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Horizontale millésime 1998 à Bordeaux
Le 05 Avril 2011
La dégustation, préparée par Didier Sanchez, s’est déroulée sur deux journées.
L’ensemble est commenté par Pierre Simon pour les séances d’après-midi et Laurent Gibet pour celles du soir.
Quelques commentaires de contexte :
Toutes les bouteilles, stockées pendant une longue période dans des conditions optimales, ont été placées dans une cave de service, à température adaptée, verticalement, 7 jours avant notre rendez-vous.
Chaque journée de dégustation se déroule en deux séances : l’après-midi à 14h15 puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions de chaque séance.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les notes de Didier Sanchez, présent l’après-midi et le soir, reflètent ces fluctuations ainsi que les siennes.
Les vins sont dégustés avec présentation à l’aveugle, par séries de 4, les vins sont dévoilés à la fin de chaque série. Les dégustateurs possèdent la liste des vins.
Les verres utilisés sont les « Expert » de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – LG : Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MS : Miguel Sennoun – PC : Pierre Citerne – MF : Maxime France – JMP : Jean Michel Perrussan – EG : Eddy Gautier – PS : Pierre Simon.
1ère partie :
Vendredi 15 avril 2011
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 15)
1. Saint-Emilion Grand Cru : Château Clos de L’Oratoire 1998
L’après-midi : DS14,5 – EG14 – JMP14. Note moyenne AM : 14,2
Robe burlat, un peu évoluée. Nez très ouvert sur la cerise, la paille, la réglisse. La bouche un peu mince manque de gras et les tanins restent un peu rudes. Le bois est bien intégré. Certes, ce vin manque d’envergure mais son fruité hédoniste est très plaisant et sert ici d’agréable prologue à la dégustation. La finale, où l’on découvre des notes fines de frangipane, m’invite à la bienveillance.
Le soir : DS13,5 – PC13 – LG14/14,5 – MS13,5. Note moyenne SOIR : 13,6
Marqué par l’élevage (boisé, chocolaté, fumé), ce vin réglissé et sanguin se dégradera au contact de l’air en se raidissant de plus en plus (et en séchant).
2. Pauillac : Château Lynch-Bages 1998
L’après-midi : DS16 – EG15,5 – JMP15. Note moyenne AM : 15,8
Robe burlat avec un disque violacé. Le nez est fermé, avec des soupçons d’arômes végétaux et viandés. L’évidence s’impose : ce vin est trop jeune. Mais l’on sent tout de même une matière importante qui ne demande qu’à se révéler, même si le bel équilibre de la bouche est interrogé par des tanins un poil asséchant dont le devenir peut paraître incertain.
Le soir : DS16 – PC16 – LG16,5 – MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,3
Nez vraiment peu volubile, délivrant des parfums modérés en intensité, sylvestres, de gelée de cassis, de sous-bois (terre, champignons, humus), de zan, de fumée. Très merlot pour le coup (le menthol pointant de plus en plus manifestement).
Belle enveloppe, un peu sévère mais cohérente, sans sécheresse coupable.
3. Saint-Emilion Premier Grand Cru Classé : Château Figeac 1998
L’après-midi : DS16 – EG15 – JMP16,5. Note moyenne AM : 15,8
Nez de cacao, de poivron mûr, de réglisse. Les tanins sont très fins, la bouche soyeuse, très douce, révèle des notes de fumée, de graphite. Nous hésitons beaucoup devant cette belle finale et le côté très classique de ce vin racé. En ôtant la chaussette : « Bon sang , mais c’est bien sûr …Figeac »
Le soir : DS15,5/16 – PC15,5 – LG16 – MS15,5/16. Note moyenne SOIR : 15,8
Nez particulièrement lactique, évoquant curieusement (mais de nouveau, comme le confirme le rappel ci-dessous) un vin à base de tempranillo (Ribera del Duero) : fruits rouges et noirs, beurre rance, cheminée, tabac, céleri.
Bouche possédant une belle enveloppe, de la tenue, encore monolithique, un peu duale (des airs de rive gauche par ses parfums, des allures de rive droite par sa texture – on se rappellera de toute manière que la distinction des rives, sur des vins plus ou moins jeunes, n’est pas chose aisée). Peut-être un peu moins en liberté que celle de Lynch-Bages.
Rappel – décembre 2009 (verticale Figeac)
Château Figeac Saint-Emilion Premier Grand Cru Classé B 1998
L’après-midi : DS15,5/16 – PR15,5 – CD16. Note moyenne AM : 15,8
(Philippe Ricard) : Robe grenat quelque peu brunie, très sombre, brillante, avec des nuances brique orangé.
Le bouquet prend joliment forme, avec distinction : cerise, poivron grillé, cendre, lard fumé, tabac, cèdre, notes balsamiques.
Vin plein, charmeur, gourmand même (encore une fois cette légère impression sucrée), déroulant avec harmonie ; pourtant, l’aération pointe progressivement des tanins un peu secs, virils, un brin sauvages, qu’une association à table aurait sans aucun doute mieux contenus
Le soir : DS16 – PC15 – LG15 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,4
(Pierre Citerne) : Nez viandé, volatil, fumé, avec des odeurs de piment rouge… qui ressemble un peu à un nez de tempranillo… Chaleureux en bouche, savoureux, assez jeune, un peu sec en finale
4. Pomerol : Château La Fleur Petrus 1998
L’après-midi : DS14,5 – EG14,5 – JMP15. Note moyenne AM : 14,6
Disque un poil orangé. Nez fermé de cerise, de fenouil avec des soupçons de fumée. Las, même si la bouche est équilibrée, elle manque de race et la sécheresse des tanins, l’austérité qu’elle affiche conduisent le dégustateur à oublier très vite ce vin un peu trop passe-partout.
Le soir : DS15+ – PC15,5 – LG15,5/16 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,4
Bel ensemble avec un début de notes tertiaires : cassis, bien sûr, pain et viande grillés, herbes aromatiques.
Mûr, ferme (mais avec une trace de sucre résiduel pour la douceur), élégant, de puissance moyenne.
