 – JP14,5 – CD15. Note moyenne : 14,5
Rubis profond, nuancé de grenat.
Nez poivronné, assez élégant et subtil cependant (intéressante notes de cuir et de gibier).
La bouche paraît beaucoup plus mure que le nez, veloutée et chaleureuse, assez longue. La matière est modeste ; un boisé présent renforce une certaine impression de déséquilibre.
6. Pomerol : château La Fleur Petrus 1997 :
DS15 – PC14,5 – MS15,5 – JP15,5 – CD16,5. Note moyenne : 15,4
Robe évoluée, grenat tuilé.
Nez ouvert, très animal, avec du cuir, un fruit confit, des notes pharmaceutiques.
L’expression de la bouche est cohérente avec celle du nez : un vin évolué, chaleureux, ouvert et savoureux, mais manquant d’ampleur, de netteté du fruit et de tension.
7. Saint-Emilion : château Cheval Blanc Grand cru classé A 1997 :
DS15,5 – PC15,5 – MS16 – JP16 – CD15. Note moyenne : 15,7
Robe évoluée, dans la moyenne.
Nez ouvert, expansif, finement grillé, lui aussi dominé par des notes animales (comme beaucoup de vins de la rive droite dans ce millésime), qui développe une belle complexité à l’aération.
Bouche veloutée, suave, d’un grain très fin ; saveur complexe et plaisamment animale (poulailler ?). Un vin de plaisir, élégant, racé même, qui manque cependant de dimension et de profondeur de fruit.
8. Pauillac : château Pichon Comtesse de Lalande 2éme cru classé 1997 :
DS16,5 – PC16,5 – MS17 – JP16 – CD16. Note moyenne : 16,4
Robe évoluée, d’intensité moyenne, translucide.
Nez articulé, nuancé, expressif et expansif ; le fruit est relevé de notes charmeuses, dans un style gentleman farmer : écurie, fumé, gibier à plume…
En bouche c’est un poids moyen qui possède beaucoup de classe, un beau moelleux, une finesse de grain remarquable, un bon goût de cabernet (plutôt de cabernet franc d’ailleurs…) ; il semble être à son maximum d’expression.
9. Saint-Julien : château Léoville Las Cases 1997 :
Echantillon défectueux.
10. Pessac-Léognan : château Pape Clément cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC17 – MS14 – JP14,5 – CD14. Note moyenne : 15,25
Robe très dense dans le contexte du millésime, sombre, bordure mince.
Nez puissant, un grand fruit dense duquel émergent des notes presque violentes, camphrées, empyreumatiques (goudron, cigare, fumé…). Une expression typée et racée pour certains, dont l’auteur de ces lignes, excessive et manquant de subtilité pour d’autres.
Bouche dense, assez ronde cependant, avec un grain présent mais sans aspérité, de belle longueur ; le fruit est expressif, il continue de porter de puissantes notes fumées et goudronnées. Un des vins qui a le plus partagé l’assemblée.
11. Pomerol : Petrus 1997 :
DS16 – PC16 – MS16 – JP15,5 – CD15. Note moyenne : 15,7
Robe dense, bordure tuilée.
Nez profond, fondu, spontané tout en restant réservé, offrant une belle diversité aromatique soutenue par une acidité volatile assez présente.
Matière bien en place, solide, très franche, veloutée mais tendue, fraîche, presque austère dans son développement, avec une appréciable (et rare dans ce millésime) fermeté en finale, fermeté qui nous a fait majoritairement reconnaître un médoc dans ce vin attachant et droit…
12. Saint-Estèphe : château Cos d’Estournel 2éme cru classé 1997 :
DS16,5/17 – PC16,5 – MS17 – JP17 – CD16. Note moyenne : 16,75
Robe intense, centre noir et mince bordure orangée.
Le nez s’exprime avec amplitude et précision sur des notes fumées, grillées et aussi nettement herbacées.
On retrouve cette pointe de « verdeur » en bouche, qui n’est pas désagréable, qui s’intègre dans une matière très juteuse, jeune, solidement tramée. Un vin qui possède une certaine race et l’un des rares qui semble avoir de l’avenir.
13. Pessac-Léognan : château Mission Haut Brion cru classé 1997 :
DS13,5 – PC13 – MS14,5 – JP13,5 – CD14. Note moyenne : 13,7
Si la robe est évoluée, le nez l’est encore plus : sous-bois, feuilles mortes…
Le grain en bouche est poussiéreux ; le vin semble étriqué, fatigué (l’acidité ressort, commence à se dissocier du corps), malgré une expression aromatique automnale assez complexe.
14. Saint-Julien : château Gruaud Larose 2éme cru classé 1997 :
DS16 – PC16 – MS17,5 – JP17 – CD16. Note moyenne : 16,5
Robe dense, pleine.
