Le vendredi 12 janvier 2024
La dégustation est proposée par Hugo Le Panse puis commentée par Eric Ambiaud pour la séance du soir.
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 6 jours avant notre rendez-vous.
Cette dégustation s’est déroulée en deux séances : l’après-midi à 14h puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions du soir.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les vins sont dégustés sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – AA : Attila Aranyos – NC : Nicolas Chabot – HLP : Hugo Le Panse – HD : Henri Dubos – EA : Eric Ambiaud.
(Nombre total de dégustateurs : 19)
A l’ouverture : DS13
Après 5 heures d’aération : LG12 – AAED – NCED – HD13 – EA14
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : LGED – AAED – NCED – HD13 – EA13
Issue d’une sélection parcellaire de vieilles vignes, cette cuvée constitue le haut de gamme de ce domaine réputé de Cairanne. Si le nez indique des marques d’évolution, la matière est cette fois bien présente mais ne séduit pas. Trame alcooleuse, forte présence d’acidité volatile qui incite à penser que des “bret” ont contaminé ce vin nature. Une finale asséchante finit de nous décevoir.
A l’ouverture : DS15
Après 5 heures d’aération : LG15 – AA13 – NC14 – HD14,5 – EA15
Comme les précédents, l’aromatique révèle un vin évolué. Le vin reste frais, avec un grain fin, des touches d’épices. En fin de bouche, la sensation d’alcool donne une impression de chaleur, de vin “cuit”. Plus le vin s’aère, plus les notes de soja, de bouquet garni se font jour. Visiblement, un vin qui avait des qualités mais qui décline fortement.
A l’ouverture : DSED
Après 5 heures d’aération : LGED – AAED – NCED – HDED – EAED
Un vin court en bouche avec une finale asséchante, des notes de liège nous conduisent à penser à un vin bouchonné. Si ce dernier point n’est pas partagé par tous, il est clair que ce vin n’a pas évolué normalement. Il est jugé déstructuré, défectueux.
A l’ouverture : DS15
Après 5 heures d’aération : LG12 – AA13 – NC13 – HD13 – EA14
Un vin avec du jus mais sans complexité, rustique, asséchant. L’acidité hors norme pour un vin de cette région dérange. Comme le précédent, l’évolution n’est pas celle attendue pour des vins d’à peine plus de 10 ans.
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : LG15 – AA14,5 – NC15 – HD15,5 – EA15
Le dernier de ces deux séries est sans conteste le plus apprécié. Sans être exceptionnel, il affiche des notes de fruits rouges, des tannins grenus et une acidité un peu trop présente
Cépages : majorité de Grenache indique le site du domaine sans plus de précision.
A l’ouverture : DS16,5
Après 5 heures d’aération : LG16,5 – AA15,5 – NC15,5 – HD16,5 – EA16
Dès ce premier Châteauneuf, le niveau qualitatif fait un bond. Finesse du grain, alcool intégré, tannins soyeux et un joli nez donnent un vin charmeur, frais, avec une acidité légèrement trop présente.
Cépages : 80% Grenache, 10% Syrah, 5% Mourvèdre, 5% Cinsault
A l’ouverture : DS16
Après 5 heures d’aération : LG17 – AA16,5 – NC16,5 – HD16,5+ – EA16,5
Le nez indique un vin solaire avec des notes d’alcool. La matière est dense, complexe. Ce vin s’apprécie encore davantage avec l’aération. Un vin à la forte personnalité qui fait l’unanimité.
Cépages : 70 % Grenache, 20 % Syrah, 5% Mourvèdre, 5% divers
A l’ouverture : DS16,5
Après 5 heures d’aération : LG15,5 – AA15 – NC15 – HD15,5 – EA15,5
Vin austère, avec un boisé espagnol, “bourbon”, qui domine l’ensemble. Un style moderne qui ne convainc pas.
Cépages : 70% grenache – 17% mourvèdre – 10% syrah – 3% cinsault
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : LG18 – AA17 – NC17,5 – HD17,5 – EA17,5
Nez fin, élégant évoquant le cigare, les épices. Un très beau jus et une finesse du grain donne un vin brillant, charmeur combinant élégance et puissance.
Cépages : Les baies proviennent de “vignes de collection”, où de nombreux cépages sont complantés ce qui rend difficile d’identifier la part exacte de chaque cépage : grenache, vaccarese, counoise, mourvèdre, terret noir et muscardin. (source site du domaine)
A l’ouverture : DS15,5
Après 5 heures d’aération : LG16,5 – AA16,5 – NC16,5 – HD16 – EA16,5
Un nez de crème de cassis, une bouche fraîche accompagnée de notes de figues. Un vin élancé, prêt à boire qui reste cependant d’un niveau inférieur au précédent.