5. Pessac-Léognan : Château La Mission Haut-Brion 1998
L’après-midi : DS17,5/18 – EG17 – JMP17. Note moyenne AM : 17,3
Robe éclatante de jeunesse, sombre, très brillante. Fermé au service, le nez se lâche peu à peu sur des arômes d’herbes, de graphite. La bouche est incroyable de puissance soyeuse. Beaucoup de finesse avant une finale qui va défier le temps. Vin magnifique ! La classe !
Le soir : DS17,5/18 – PC17,5/18 – LG18 – MS17,5/18. Note moyenne SOIR : 17,8
Olfaction puissante, racée, profonde, peu fumée à ce stade, très « Pauillac » : cassis, herbes aromatiques, graphite, cèdre.
Matière très dense (puissance de feu corsée), percutante mais fine et longuement savoureuse, magistrale par sa tenue en bouche, encore un peu martiale.
Illustration parfaite de la distinction des grands vins de cabernet-sauvignon.
Un roc, à attendre encore 10 ans pour qu’une queue de paon très imaginable puisse réellement se déployer.
6. Pauillac : Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1998
L’après-midi : DS16 – EG16 – JMP16,5. Note moyenne AM : 16,1
Robe sombre, un poil évoluée. Le nez est très beau, sur le poivron, le cèdre, le cigare. Noblesse du cabernet mûr. L’attaque est ronde, la bouche très douce, goûteuse; même si l’on peut lui reprocher de manquer un rien de largeur. Ce côté caressant nous le fait qualifier de féminin. Très bon vin qui n’a qu’un défaut : passer après La Mission.
Le soir : DS14,5 – PC13 – LG14,5 – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,1
Abords un peu inquiétants en raison d’une sensation de mauvaise récolte (dilution ?, raisins un peu verts ? ce serait un comble sur ce millésime généreux). Des symptômes passés inaperçus lors de la dégustation de l’après-midi, apparemment.
Ce sont en effet des notes simplifiées de végétal (poivron soutenu), de cassis, de réglisse qui se dégagent dans un ensemble simplifié peu emballant.
Matière maigre, brève, un peu amère, indigne de son pedigree (surchaptalisée ?). Un vin un peu fragile en tout cas, à protéger de l’air.
7. Margaux : Château Bel Air-Marquis d’Aligre 1998
L’après-midi : DS16,5/17 – EG17 – JMP16. Note moyenne AM : 16,6
Robe claire qui interroge dans cette série. Le nez tirant sur le café, l’orange sanguine, évoque un peu le grenache. La bouche est magnifique de finesse et d’élégance. Atypique…Exotique Marquis nous t’avons démasqué. Certes, tu divises notre assemblée mais je fais partie des inconditionnels.
Le soir : DS17+ – PC17 – LG16,5 – MS17. Note moyenne SOIR : 16,9
Expression à part, illustrée par des senteurs originales complexes : cassis, zeste d’orange, miel, menthe, céleri, bouillon de poule, champignons, paille, pruneau, figue (ce fruit figué de toute beauté, un peu comme dans le cas des vins d’Emmanuel Reynaud).
Substrat savoureux, fruité, svelte (un véritable faux maigre car une honorable longueur est bel et bien au rendez-vous). Idiosyncrasique comme il se doit (pas de fûts chez M. Boyer), prêt à boire (contrairement au corpulent et durable Mission Haut-Brion 1998). Et la confirmation d’une autre manière de faire du beau vin de Bordeaux, (salutairement) rebelle, soulageante.
Rappel (verticale du cru) :
Margaux : Château Bel Air-Marquis d’Aligre Grand Cru Exceptionnel 1998
L’après-midi : DS16,5/17 – PR16,5 – CD16. Note moyenne AM : 16,4
(Philippe Ricard) : Robe rubis, toujours un peu terne, avec une trace d’évolution brique sur les bords du disque.
On souligne toujours la complexité aromatique de ces vins peu ordinaires (encore une comparaison avec le pinot) même si, sur cet échantillon, le cabernet a davantage pris les devants, façon végétal « noble » (mélange de poivron rôti, d’herbe coupée, de roncier). Accompagnent aussi les pétales séchés, les fruits acidulés (groseille, cassis), dans un ensemble très frais.
Matière moins hédoniste, bâtie sans trop de chair ni de largeur, mais avec un caractère trempé, une rigueur un peu stricte, exigeante, une acidité terriblement salivante et cette petite vibration minérale, crayeuse, qui évoque l’esprit des chinons du domaine Lenoir… La finesse superlative et cette intense fraîcheur finissent par convaincre, même s’il est peut-être plus facile de préférer la pulpe et la générosité du style 2000…
Le soir : DS16/16,5 – PC16/16,5 – LG16 – MS16 – PM16. Note moyenne SOIR : 16,1
(Laurent Gibet) : Aspect plus éthéré, sanguin, pour des senteurs principales de poivron et de fruits à l’alcool.
L’alcool semble plus présent, ainsi que les tannins. Bonne densité mais composant plus épars, avec une certaine présence acide. En bref : moins finement unifié. Il faudra suivre son évolution.
8. Saint-Emilion Grand Cru : Château Grand-Mayne 1998
L’après-midi : DS14,5 – EG15,5 – JMP14. Note moyenne AM : 14,6
Robe brillante. Nez mentholé évoluant sur le viandox. Si le nez évoque le cabernet, la bouche ronde et minérale est résolument merlot. Ceci est correct mais l’on peut attendre plus qu’une fin de bouche réglissée un peu standardisée.
Le soir : DS14,5 – PC13 – LG13 – MS13,5. Note moyenne SOIR : 13,5
Banalité aromatique sous forme de senteurs de sous-bois, de menthe, de café, de fruits à l’alcool. Viandé, boisé, truffé.
Bouche un peu revêche (tannins quelque peu grossiers), sans charme particulier, un peu creuse et un peu sèche, peu articulée. Finale peu satisfaisante, marquée par trop de zan.
