Dégustation rare de beaux Xeres. Le compte rendu sur le lien suivant:

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Synthèse des commentaires de dégustation par Pierre Citerne .

Quelques commentaires de contexte (Xeres) :

• Les vins ne sont pas dégustés à l’aveugle .

• Nombre de dégustateurs : une vingtaine.

Ordre de dégustation :

1 – Williams & Humbert, fino « Pando » :

• Derrière sa robe pâle aux reflets verts, ce vin livre un nez bien typé, ample, avec des senteurs de noix fraîche, d’amande, de cheminée froide, de curry.

• La bouche grasse, parfumée et ample, finit sur des notes de noix et de gras de jambon.

2 – Gonzales Byass, fino muy seco « Tio Pepe ».

• Un nez puissant, plus minéral et plus austère que le précédent, évoque le bois brûlé et la noix verte.

• La matière grasse et parfumée se montre vive et très droite, avec des saveurs pénétrantes, fumées et iodées.

3 – VDT, domaine Vial-Magnère « Ranfio-Cino » (Banyuls, vin pirate servi à l’aveugle)

• D’un bel aspect doré brillant, ce vin livre une palette de senteurs exubérantes et complexes, certaines évoquant Xérès et vins jaunes (bois brûlé, iode, curry, viandox…), et d’autres plus fruitées indiquant la surmaturité (mandarine confite, mangue).

• La matière se révèle assez légère, mais très sapide (notes poivrées et fumées) ; un vin original, racé et de bonne longueur.

4 – Pedro Domecq, amontillado viejissimo « 51 – 1a »

• La couleur subtile de la robe rappelle le caramel et l’ambre. Il est assez difficile d’individualiser les arômes dans ce bouquet remarquablement complexe, piquant et fondu, ce sera également le cas pour les vins suivants, il évoque tour à tour le café, le viandox, la cire , le whisky d’Islay …

• La bouche, sèche et très acide, fait montre de beaucoup de puissance (tant aromatique qu’alcoolique) et de définition ; un style sans compromis.

5 – Emilio Lustau, Amontillado « Bodega vieja » spécial 100 ans

• Le centre du disque est caramel profond, la bordure reste pâle. Le nez puissant et viril, avec de la figue sèche et des notes animales de cuir, semble très fondu.

• Expressif, complexe et puissant en bouche, cet amontillado est arrondi par un peu de sucre résiduel, ce qui le rend plus abordable mais moins droit et intransigeant que le précédent.

6 – Osborne, rare sherry amontillado « Solera Primera ».

• Très belle couleur topaze.

• Le nez se montre très fin et extrêmement fondu, piquant, avec des notes organiques et fumées.

• Bouche droite, directe, longue, qui semble assez gracile, d’une superbe pureté aromatique ; l’alcool ressort en finale.

7 – Emilio Lustau, Almacenista Oloroso solera 1918.

• Teinte brune, bords ambrés.

• Nez complexe, riche, d’où émergent des notes de viande fumée et de noix.

• La matière puissante et grasse livre des flaveurs intenses de fruits secs ; la finale est chaleureuse.

8 – Pedro domecq, Oloroso viejissimo « Sibarita ».

• La robe est brillante, caramel au centre, couleur de fluorine sur les bords.

• Le nez est très distingué, complexe et éthéré, il dégage un flot puissant des senteurs épicées, médicinales, de noix, de fruits secs…

• La bouche, très longue et sapide, atteint un équilibre parfait entre le sucre (discret), l’acidité et l’alcool. Sa race, sa complexité et son élégance en font le plus beau vin de la soirée.

9 – Gonzales Byass, Palo Cortado muy viejo « Apostoles ».

• Robe ambrée assez sombre.

• Des notes puissantes d’écorce d’orange, d’épices, de fourrure annoncent une bouche pleine, riche, plus sucrée que les précédentes mais bien équilibrée par une vive acidité, beaucoup de personnalité et de vitalité.

10 – Osborne, rare sherry Oloroso « Solera BC 200 ».

• Le bouquet pénétrant et complexe, avec ses notes d’âtre refroidi, de cire et d’iode, parait très subtil mais aussi fragile, avec peut-être une pointe acescente.

• La matière, sèche et droite, presque agressive, livre des arômes pharmaceutiques, fumés, complexes et racés .

11 – Gonzales Byass, Oloroso dulce muy viejo « Matusalem ».

• La couleur évoque du jus de réglisse, de l’antésite.

• Le nez, profond, semble plus « rond » que les précédents : raisins secs, sauce soja, rhum, figue sèche…

• Malgré un fort pourcentage de sucre résiduel, la bouche se révèle droite et équilibrée, avec des flaveurs pénétrantes de café, de viande fumée et de zan.

12 – Pedro Domecq, Pedro Ximenez viejissimo « Venerable ».

• Dans le verre cela ressemble à du goudron, laissant sur les parois une pellicule sirupeuse opaque.

• Après un aspect aussi impressionnant le nez parait étonnamment frais, sans aucune vulgarité, avec des senteurs de raisin sec, de prune bleue, et même des notes florales.

• En bouche c’est du sirop, du sucre à l’état pur, tellement dense qu’on en oublie l’alcool ; ce « sirop » s’exprime pourtant sans agressivité, parfumé et caressant, il parvient même à convaincre certains dégustateurs que ses proportions hors normes n’empêchent pas une certaine forme de grâce.

Conclusion :

On ne peut que saluer la distinction et l’originalité de caractère de ces vins, qui malgré des équilibres différents (allant du très sec à l’ultra doux), partagent une typicité certaine, flamboyante dans son austérité. Il serait vain de s’acharner à individualiser des senteurs ou des flaveurs dans ces gammes aromatiques originales, puissantes et fondues ; leur réelle complexité peut évoquer certains vieux alcools : Armagnac, Whisky (Islay en particulier), avec des nuances fumées, iodées, de fruits secs… L’alcool, toujours très présent, est équilibré par la matière et la formidable puissance aromatique, l’acidité et le sucre résiduel, présents à des degrés divers, étant les deux autres éléments concourant à l’équilibre des vins.