Nez jeune, très fruité, cacaoté, qui peut paraître un peu simple dans son expression mais qui possède une réelle finesse.
Bouche dense, bâtie sur un fruit suave, très avenant, qui semble posséder de la profondeur et encore un certain potentiel.
15. Pauillac : château Lafite Rothschild 1er cru classé 1997 :
DS15 – PC14,5 – MS14,5 – JP15 – CD15. Note moyenne : 14,8
La robe brillante est une des plus dense.
Le nez est jeune, profond, intense, presque saturé (le fruit évoque la crème de cassis), avec d’étonnantes, d’inattendues notes exotiques de noix de coco grillée et d’eucalyptus.
On retrouve ces arômes « californiens », déstabilisants, en bouche ; le grain est fin mais surtout très serré, la longueur très conséquente, la matière est chargée en alcool et en extrait. Plus jeune Lafite 1997 était, avec Ausone, le plus prometteur de « premiers » ; ce soir nous n’avons pas su comprendre ce vin un peu à part dans la dégustation, peut-être en devenir, peut-être excessif dans son parti pris de concentration de la matière. Nous attendons donc sereinement qu’on nous jette la pierre pour avoir préféré, il y a un mois, le classicisme et l’équilibre des Carruades. Grandeur et misère de la dégustation à l’aveugle.
16. Pomerol : Vieux Château Certan 1997 :
DS14 – PC15 – MS15,5 – JP15 – CD15. Note moyenne : 15
Robe moyennement intense, encore assez jeune.
Nez avenant, avec un fruit bien exprimé, des notes de tabac, de sous-bois et de fruits secs.
Bouche souple, harmonieuse, franche, avec une amplitude modeste mais un équilibre et une fraîcheur appréciables.
17. Pauillac : château Latour 1er cru classé 1997 :
DS15 – PC15,5 – MS15,5 – JP15,5 – CD15. Note moyenne : 15,3
Robe moyennement intense, évolution perceptible.
Nez évoquant la crème de cassis et la noix, typé Pauillac, avec un élevage encore présent.
La saveur est pleine (cassis toujours), avec une certaine vigueur, de la vivacité, du nerf, mais un corps dont l’ampleur et la profondeur demeurent modestes.
18. Médoc : château Sociando Malet 1997 :
DS14 – PC16 – MS13,5 – JP13,5 – CD15,5. Note moyenne : 14,5
Robe très dense, bordure mince, encore teintée de fuchsia.
Nez intense, fougueux, fruits noirs, de l’acidité volatile.
Bouche concentrée, carrée, fraîcheur mentholée du fruit sur une trame svelte et serrée, bien dans l’esprit du cru. Je n’ai pas bien compris ce que les autres dégustateurs lui reprochaient (peut-être une certaine brutalité, une certaine raideur ?)
19. Saint-Emilion : château Beauséjour Bécot Grand cru classé B 1997 :
DS13,5 – PC14 – MS14 – JP13,5 – CD14. Note moyenne : 13,8
Robe mate, assez fournie.
Des notes camphrées, pharmaceutiques, soulignent un fond de fruits cuits. Il y a dans ce nez de l’ampleur et une certaine race.
Moelleux, de la douceur, de la mâche en bouche, mais aussi un manque de définition, une finale trop marquée par l’alcool et des tannins grumeleux, déjà secs.
20. Pomerol : Château l’Evangile 1997 :
DS15 – PC15 – MS15 – JP14,5 – CD15,5. Note moyenne : 15
Robe grenat, assez dense mais évoluée.
Nez confit, disert, ouvert, avec des jolies notes humiques et herbacées.
Bouche assez fine, vive malgré un alcool assez présent, saveur poivrée intéressante, tannins un peu saillants.
21. Saint-Julien : château Léoville Barton 2éme cru classé 1997 :
DS16 – PC15,5 – MS16,5 – JP16 – CD15. Note moyenne : 15,8
Robe plutôt dense.
Nez réservé mais net, austère, avec de la profondeur.
Matière dense, vive, corsée et de bonne fraîcheur dans le contexte du millésime.
22. Sauternes : château Guiraud 1er cru classé 1997 :
DS14 – PC15 – MS15 – JP14 – CD14,5. Note moyenne : 14,5
Couleur vraiment soutenue, robe vieil or, reflets topaze brûlée.
Nez foisonnant, qui commence à partir sur l’oxydation, très musqué aussi, orange confite, pomme cuite, sucre d’orge, verveine… Expressif, non sans charme, mais pas du tout « classique » dans le contexte sauternais, les arômes ressemblent davantage à ceux d’un Layon.
La liqueur est modérée mais bien proportionnée, la saveur légèrement oxydée (toujours la pomme et l’orange), le botrytis assez marqué. C’est intéressant, bon même, mais assez déroutant.