9. Saint-Julien : Château Léoville Las-Cases 1998
L’après-midi : DS17,5+ – EG17 – JMP17,5. Note moyenne AM : 17,3
Robe sombre, brillante, très intense. Senteurs de cassis, de griottes à l’eau de vie. On pressent la vendange bien mûre. La bouche est très douce, vanillée, presque sucrée mais la matière est là, élégante et fine. Belle finale. Très beau vin.
Le soir : DS16,5/17 – PC16 – LG16,5+ – MS16,5/17. Note moyenne SOIR : 16,5
Boisé encore marqué (un peu bourbon, selon Pierre) pour une présentation concentrée, charpentée, bien contrainte par l’élevage.
Goûts encore peu développés (graphite, réglisse, bouquet garni) dans une expression austère, de gros format, nullement prête à boire mais offrant du répondant, pour dans quelques années. Restons confiants …
10. Saint-Estèphe : Château Montrose 1998
L’après-midi : DS16,5 – EG16 – JMP16,5. Note moyenne AM : 16,3
Robe très belle qui commence juste à évoluer. A l’ouverture le nez est très poivron mûr allant sur les fruits noirs. L’attaque est un peu brutale et le milieu de bouche reste vif. La matière est là mais un peu dispersée. Un vin qui n’est peut être pas dans un bon jour ?
Le soir : DS15 – PC14,5/15 – LG15 – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,9
Toasté, fumée, gelée de cassis.
Volume moyen et un certain manque d’harmonie (et de la raideur, selon certains dégustateurs). Ici aussi, le vin semble fragile.
Rappels :
a. Château Montrose Saint-Estèphe 2ème Grand Cru Classé 1998 – décembre 2007
DS16 – PC16 – LG15,5 – MS15,5/16. Note moyenne : 15,8
(Laurent Gibet) : Notes herbacées (végétal) sur une fraîcheur orangée et mentholée.
Longiforme, il ressemble un peu au 2002. Corsé, frais, sans trop de coffre. Pas très long (finale pimentée).
b. St-Estèphe – Château Montrose 1998 : 22/04/10
DS17 – LG17 – MS16,5 – PR16,5/17. Note moyenne : 16,8
(Philippe Ricard) : A contrario de l’échantillon précédent, voici une robe très jeune, encore prune, concentrée, très sombre et brillante !
Nez marqué par le cabernet, faisant diverger les résultats entre le franc de Chinon (fraise, poivron rôti, graphite, cave humide) et le sauvignon de Bordeaux (cerise, cassis, résineux, cèdre, boîte à cigare, pointe de chocolat, menthol). Très belle expression en tout cas, sans parasitage boisé, avec un bel éclat du fruit.
Bouche très charmeuse (une de plus !), avec de la finesse, de la fraîcheur, du fruit, de la rondeur, un côté presque féminin qui évoque alors davantage la pulpe de St-Julien que l’austérité de St-Estèphe ! (Didier s’explique ce velouté par une forte présence de merlot, induisant son pronostic bien en Rive Gauche, mais sur un domaine qui joue cette carte).
Plantage général en ce qui concerne le millésime, la plupart des pronostics se rapprochant de 2006, le plus vieux en 2002 !!!
11. Pomerol : Château Lafleur « Les Pensées de Lafleur » 1998
L’après-midi : DS15,5 – EG15 – JMP15,5. Note moyenne AM : 15,1
Robe plus claire. Nez lacté, évoluant sur des notes de “Mon Chéri”. La bouche est minérale et révèle la paille. Bel équilibre. Vin agréable sans plus.
Le soir : DS16 – PC16/16,5 – LG16,5 – MS16. Note moyenne SOIR : 16,1
On se réjouit ici assez vite d’un nez plutôt enivrant (presque sudiste ?) composé de belles notes bordelaises : fruit confituré, herbes aromatiques, chocolat, havane. L’ensemble a de la gueule.
Bouche assez classique, dotée d’une belle franchise de fruit, saine, agréable à boire.
12. Saint-Julien : Château Léoville-Barton 1998
L’après-midi : DS16 – EG14,5 – JMP16. Note moyenne AM : 15,5
Robe sombre et brillante. Nez de cassis et de bouillon de viande. L’élevage est très beau et le boisé bien intégré. La bouche est vive mais manque un peu de consistance tout comme la finale.
Le soir : DS16 – PC16,5 – LG16 – MS16. Note moyenne SOIR : 16,1
Elevage de qualité pour des exhalaisons plaisantes, épicées.
En bouche, on profite d’un beau jus fruité et réglissé, très abordable, mais d’assez petite constitution pour totalement convaincre.
13. Saint-Emilion Premier Grand Cru Classé : Château Troplong-Mondot 1998
L’après-midi : DS15 – EG16,5 – JMP14,5. Note moyenne AM : 15,3
Robe grenat sombre, très jeune, très brillante. Le nez d’abord timide se lâche peu à peu sur des notes de cerise, de paille, de menthe. La bouche un peu austère évolue sur la fumée, la crème de cassis. Ici aussi la vendange est mûre et la matière gage d’une longue garde. Jolie finale.
Le soir : DS14,5 – PC14,5 – LG15+ – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,6
Robe jeune, en effet. Un vin peu facile à cerner, resserré, monocorde, assez riche, encore simple gustativement parlant (beaucoup de zan dans une finale un peu dure).
14. Pessac-Léognan : Château Smith Haut-Lafitte 1998
L’après-midi : DS15 – EG14 – JMP16. Note moyenne AM : 15
Robe avec un disque un peu évolué. Le nez de réduction évolue sur le moka, la fumée, le grillé. La bouche est mince, sudiste, évoquant la syrah. Ce vin nous a un peu divisé.
Le soir : DS14 – PC(14) – LG(14) – MS(14,5). Note moyenne SOIR : 14,1
Un doute s’installe assez vite en raison de la présence de notes liégeuses douteuses.
A part cela, on distingue un profil de Pessac (fumée, bouse, mais en mode atténué) et la matière, peu unie, peu claire, sensiblement alcoolisée, difficile, sans grâce semble confirmer un défaut de flacon.
