Dégustation de Saint-Joseph rouges 2000 dans le cadre du club Itineraire des Vins. Le compte rendu est disponible sur le lien suivant:
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Les vins de St-Joseph rouges 2000
Lundi 13 octobre 2003
Dégustation préparée par Pascal Perez hébergée par le club Itinéraire des Vins et commentée par Laurent Gibet.
Quelques commentaires de contexte :
Les vins sont dégustés en partie à l’aveugle, en les révélant par séries de 4 ou 5.
Nombre de dégustateurs : une vingtaine.
Les vins sont carafés.
DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – PP: Pascal Perez – LG : Laurent Gibet.
ED : Echantillon Défectueux.
Ordre de dégustation :
1. Etienne Guigal – Vignes de l’Hospice 2000 :
DS14,5 – PC13,5/14 – PP14,5 – LG14. Note moyenne : 14,5 – Prix : 44 €
Robe intense, brillante.
Nez assez profond, dégageant des senteurs de fruits, de fleurs, d’olives noires, de cacao, de fourrure, de garrigue (herbes aromatiques). Cette complexité associe ainsi charme aromatique et puissance olfactive.
Bouche dense, solaire, épicée, délicatement fumée. Bonne longueur, les tanins sont fins, le bois intégré pour une finale un peu chaude, évoquant plus une syrah (de schiste) languedocienne. Une bonne acidité est présente, qui tonifie le vin.
Vignes issues du domaine J. L. Grippat. Reste cher.
2. Jean-Louis Chave 2000 :
DS15 – PC13,5/14 – PP14 – LG14,5. Note moyenne : 14,5 – Prix : 19 €
Robe moins intense, plus trouble.
Nez typé syrah septentrionale, de belle complexité, direct et fringant, évoquant la violette, l’âtre, le lard fumé, les fleurs, les épices, les agrumes, une vanille délicate.
Bouche fougueuse, sanguine, dotée d’une acidité conférant beaucoup de vie au vin. Matière moins dense apparemment que chez Guigal, mais on peut trouver cette cuvée plus typée, moins chaleureuse, et partant, plus élégante et désaltérante.
3. Louis Chèze – Cuvée des Anges 2000 :
DS11/ED – PCED – PPED – LG11. Note moyenne : 11/ED – Prix : 22 €
Nez intense, vif. Des notes légères mais avenantes de rose, d’orange, de fumée, de cacao pâtissent d’un voile encombrant, liégeux, peu net, évoquant la vieille futaille.
La bouche confirme le défaut : désagréable, désunie, acide et amère. Il me semble entendre pourtant l’approbation d’un ou 2 dégustateurs. Il faudrait être en mesure de goûter une autre bouteille.
4. André Perret – Les Grisières 2000 :
DS15,5/16 – PC14,5 – PP15 – LG16. Note moyenne : 15,5 – Prix : 18 €
Nez lui aussi typé, franc, fin, alignant son cortège de notes de fumée, de fruits (cassis), de cacao. Un côté particulièrement doux s’exprime au travers de délicates notes de vanille et de confiserie (violette).
La bouche et fine mais vigoureuse, svelte, suave, et se développe sur une belle longueur. Notes de violette bonbon, d’épices douces (avec en premier lieu la cannelle) pour un vin plutôt complet, aimable, velouté, doté d’un beau jus et de beaux tanins. Sa structure apparaît comme un compromis de celles des 2 premiers vins.
5. Domaine Courbis – Les Royes 2000 :
DS16 – PC14,5 – PP15 – LG16. Note moyenne : 15,5 – Prix : 18 €
Engageante robe violacée, intense, brillante.
Le nez dévoile une olfaction généreuse, un rien entêtante, presque envoûtante, dominée par les fruits (cassis, cerise confite), mais faisant également la part belle aux fleurs, au cacao, aux agrumes, aux épices (une évocation de l’orange cloutée à la girofle).
Bouche particulièrement concentrée, mais cette « épaisseur » n’exclut pas la fraîcheur, pas plus que la qualité des tannins. Cette cuvée apparaît d’ailleurs moins enrobée que la précédente. De la persistance, du caractère, des notes fraîches d’agrumes marquées (orange, citron) complètent ce tableau favorable. Beau potentiel.
6. Chapoutier – Les Granits 2000 :
DS15 – PC15 – PP15,5 – LG15. Note moyenne : 15 – Prix : 46 €
Nez intense, complexe, caractérisé par des odeurs de fruits, de fleurs, d’épices, de fourrure, de lard fumé. Il apparaît aussi plus torréfié que les précédents.
Bouche enrobée, grasse, fine, séductrice, très orientale. Gourmande, facile d’accès, et non dénuée d’acidité. On aimerait un supplément de structure et de race.
Prix élevé.
7. Domaine du Monteillet – Cuvée du Papy 2000 :
DS15,5 – PC16 – PP16 – LG16. Note moyenne : 16 – Prix : 18 €
Le nez apparaît plus viril, que tous les nez précédents. Le fruit bien mûr s’affiche sans détours, s’exprimant sous forme de cassis, de griotte et de groseille. Le côté terrien apparaît via des notes plus minérales de graphite, de zan.
