Dégustation de Suternes sur l’excellent millésime 1990. Le compte rendu sur le lien suivant:
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Le vendredi 14 décembre 2001.
Synthèse des commentaires de dégustation : Laurent Gibet
Quelques commentaires de contexte :
Les vins sont dégustés à l’aveugle.
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.
Des Sauternes de 10 ans, au classement variable, avec quelques vins pirates insérés.
DS : Didier Sanchez – PP : Pascal Perez – LG : Laurent Gibet.
Ordre de dégustation :
1. Château Rabaud Promis 1990 :
DS15 – LG14,5 – PP15. Note moyenne : 15 – Prix : 240 F
Robe brillante, jaune intense.
Le nez, qui trahit un botrytis intense, dévoile dans un bel ensemble complexe des notes d’œuf, de marmelade d’orange, de noix de coco, de figue, de miel, de poire, d’épices.
La bouche est grasse, avec des notes d’ananas confit et l’amertume du quinquina. Elle s’avère un peu lourde et manque de longueur. On peut reprocher à ce vin son côté monolithique, avec un manque de race et de finesse.
2. Vin « Pirate » – Sainte Croix du Mont : Château Loubens 1990 :
DS16 – LG15,5 – PP16. Note moyenne : 16 – Prix : 150 F
Robe brillante, de bonne intensité, quelques reflets verts.
Nez assez profond, très fruité, proposant des notes de noix de coco, de cédrat, de citron vert.
La bouche paraît plus nette que la précédente, dotée d’un fruit éclatant et d’une finale épicée (gingembre). Elle reste relativement fermée, encore jeune. On pourrait souhaiter un supplément de finesse et de complexité.
3. Château D’Arche 1990 :
DS17,5 – LG17 – PP17,5. Note moyenne : 17,5 – Prix : 210 F
Belle robe dorée, brillante.
Le nez décline des senteurs de fruits confits, d’épices douces, de noix de coco, de tabac blond, de pain d’épices, de zeste d’orange.
La bouche se révèle particulièrement réussie, vibrante, avec des notes de menthol, de café, de gingembre, et une amertume légère conférant une fraîcheur salvatrice. Aucune lourdeur pour ce vin racé, fin, équilibré, et long (15 secondes). Un vin plein, éclatant et, qualité rare pour un Sauternes, désaltérant !
4. Château Climens 1990 :
DS16 – LG15 – PP15,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 600 F
Belle robe dorée, brillante, quelques légers reflets verts.
Le nez propose des notes de calisson d’Aix, de café, de fruits blets, de lychee, d’épices (poivre, girofle). Il paraît plus évolué, avec une pointe de champignon.
La bouche est grasse, avec une finale épicée (poivre, gingembre). Il semble qu’on ait affaire ici à un vin plutôt fermé, dont la complexité ne s’exprime pas encore. On peut être toutefois surpris de ce côté paradoxalement déjà évolué.
5. Château Guiraud 1990 :
DS16,5 – LG16 – PP16. Note moyenne : 16 – Prix : 420 F
Robe brillante, moyennement intense, un rien évoluée (une couleur de suze).
Nez simple, peu bavard, rétif, au boisé plus marqué. Quelques notes s’échappent : ananas confit, marmelade d’orange.
La bouche est grasse, avec des notes de menthol et de caramel au lait, et toujours ce type de finale épicée. Elle est en l’état peu complexe, monolithique (avec un boisé encore présent dans le verre vide), avec un relatif manque de tension. Un vin à attendre.
6. Vin « Pirate » – Monbazillac : Château La Borderie « Cuvée Spéciale » 1990 :
DS14,5 – LG14 – PP14,5. Note moyenne : 14,5 – Prix : 140 F
Robe dorée, brillante, de bonne intensité.
Le nez est fermé et livre parcimonieusement des senteurs d’orange, de champignons, d’épices.
La bouche déçoit nettement : elle est lourde et alcooleuse.
7. Château Coutet 1990 :
DS15,5 – LG15,5 vers + – PP15,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 550 F
Beau doré brillant et limpide.
Encore un nez fermé, peu volubile. On détecte pour autant des notes de tabac, de fruits confits, de noix de coco, de caramel, d’orange amère. Beau boisé intégré.
Bouche encore simple, peu aromatique. L’équilibre et la longueur sont heureusement bien au rendez-vous pour un vin à attendre absolument.
8. Château Suduiraut 1990 :
DS15,5 – LG15 – PP16,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 350 F
Robe orangée, brillante, trahissant un début d’évolution.
Le nez offre des notes d’épices, de fruits blets, de safran, de raisin sec, d’orange amère. On l’aimerait plus net.
La bouche est concentrée, relativement simple, avec une finale un peu chaude et légèrement amère (zeste). Le passerillage semble plus marqué dans ce vin.
9. Château de Fargues 1990 :
DS15 – LG14 – PP14,5. Note moyenne : 14,5 – Prix : 550 F
Robe dorée, limpide, moyennement intense.
Le nez est particulièrement marqué par des notes de menthol, d’eucalyptus. Quelques notes complémentaires de fruits confits parviennent à peine à se frayer un chemin dans cet ensemble un peu pharmaceutique.
La bouche manque cruellement d’harmonie, avec plusieurs défauts cumulés : amertume, chaleur, lourdeur.
10. Château Lafaurie Peyraguey 1990 :
DS15,5 – LG15,5 – PP15,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 260 F
Robe moyennement intense, brillante, qui a résisté aux assauts du temps (aucun signe d’évolution n’est perceptible).
Le nez, très jeune, est encore renfrogné. Il délivre avec économie des notes de tabac, de fruits confits, de miel, de feuilles poivrées (une pointe de géranium ?).
La bouche est plutôt muette, juvénile (on pourrait penser à un 97), de concentration moyenne. A reprendre dans quelques années.
11. Château d’Yquem 1990 :
DS15 – LG – PP15. Note moyenne : Echantillon défectueux – Prix : 1500 F
Nez corrompu par des notes liégeuses. Manque évident de netteté aromatique.
La bouche est anémique et courte. Echantillon injugeable en l’état.
12. Château Lamothe Guignard 1990 :
DS15,5 – LG15 – PP16,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 210 F
Le nez décèle une pointe de réduction et quelques notes végétales.
La bouche reste relativement simple, avec ses notes de fruits confits. Peu démonstrative, elle est fine et fraîche, pour une longueur correcte, mais manque d’éclat en l’état.
13. Vin « Pirate » – Sainte Croix du Mont : La Chataigneraie « Tries spéciales » 1990 :
DS15,5 – LG15,5 – PP15,5. Note moyenne : 15,5 – Prix : 110 F
Robe brillante, où pointent quelques traces d’évolution.
Le nez est principalement souligné par des senteurs d’orange et d’épices.
La bouche est très marquée par une expression de fruits frais. De structure moyenne, elle sait rester fine mais finit un peu chaude.
Conclusion :
Une dégustation de bon niveau, mais on espérait mieux, étant donné la réputation des crus et le millésime. Il semble toutefois que les meilleurs vins, encore trop jeunes, se dégustent mal aujourd’hui.
1990 confirme la production de vins possédant une liqueur riche, concentrée.
On note une relative monotonie, structurelle et aromatique, lors de cette dégustation.
Les 2 Sainte-Croix-du-Mont tirent bien leur épingle du jeu.
Une surprise de taille pour un château d’Arche qui sort en tête.
Mille regrets pour un échantillon d’Yquem 90 suspect (déviation aromatique).