15. Pomerol : Château L’Evangile 1998
L’après-midi : DS16,5 – EG15,5 – JMP16. Note moyenne AM : 16
Robe très sombre. Nez réduit qui évolue sur le cassis, la réglisse. L’attaque doucereuse manque d’élégance et me fait douter de son équilibre. Le temps reprend les choses en main et permet de profiter d’une matière imposante et fine. Vin étonnant qui a vu ma note évoluer de 14 à 16.
Le soir : DS17+ – PC17 – LG16,5/17 – MS17. Note moyenne SOIR : 16,9
Très beau bouquet de grand cabernet-sauvignon, mûr, épanoui, disponible (écurie Lafite, ne l’oublions pas).
Matière conséquente, sur un grain appréciablement fin. Finale de qualité, juteuse (même si un peu austère), réglissée, malgré une très sensible charge alcoolique (signant de fait plus le merlot) n’annulant pas le tonus.
16. Saint-Emilion : Château Magdelaine 1998
Uniquement le soir : DSED – PCED – LGED – MSED. Note moyenne SOIR : ED
Déception ce soir sur ce vin apprécié il y a peu pourtant.
Le nez est dévalorisé par des inflexions blettes, brûlées. Son aspect patibulaire est renforcé par d’inhabituelles et contestables notes lactées, du genièvre, du camphre.
Sur cette bouteille proposée en aveugle par Pierre ce soir, la bouche (à la finale piquante) s’avère sans véritable socle, anormalement précaire.
Rappel : Saint-Emilion château Magdelaine 1998 : 15,5/16 – 25/3/07
(Laurent Gibet) : Le vin pourvoie des notes très mûre de goudron léger, de fruits noirs et rouges (cerises confiturées, mûre, fraise). Pointe d’amande qui fera penser à un supertoscan à dominante merlot. Bouche dans un style intransigeant, opulent (alcool), avec en même temps pas mal d’acidité et de tannins un brin accrocheurs (l’Italie plane dans les esprits, encore). Une approche costaude proposée ici par le géniteur de Petrus. Gros potentiel pour vin pas si solaire que cela.
17. Haut-Médoc : Château Sociando-Mallet 1998
L’après-midi : DS16,5 – EG16. Note moyenne AM : 16,3
Robe très sombre. Joli nez de cabernet sur le poivron rôti, le cèdre, le tabac. La bouche est mûre mais fraîche, très juteuse. Voilà un vin harmonieux et gourmand qui fait plaisir à boire aujourd’hui sans hypothéquer son intérêt pour demain.
Le soir : DS15,5 – PC15 – LG15,5 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,4
Olfaction assez joviale (un peu comme sur certains Médocs 1996) : cassis, tabac, herbes aromatiques, réglisse, piment d’Espelette, poivron (en nuances réussies).
Matière de qualité, appliquée. Prestation sérieuse, techniquement irréprochable, sans peut-être ni la finesse ni la concentration des meilleurs vins. Longueur convenable, à tout le moins.
18. Pomerol : Château Le Bon Pasteur 1998
L’après-midi : DS14,5 – EG15 – JMP15. Note moyenne AM : 15
Robe sombre. Nez animal, pruneaux, un peu cuit. Bouche juteuse mais qui reste un peu lourde. Un peu décevant.
Le soir : DS10 – PC10 – LGED – MSED?. Note moyenne SOIR : 10 ou ED?
Nez trop boisé, très animal, au fruit trop cuit. Pas folichon, cet incipit dans lequel on ne dépiste pas grand chose de favorable, aromatiquement parlant.
Structure flasque, cruellement plate, déjà passablement délitée. Tari, anormalement vieillard, tant par ses arômes que par sa trame. Faut-il un problème de bouteille ?
19. Saint-Emilion Premier Grand Cru Classé : Château Monbousquet 1998
L’après-midi : DS16 – EG16,5 – JMP15. Note moyenne AM : 15,8
Robe sombre. Nez de moka. Malgré un boisé insistant, belle bouche mûre. Vin un peu techno.
Le soir : DS14 – PC12,5 – LG13 – MS14. Note moyenne SOIR : 13,4
Boisé de foire, surdimensionné, chocolaté. Cela commence mal avec un vin comme en quête éperdue de sensationnel.
Et cela continue avec une trame très mûre, alcoolisée, à la fois riche (presque sucrée) et anguleuse. Il semble que l’on ait ici à faire à une matière sur-sollicitée, qui part déjà dans le décor.
20. Saint-Julien : Château Gruaud-Larose 1998
L’après-midi : DS16 – EG16 – JMP16,5. Note moyenne AM : 16,1
Robe assez jeune. Nez un peu sauvage. Bouche fine et belle buvabilité ce qui est un plus en fin de dégustation.
Le soir : DS15,5+ – PC15,5 – LG16 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,6
Très beau nez de cabernet, poivronné (dans le bon sens du terme), légèrement animal, corsé.
Structure appréciable, finesse de grain, prolongement (et en effet plus de poids que dans le cas de Sociando-Mallet).
21. Saint-Emilion Grand Cru : Château Le Tertre-Roteboeuf 1998
L’après-midi : DS14 – EG15 – JMP15. Note moyenne AM : 14,6
Robe évoluée. Nez fermé libérant quelques notes de menthol à l’aération. La bouche est douceâtre et déséquilibrée. La vendange très (trop) mûre suscite vite la lassitude. Trop sudiste pour être bordelais.
Le soir : DS15? – PC(15)+ – LG15,5 – MS16. Note moyenne SOIR : 15,4
Version très mûre comme attendu : confiture de fraise, chocolat, champignons, presque truffe.
Matière dense, suave, un peu extrême et sans grand relief mais du moins pas tuée par un élevage inconséquent. Il faudra suivre son évolution.
Gaillac Domaine d’Escausses vendanges dorées 2001
LG16,5
Nez magnifique, encore plein de jeunesse fruitée. Il peut rappeler à la fois celui d’un Jurançon et celui d’un Layon : ananas, mangue, inflexions truffées mais aussi gelée de coing et girofle.