En bouche, on décèle une acidité affirmée et des tanins un peu plus accrocheurs. Bonne tension pour ce vin tonique, volontaire, marqué par des goûts de cerise et d’agrumes.
Belle (et rare) unanimité. Le domaine a également produit un très beau Condrieu 2000 (voir dégustation Itinéraire des Vins de décembre 2002).
8. Yves Cuilleron – Les Serines 2000 :
DS13 – PC12,5 – PP13,5 – LG13?. Note moyenne : 13 – Prix : 26 €
Robe très dense, tirant sur le noir, et donnant déjà quelques indices sur le producteur éventuel (on hésite en tout cas sur un trio – malgré l’ordre aléatoire, les vins seront curieusement goûtés en série).
Le nez confirme un recours énergique au bois. Olfaction intense donc, qui ne délaisse pourtant pas totalement des notes de poivre, de laurier, de cacao, de girofle.
Le passage en bouche confirme une mainmise intraitable du bois sur une matière qui semble ainsi soumise, vive, peu typée, et qui (et c’est plus grave) risque à terme de s’assécher. Le fruit a semble-t-il (définitivement ?) abdiqué. Cette matière malmenée (brutalisée ?) aura-t-elle la capacité à se remettre d’un tel traitement de choc ?
9. François Villard – Reflet 2000 :
DS14,5 – PC14 – PP14,5 – LG14,5. Note moyenne : 14,5 – Prix : 26 €
Très joli nez, animal, sanguin, profond et intense, alliant des notes de fruits rouges et noirs, de gibier, de café, de laurier, d’orange. Notes intenses et un peu extravagantes de bourgeon de cassis
Bouche prête à boire, fraîche (même si le degré alcoolique semble bien présent), souple, fruitée et florale, avec ses notes d’herbes aromatiques variées. Rusticité de bon aloi pour une structure raisonnable.
10. Pierre Gaillard – Les Pierres 2000 :
DS14 – PC12 – PP14 – LG14. Note moyenne : 14 – Prix : 22 €
Encore une fois, nez ouvert, floral, souligné par des notes de framboise, de cerise confite, de terre, d’épices, d’agrumes. Enjôleur et finalement pas trop typé. A ce stade, le boisé vanillé est bien plus discret que chez Cuilleron.
La bouche bénéficie d’un gain fin, assez persistant. L’expression est certes florale, fruitée, mais elle reste un peu impersonnelle, plus « passe-partout », anonyme.
11. Pierre Coursodon – Le paradis St-Pierre 2000 :
DS14,5 – PC13,5/14 – PP13,5 – LG14. Note moyenne : 14 – Prix : 18 €
Le nez explore ici une expression fruitée très pure, très fraîche, marqué par des notes de framboise et de cassis (dans un registre toutefois moins appuyé que chez Villard).
Bouche bien enrobée, fruitée, poivrée, avec des notes de thym et de laurier. Densité moyenne pour une expression plus simple, plus banale, moins typée, plus lascive aussi. Le vin manque un peu de relief, d’évidence aromatique.
12. Bernard Gripa 2000 :
DS13,5 – PC13 – PP14 – LG14. Note moyenne : 13,5 – Prix : 17 €
Nez assez profond, plus retenu, qu’il faut aller chercher ; il décline alors des senteurs de violette, de réglisse, d’épices, de fraise, de framboise. Expression d’ensemble doucereuse, lactée, confiturée.
La bouche, de longueur correcte, est construite dans un style souple, un peu chaleureux. Ce relatif embonpoint dessert un vin plus alangui, manquant de tension, de vigueur.
13. Pierre Gonon 2000 :
DS15 – PC15 – PP14,5 – LG15,5. Note moyenne : 15 – Prix : 12 €
Robe un peu trouble
Nez assez explosif, typé, notes de cacao, de violette, de cerise, de framboise, de tapenade (verte plus que noire).
Bouche équilibrée, dotée d’un fruit très franc (griotte, groseille), sans fioritures, délicatement épicée. Vin guilleret, avec du caractère, ouvert, et surtout gourmand et frais !
Bon rapport qualité/prix.
Conclusion :
Bel ensemble pour ces vins issus de syrah dans l’ensemble mûrs offrant :
des nez sans retenue, souvent explosifs et capiteux
des bouches pas toujours très sophistiquées, peu puissantes et surtout peu racées (elles ne semblent pas pouvoir rivaliser avec les meilleures cuvées d’Hermitage ou de Côte-Rôtie) mais qui ont le grand mérite de s’avérer gouleyantes, dévoilant sans aucune retenue austère des structures mûres, pleines de caractère, convenant à merveille à la table
En termes d’accord, on verrait bien la gamme des tajines (sucré/salé, fruits secs, épices fortes et douces, …), en raison du côté oriental, aguicheur, sérieux mais relativement tendre de la plupart des vins.
Déception marquée pour le vin trop boisé de Cuilleron : les tannins sont plutôt assagis mais le vin manque de charme, de typicité et surtout de fruit.
Le boisé est moins dictatorial chez Gaillard et Villard.
Les prix ne sont eux pas vraiment tendres et parfois même (trop) élevés.