Cépages : 80% de grenache, 10% de syrah, 8 % de mourvèdre et 2 % de cinsault,
A l’ouverture : DS16
Après 5 heures d’aération : LG17,5 – AA17 – NC17,5 – HD17 – EA17,5
Une agréable présence de fruit malgré l’âge, des notes de graphite, une matière dense et un alcool bien intégré démontre le savoir-faire du domaine. Un vin cohérent, dynamique capable encore de vieillir.
Très belle 4ème série ou les dégustateurs sont partagés entre le charme des “Cailloux” et la classe du domaine Pierre André.
Cépages : 60% grenache, 15% syrah, 20% mourvèdre, 3% cinsault, 2% vaccarèse, 1% muscardin
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : LG17,5 – AA17 – NC17,5 – HD17 – EA17
La robe est davantage tuilée que les vins précédents. Belle évolution, complexe, un beau jus d’une grande finesse. Deux regrets, une finale légèrement sucrée et un peu courte.
Cépages : 100 % Grenaches (vignes centenaires)
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : LG17 – AA16,5 – NC17 – HD16 – EA16,5
Un équilibre parfait entre acidité et tannins. L’ensemble est cohérent et sans défaut mais manque de personnalité par rapport aux deux autres vins de la série.
Cépages : Grenache : 30% – Mourvèdre : 30% – Syrah : 10% – Vaccarèse, Terret Noir, Muscardin, Clairette, Picpoul, Picardan, Bourboulenc, Roussanne : 15% – Counoise : 10% – Cinsault : 5%
A l’ouverture : DS16,5
Après 5 heures d’aération : LG17,5 – AA17,5 – NC17,5 – HD18 – EA18
Un nez profond avec des notes de figue. Une matière impressionnante, ample et fine à la fois. La bouche reste fraîche car l’alcool est comme chez Pierre André parfaitement intégré. Une grande longueur confirme un vin avec beaucoup de classe avec encore un beau potentiel de garde. Si ses qualités sont reconnues, certains dégustateurs lui reprochent un côté strict, un manque du charme propre au Châteauneuf qui ferait davantage penser à un vin de Bandol.
Cépages : 80% Grenache, 20% Cinsault
A l’ouverture : DS16,5/17
Après 5 heures d’aération : LG16,5 – AA17,5 – NC17 – HD16,5+ – EA16,5
Changement de registre par rapport à Beaucastel. Nez fin, trame élégante, peu puissante mais ciselée rappelant les vins italiens à base de Nebbiolo.
Cépages : 100 % Grenache
A l’ouverture : DS17
Après 5 heures d’aération : LG17,5 – AA17,5 – NC18 – HD17,5 – EA18
Un fruit bien présent accompagné d’ une matière concentrée, équilibrée par un bon niveau d’acidité pour un pur grenache. Encore du potentiel de garde. Une agréable surprise pour ce domaine bien connu.
Cépages : 80% grenache, 20% syrah
A l’ouverture : DS(16?)
Après 5 heures d’aération : LG17+ – AA16,5+ – NC17 – HD16,5+- EA16,5 ?
Un énorme jus, des notes de chocolat, d’alcool et un nez camphré pour un vin très démonstratif. Malgré un début d’évolution, ce vin n’est pas prêt. A ce stade, il séduit moins que la cuvée de base mais mérite d’être rebu dans quelques années.
A l’ouverture : DS16,5
Après 5 heures d’aération : LG17 – AA16,5 – NC16,5 – HD16,5- EA17
Frais, sucré, délicat pour un vin muté dont le profil rappelle les VDN. Un vin gourmand avec des arômes de genièvre.
A l’ouverture : DS16,5
Après 5 heures d’aération : LG17 – AA16,5 – NC16,5 – HD16,5- EA17
Une robe légèrement rosée, des notes muscatées affirmées mais pas saturantes. Un muscat aérien en conformité avec le profil des Beaumes de Venise ou des muscats du Cap Corse.
Deux conclusions s’imposent à l’issue de cette magnifique dégustation. La capacité de vieillissement distingue nettement les vins de Châteauneuf-du-Pape des vins des autres appellations du Rhône sud. Si les six premiers vins ont eu du mal à tenir la distance dans le temps, aucun Châteauneuf n’a semblé en fin de course. L’écart ne concerne pas que l’aptitude à vieillir mais également la qualité générale des vins. Tous les vins de Châteauneuf dégustés affichent un niveau général élevé comme l’attestent les notes attribuées.
L’autre conclusion est la grande diversité des profils offerts. La palette comprend des vins charmeurs et fins jusqu’à des vins profonds, portés par un bel équilibre acidité-tannins. Un constat : le bois ne fait pas un mariage heureux avec le grenache comme le confirme la bouteille de Roger Sabon. Enfin, une confirmation : Brunel, Pierre André, Beaucastel et La Janasse restent des valeurs sûres.