Rasades parfumées, savoureuses, friandes, persistantes. L’acidité ne semble ni celle du manseng ni celle du mauzac. La preuve renouvelée que l’on peut réaliser de splendides (et bon marché) liquoreux près du Tarn (sur ce grand millésime favorable).
Conclusion de l’après-midi (par Pierre Simon)
S’il était besoin de le confirmer, 98 est une année de grande maturité. Nous avons trouvé des matières rondes et parfois un peu sucrées dans les bouteilles. Ceci reste pour moi la marque du millésime.
Eliminons d’abord les vins qui, suscitant des avis trop différents, me laissent perplexe et peu enclin à un avis tranché qui demanderait de les regoûter (y compris les deux groupes ensemble). Je pense en particulier à Comtesse de Lalande. Je mets aussi dans ce groupe Bel Air Marquis d’Aligre dont même les plus fervents supporters (ils sont nombreux à IVV) reconnaissent un exotisme qui peut surprendre voire susciter le rejet.
Unanimité par contre pour placer La Mission Haut-Brion haut sommet, sans contestation. Et le reste ?
Personnellement, j’ai mal noté les vins qui manquaient de fraîcheur (vendangés trop tard ?). Les bouches doucereuses me gênent déjà dans le sud, alors à Bordeaux….Je parle du Tertre-Roteboeuf mais aussi de Bon Pasteur.
Les très bons vins ont tous une matière importante sans être massifs et gardent assez de fraîcheur pour être digestes. Je classe ici Lynch-Bages, Figeac, Montrose et Las Cases.
L’Evangile est bon mais ne tient pas la comparaison devant la Mission.
Le reste pourrait être qualifié de bon (ce qui à ce niveau de prix est un peu décevant ): L’Oratoire que j’ai dégusté le premier et noté à l’ouverture, La Fleur Petrus, Les Pensées de Lafleur, Barton – dont j’attendais mieux – et Gruaud Larose.
Excellent rapport qualité prix pour Sociando (ce n’est certes pas une surprise).
Enfin Monbousquet et Grand-Mayne dont on a peut être exigé des performances qu’ils ne pouvaient pas atteindre et qui, raides et sans âme, expriment les défauts d’une époque que nous espérons révolue.
Conclusion du soir (par Laurent Gibet)
Les expressions sont sans conteste bien mûres, sur ce millésime qui commence lentement à de dévoiler..
Il n’est pas aisé de statuer sur une quelconque suprématie des vins provenant du Libournais (grand millésime annoncé par les médias, sur cette rive).
J’avoue une préférence générale pour le cabernet, encore plus dans ces années mûres (le merlot se montrant plus capiteux, plus rond, moins vertébré). Mais il faut rester prudent en rappelant, une fois de plus, que la distinction des rives n’est pas triviale (surtout quand le cabernet-franc s’en mêle, sur St-Emilion ou Pomerol)..
Mission Haut-Brion (cadenassé, matière énorme) domine cette série : il apparaît comme le seul grand vin, monumental, à 18/20 en potentiel (rendez-vous dans 10 ans désormais). On note d’autres belles réussites, sur des domaines réputés (dont Las Cases et l’Evangile) et une déception notable (Pichon Comtesse, qui fut bien accueilli lors de la session de l’après-midi, ne l’oublions pas).
Bel Air Marquis d’Aligre, prêt à boire, permet une alternative (rare) à une oenologie un peu uniformisée.
En style moderne (que l’on m’autorise ce raccourci), Tertre-Roteboeuf convainc plus que Monbousquet (qui semble éphémère).
Un doute subsiste sur la représentativité du Bon Pasteur (et aussi sur Smith Haut-Lafitte).
2ème partie :
Mercredi 20 avril 2011
Uniquement le soir, cr par Laurent Gibet :
22. Margaux : Château du Tertre 1998
DS14 – PC13,5 – LG14,5 – MS14,5 . Note moyenne : 00
Nez typique de Bordeaux (viande grillée, cassis, herbe, réglisse). Volume moyen mais finesse de trame acceptable avec ce qu’il faut de nervosité. L’évolution et la maturité, en écho à la dernière dégustation au club, me feront proposer Haut-Médoc 1998.
23. Médoc : Château Potensac 1998
DS15 – PC15 – LG14/14,5 – MS15,5 . Note moyenne : 00
Très mûr (accents sudistes, presque), alcoolisé, animal, tonalités végétales, chocolat/menthe, finale un peu rêche. Les avis divergent : Toscane ?, Languedoc ?, merlot ?, malbec ?.
En bouche, on trouve un jus tonique, franc, un peu rustique à mon goût (Castillon ?).
24. Côtes de Bourg : Château Fougas « Maldoror » 1998
DS13 – PC12 – LG13 – MS13 . Note moyenne : 00
Le verre est malheureusement envahi par le bois, renforçant peut-être ainsi l’expression fumée (Graves ?). Notes de moka, de terre battue et grosse réglisse.
Matière tannique, si peu élégante, quasi madirannaise.
25. Pomerol : Château Cantelauze 1998
DS15,5 – PC15/15,5 – LG15 – MS15,5/16 . Note moyenne : 00
Très nettes inflexions empyreumatiques, comme à Pessac (sans oublier pinotage sud-africain, comme le souligne justement Pierre). Toasté, mûr, un chouia animal mais accueillant. Bouche svelte, de corps moyen mais balancée par une acidité idoine, exprimant une certaine joie de vivre (1996 ?). Très fumé pour un Pomerol (comme dans le cas du 1997 rencontré il y a déjà fort longtemps).
26. Moulis en Médoc : Château Poujeaux 1998
DS12,5 – PC(13) – LG13,5 – MS14 . Note moyenne : 00
Poivron, cassis, décoction d’herbes aromatiques : tous signes bordelais.
Bouche rugueuse, amère, terne, mince. Pensé Haut-Médoc 1999, genre peu folichon.
27. Haut-Médoc : Château d’Arsac 1998
DS13? – PC(ED) – LGED – MSED . Note moyenne : 00
Robe particulièrement pauvre en pigments colorés.