23. Sauternes : château Nairac 2éme cru classé 1997 :
DS17 – PC16,5/17 – MS17 – JP16,5 – CD16,5. Note moyenne : 16,7
La teinte vieil or est aussi soutenue que celle du vin précédent, mais la robe paraît plus grasse.
Nez très puissant, distingué, fortement marqué par le botrytis et aussi par le fût, qui semble en même temps assez évolué : miel, cire, crème brûlée, vanille…
Bouche très liquoreuse, visqueuse, confite, riche, capiteuse, qui parvient à conjuguer ces éléments avec une maestria certaine, en conservant de la distinction aromatique et suffisamment d’allant. Le vin paraît peut-être plus évolué que son age, c’est à peu près la seule chose dont on puisse lui faire grief.
Conclusion :
Ce panorama très complet du millésime 1997 nous donne l’occasion de faire le point sur un millésime réputé difficile, certainement particulier, encore plus mal accueilli qu’il avait été vendu trop cher…
Un premier constat s’impose : on ne peut pas vraiment parler de mauvais millésime. Avec leur savoir-faire les domaines ont pour la plupart su composer avec ce que la nature leur avait donné pour aboutir à un résultat tout à fait correct. La majorité des vins sont honorablement dotés, équilibrés et expressifs, malgré un manque de vigueur, d’allant et de fraîcheur général qui semble être leur limite principale. Il manque en fait à ces vins ce tranchant, cette autorité qui sont l’apanage historique des grands vins de Bordeaux. Comme les raisins dont ils sont issus, les vins ne semblent pas homogènes dans leur maturité ; il n’est pas rare de trouver dans le même vin un corps mou, alcooleux (défaut récurrent), un fruité cuit, des tannins verts et des arômes végétaux de sous-maturité…
Globalement, le millésime semble avoir évolué précocement, très précocement même, les vins semblent presque tous à leur apogée. C’est peut-être en définitive cette propension de vins à si vite faner qui condamnera 1997 au peloton infamant des « petits millésimes ».
Qu’avons-nous à dire des tendances géographiques de ce millésime ? Parmi les vins que nous avons goûté, il y a peu de véritables déceptions dans le Médoc. Il y a même quelques très beaux vins, classiques, typés, complets, encore jeunes, qu’il est très difficile d’attribuer, à l’aveugle, à un « petit » millésime ; on peut citer : Mouton-Rothschild, Palmer, Cos d’Estournel, Pichon-Comtesse, Gruaud-Larose, Ducru-Beaucaillou, Léoville-Poyferré, Lynch-Bages… On notera aussi le bon tir groupé des Graves, particulièrement aimables, subtils et friands, globalement plus évolués que les vins du Médoc. La Rive Droite semble plus faible, même s’il y a quelques réussites ; la plupart des vins sont à la fois plutôt malingres, alcooleux et confus.
Nous avions goûté les « premiers » ensembles, il y a bientôt quatre ans, sur le même millésime. Comparons cette dégustation, bouteilles découvertes, à ce que nous venons de déguster : si Haut-Brion confirme ses qualités de plénitude et surtout de charme, Pétrus son sérieux et son originalité, La Mission sa faiblesse, si Cheval Blanc et Latour continuent de montrer malgré une matière manifestement limitée de la race et de la séduction, Margaux ne parvient plus à cacher son insignifiance derrière le fard, Mouton, bien décevant en 2001 est devenu le meilleur vin que nous ayons goûtés dans le millésime… et surtout, les deux vins qui semblaient de loin les plus prometteurs, Lafite et Ausone, se sont cette fois fort mal goûtés, tous deux fermés et inélégants. Les aléas de la vie des vins, des différences de bouteilles, de lots, nous aident à constamment relativiser, à ne jamais oublier que la dégustation à l’aveugle reste avant tout une école d’humilité…
On notera surtout que ces vins, les « premiers » de Bordeaux, ne ressortent pas particulièrement parmi leurs pairs, ce qui est plutôt rassurant quant à la « profondeur de banc » de l’élite du vignoble bordelais, et satisfaisant pour l’amateur à qui l’on cherche depuis quelques années à vendre davantage un status symbol (comme on vendrait un sac Vuitton ou un carré Hermès – d’ailleurs c’est le même monde, les mêmes actionnaires, les mêmes publicitaires, le même marketing…), que des vins de (grands) terroirs, ces derniers fussent-ils chargés de prestige et d’histoire.
Enfin, les quatre vins du Sauternais illustrent la valeur du millésime en ce qui concerne les liquoreux, même si aucun vin ne s’est montré transcendant, peut-être en raison d’une acidité globalement assez discrète (comme pour les rouges…).