Senteurs d’after eight, d’anis, de poivron, de genièvre.
Matière comme friable, enlaidie pas de notes liégeuses fâcheuses (vilaines mais pas totalement disqualifiantes pour tous mes camarades de jeu).
28. Pomerol : Château la Croix Toulifaut 1998
DS15 – PC15 – LG15 – MS15,5 . Note moyenne : 00
Expression boisée/lactée, riche (fruits à l’alcool), séveuse, un peu rustique (Castillon ?). Du corps pour ce vin qui serait à l’aise à table sur une viande grillée, assurément.
29. Pomerol : Château la Pointe 1998
DS12 – PC12 – LG13,5/14 – MS12,5 . Note moyenne : 00
Cèdre, menthe, paille pour les arômes semblant générés par une dominante de cabernet-sauvignon). Minceur (maigreur) et rusticité au programme d’une expression modeste mais potable (certains la trouveront tannique d’autres fluide). Je l’ai imaginée possiblement issue du Marmandais (chante-coucou d’Elian da Ros).
3ème partie :
Vendredi 13 mai 2011
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 14)
30. Saint-Emilion Grand Cru : château Larcis-Ducasse 1998
L’après-midi : DS13,5/14 – PR13 – PS14. Note moyenne AM : 13,3
Robe claire, légèrement évoluée. Nez sur le fruit rouge. Bel élevage. La bouche mince, ne suit pas avec des notes végétales, et une finale un peu asséchante.
Le soir : DS13 – LG13,5 – MS12,5 – MF11,5. Note moyenne SOIR : 12,6
Robe brunie.
Senteurs mûres, évoluées : gelée de cassis, pot-pourri, viandox, herbes aromatiques.
Matière trop légère, qui décroche en finale. Petit et bref message gustatif pour un vin qui a anormalement trop tôt tiré sa révérence.
31. Pomerol : château Beauregard 1998
L’après-midi : DS13,5/14 – PR16 – PS16,5. Note moyenne AM : 15,5
Robe brillante. Au nez, une pointe d’anis, de menthol, de cèdre. Le bouche est ronde, fruitée, très juteuse. Le boisage bien intégré. Belle finale. Didier n’apprécie pas le boisé lacté ainsi que la côté “crémeux” du vin.
Le soir : DS12 – LG13 – MS14 – MF12,5 . Note moyenne SOIR : 12,9
Nez boisé, lacté, composé de notes de fruits confiturés (cassis, figue) avec une touche de cigare.
Matière peu goûteuse, un peu grenue et alcoolisée (un peu sèche aussi). Bref, pas la grande classe.
32. Saint-Julien : château Lagrange 1998
L’après-midi : DS14 – PR13,5 – PS15,5. Note moyenne AM : 14,3
Robe burlat sombre. Nez fermé qui peu à peu libère des notes de poivron, d’herbes sèches. Belle matière qui peut attendre encore quelques années avant de donner tout le plaisir que l’on peut en attendre.
Le soir : DS14 – LG14,5 – MS14,5 – MF13,5. Note moyenne SOIR : 14,1
Cassis, graphite, menthe, sous-bois pour évoquer en priorité e Libournais.
Tannins espacés, peu fondus. Matière ferme, avec de la mâche, un peu monocorde/rudimentaire, sans grand dénivelé aromatique.
33. Saint-Julien : château Léoville-Poyferré 1998 – 00°
L’après-midi : DS14,5 – PR15 – PS16 +. Note moyenne AM : 15,1
Robe sombre avec un soupçon d’évolution. Le fruit est étayé par des arômes de réglisse douce qui, à l’aération évolue sur le poivron. Je parie pur la rive gauche dans une appellation « masculine ». La bouche un peu carrée confirme mon choix. La matière est riche mais la finale un peu stricte semble imposer la garde.
Le soir : DS15,5 – LG15,5 – MS15,5 – MF15,5+. Note moyenne SOIR : 15,5
Nez intéressant délivrant des odeurs de moka, de fruits à l’alcool, de réglisse.
Bouche tannique, austère, peu nuancée, avec un sensible déficit de matière.
34. Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé : château Beau-Séjour Bécot 1998
L’après-midi : DS15 – PR15,5 – PS16. Note moyenne AM : 15,5
Nez épicé avec des notes de poivron grillé. Le jus est frais, hédoniste. La matière belle. Joli vin.
Le soir : DS14,5 – LG14,5 – MS14 – MF13. Note moyenne SOIR : 14
Nez délicat, floral, possédant un certain attrait exprimant le cassis, les fruits à l’alcool, la menthe.
Matière mûre, juteuse mais qui manque un peu de coffre.
35. Saint-Emilion Grand Cru Classé : château Pavie-Macquin 1998
L’après-midi : DS(13) – PR13 – PS14. Note moyenne AM : 13,3
Le fruit compoté, la robe sombre préfigure une vendange mûre. La bouche est ronde caressante, la finale est belle avec une sensation sucrée. Nous sommes en présence d’un vin « moderne ». La matière est gâchée par une maturité à la limite de la cuisson. Vin exubérant mais lassant.
Le soir : DS(14,5?) – LG(15) – MS14 – MF14. Note moyenne SOIR : 14,4?
Nez fortement boisé, monobloc, impliquant principalement de la cerise, du cassis, de la réglisse. Un dégustateur le comparera à celui d’un Priorat (grenache/carignan, au fruit crémeux presque cuit, dominé par un élevage très appuyé, flirtant avec le bourbon).
Bouche démonstrative, rentre-dedans, très sollicitée (extraite), jeune certes mais ne procurant qu’un plaisir très limité (on notera sa présentation bien rébarbative à l’ouverture). On y constate heureusement une appréciable préservation de la fraîcheur.
Jugement réservé, donc, comme il y a quelques années à Vannes, et évolution à suivre pour ce style moderne, qui me paraît vraiment tenter le passage en force, mais qui a ses amateurs.
Rappel : St-Emilion Château Pavie-Macquin 1998 : 14,5/20 – 18/11/06 (LG)
Boisé démonstratif : café, bourbon (on pense à du chêne américain), épices cacaotées, fruit profond (cassis), réglisse, havane. Peu harmonieuse et plaisante, la matière est relativement tannique, puissante, un poil alcooleuse et rustique. Ses goûts de bonbon acidulé et de piment peuvent entraîner vers Rioja. Selon un dégustateur, ce vin possède un caractère hermaphrodite (et la bouteille peine un peu à se vider) … J’avais déjà eu l’occasion de peu apprécier un Pavie-Macquin 97, vraiment trop boisé (on avait pensé à un californien). Des amis m’ont dit l’avoir pour autant regoûté bien mieux quelque temps plus tard. A suivre, donc !
36. Saint-Estèphe : château Cos d’Estournel 1998
L’après-midi : DS17 – PR17 – PS17. Note moyenne AM : 17
Arômes de réglisse, de viande grillée. La bouche est ronde mais fraîche. Les tanins sont très fins. Un vin élégant. Très long.
Le soir : DS17,5 – LG16,5/17 – MS16,5 – MF17. Note moyenne SOIR : 16,9
Ensemble de caractère, organique, floral, empyreumatique, comme à Pessac : cassis, pain grillé, havane, et même bouse de vache (puristes du goût, ne vous affolez pas, ce n’est ici pas un défaut de mon point de vue).
Matière ciselée, hédoniste, déliée, plutôt longue, d’une agréable harmonie structurelle. Esprit oriental enjoué (à l’image du chai/château) et prêt à boire.
37. Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé : château Angélus 1998
L’après-midi : DS17 – PR17,5 – PS18. Note moyenne AM : 17,5
Joli nez viandé avec des notes de moka et de cèdre. La bouche est énorme mais très équilibrée. Puissance et finesse. Un vin qui honore son terroir. Bravo !
Le soir : DS17,5 – LG17+ – MS17,5 – MF17,5. Note moyenne SOIR : 17,4
Beaux ingrédients aromatiques sous la forme de notes très médocaines : cassis, graphite, cèdre, herbes aromatiques. Une lichette de menthe et de cigare cubain, en complément.
Jus impressionnant, d’une grande sérénité, très jeune (avec beaucoup de réserve), cohérent, fin, très long. Bien plus ramassé que Cos et pour l’ensemble des dégustateurs présents bien supérieur à Pavie-Macquin en termes de variété aromatique et de qualité de toucher de bouche. En gestation, mais d’une puissance maîtrisée respectable et fort délectable.
Rappel : Angélus Saint-Emilion 1er cru classé B en 1998 – avril 2007 (verticale)
DS AM16,5/17 – DS SOIR16 – PC15,5 – LG17 – MS17 – PR15.
Note moyenne AM : 15,8 et SOIR : 16,7 – Prix : 142 €
L’après-midi : Philippe Ricard
Robe mate, toujours moyennement fluide, d’un rubis profond, très sombre, avec quelques particules noires en suspension.
Le nez ne « pète » pas vraiment. Si la cerise et une pointe d’alcool confirment le caractère mûr du merlot, on note également une signature herbacée (herbe sèche, paille), et toujours ces sempiternels parfums de confiserie (caramel, chocolat). Par contre, le boisé est nullement décelable.
En bouche, l’élevage se confirme par ses notes de confiserie, l’alcool perçu au nez également (cerise à l’eau de vie), de même que la maturité du fruit (cerise mûre), donnant à l’ensemble un caractère bien merlot. Le corps est moins large que les précédents, un peu plus strict, avec une fraîcheur (menthol) donnant une légère dureté à l’ensemble. Les tanins sont un peu moins ronds, asséchant quelque peu la matière. La finale confirme cette dernière impression, et malgré une belle longueur, laisse une certaine sensation de sécheresse en bouche.
Il est probable que le vin soit fermé à ce stade. Est-ce un besoin d’aération ou un passage que beaucoup de vins de garde connaissent ?
Le soir : Laurent Gibet
Robe intense mais un peu plus mate.
Olfaction profonde, corsée, racée. Le kiosque à odeurs est complexe : minéral, havane, rose ancienne, figue, poivre, réglisse.
En bouche, c’est de la belle ouvrage : on se régale d’une production qui rappelle un peu le 2000, raisonnablement riche (cossue mais pas crémeuse), délectable. Longueur et relative fraîcheur complètent ce tableau d’excellence.
38. Pomerol : château L’Eglise-Clinet 1998
L’après-midi : DS17? ou ED – PR17? – PS16. Note moyenne AM : 16,7 ou ED?
Nez mentholé. Tout est correct dans ce vin mais il manque d’esprit, sans que l’on sache trop pourquoi on ne le remarque pas et l’on sait déjà qu’on l’oubliera.
Discussion sur cette bouteille. Je soutiens qu’il n’y a pas de problème de bouchon même si l’on peut s’interroger sur des notes hésitantes.
Le soir : DSED – LGED – MSED – MFED. Note moyenne SOIR : ED
Figue, fumée légère, estragon, cassis mais l’ensemble est couvert par une note suspecte.
Substrat bousculé, en effet, pour des goûts floutés. Bouteille problématique, certainement.
39. Margaux : château Palmer 1998
L’après-midi : DS17,5+ – PR17,5 – PS17,5. Note moyenne AM : 17,5
Eucalyptus. Petite note de cave qui se disperse à l’aération. Presque fleuri. La bouche est soyeuse, élégante. Très classe même si je garde un demi point pour pénaliser la finale qui se termine avec une touche de sucre. Un très beau Margaux.
Le soir : DS18,5 – LG18 – MS18 – MF18. Note moyenne SOIR : 18,1
On va vite retrouver ici la beauté du vin apprécié lors de la verticale.
Olfaction profonde, de belle classe médocaine, encore jeune mais racée : cassis, graphite, herbes aromatiques, réglisse altière.
Bouche dense, fine, généreuse mais parfaitement équilibrée, qui se déroule longuement, en toute tranquillité, sans paraître forcer, justement. Le vin semble pleinement bénéficier des largesses et vertus du merlot, sur ce millésime. Confirmation d’un grand et beau Palmer.
Rappel : Château Palmer 1998 – janvier 2011 (verticale)
(52% Merlot, 43% Cabernet-Sauvignon, 5% Petit Verdot)
L’après-midi (Pierre Simon) : DS18,5/19 – PS18. Note moyenne AM : 18,4
Robe grenat tirant sur l’orange en bordure. Magnifique nez de cèdre, de gibier, évoluant sur la truffe. Bouche puissante, large, tendue par des tanins ronds et veloutés. La finale est énorme. Chapeau bas messieurs….un ange passe.
Le soir (Maxime France) : DS18,5/19 – PC17 – LG17,5 – MS17,5 – PM17,5 – MF17,5. Note moyenne SOIR : 17,6
L’élégant bouquet nous livre des fragrances variées de mûre mûre(!), d’estragon, de graphite et de viande. En bouche la matière est de grande qualité, de niveau 1er cru classé pour certains, fine, soyeuse, elle se montre aussi extrêmement savoureuse et dotée d’un grand velouté de tanins. Un vin complet, une superbe bouteille! A noter cependant que le fond de bouteille regoûté en fin de soirée se montrait assez sec, ayant perdu en chemin une bonne partie de sa suavité…
40. Saint-Emilion Grand Cru Classé : château Canon La Gaffelière 1998
L’après-midi : DS14 – PR13,5 – PS15. Note moyenne AM : 14,1
Nez de graphite, de réglisse vanillée. Bouche crémeuse, ronde. Belle matière mûre (trop?) avec une pointe de sucre en finale.
Le soir : DS16 – LG16 – MS16 – MF16,5. Note moyenne SOIR : 16,1
Nez de grande maturité, compoté : cassis, pruneau, réglisse. Le bois est encore bien présent, malheureusement.
Concentré mais relativement fin, moderne aussi, riche, charpenté, séveux et suave, pour une finale un peu chaleureuse. Plus posé, il s’aborde mieux que Pavie-Macquin à ce stade d’évolution (et il a apparemment besoin d’air, également).
41. Pessac-Léognan : château Haut-Bailly 1998
L’après-midi : DS15,5/16 – PR15,5/16 – PS17. Note moyenne AM : 16,1
Nez pas très en place, hésitant. L’attaque est très fraîche. Matière très élégante pour un joli vin de demi corps.
Le soir : DS15 – LG14,5/15 – MS14,5 – MF14. Note moyenne SOIR : 14,6
Nez juvénile, encore très hanté par l’élevage.
Matière peu distinguée, un peu trop extraite, pour une finale chaude, manquant de gras. Le caractère fumé des vins de Pessac est bizarrement absent.
42. Vin pirate : Bandol – château Pradeaux 1998
L’après-midi : DS16 – PR15,5 – PS13. Note moyenne AM : 14,8
Nez sur le fruit cuit, figué, une pointe d’orange nous fait penser à un grenache. La bouche est très ferme avec des tanins qui pour certains signent un mourvèdre. Elle révèle des notes de garrigue et de girofle. Unanimité du groupe autour d’un vin pirate (grenache ? mourvèdre?) Didier propose même Pradeaux. Un beau vin de table handicapé par la rudesse des tanins en dégustation pure.
Le soir : DS15 – LG14 – MS14 – MF14,5 . Note moyenne SOIR : 14,4
Pas facile de décréter d’emblée que ce vin est un pirate.
Le nez est corsé, foxé, miellé, un peu comme dans le cas de Bel Air Marquis d’Aligre. Notes complémentaires de champignons, de poivre.
Matière moyennement concentrée, assez solaire, tannique. Peu remarquable, peu fine, de fait. Pas toujours facile, le Bandol.
43. Saint-Julien : château Ducru-Beaucaillou 1998
L’après-midi : DS14,5 – PR13,5 – PS15. Note moyenne AM : 14,3
Arômes de menthol, de cassis. La bouche un peu raide manque un peu de chair. Finale avec toujours cette touche sucrée.
Le soir : DS15,5/16 – LG16 – MS16 – MF15,5/16. Note moyenne SOIR : 15,9
Présentation aromatique médocaine très correcte mais sans tapage avec ces senteurs classiques et « classe » de cassis, d’herbes aromatiques, de réglisse, de crayon noir.
Bouche assez austère, qui se développe sans rouler des mécaniques (et qui manifestement besoin de s’ébrouer).
44. Pomerol : château Vieux Château Certan 1998
L’après-midi : DS17,5+ – PR18 – PS18. Note moyenne AM : 17,8
Joli fruit mûr sans excès. La bouche est impressionnante de chair et d’équilibre. La finale sans fin révèle aussi la puissance à venir. Difficile de pointer à Pomerol. Pour moi le vin de l’après- midi.
Le soir : DS17,5+ – LG17 – MS17 – MF17,5+. Note moyenne SOIR : 17,3
Belle maturité de fruit, du fond pour une expression qui semble un peu hésiter entre les deux rives : cassis, fruit confituré, réglisse, menthe.
Ce vin est charpenté, fermé, mais devrait bien vieillir.
45. Pauillac : château Grand Puy Lacoste 1998
L’après-midi : DS14,5/15 – PR15 – PS15. Note moyenne AM : 15
Nez médocain assez classique. Bouche un peu mince et virile. Un vin sur lequel on n’a pas envie de s’étendre.
Le soir : DS14,5/15 – LG15 – MS14 – MF15. Note moyenne SOIR : 14,7
Peu de variation aromatique ici avec en livraison un peu de graphite et de la réglisse.
Bouche un brin taciturne, un peu chaude en finale, sans défaut définitivement
condamnable mais elle ne retient pas l’attention.
46. Pauillac : château Pontet-Canet 1998
L’après-midi : DS15,5 – PR14 – PS16. Note moyenne AM : 15,1
Joli nez mais la bouche est sur la réserve. Ferme avec des tanins très médocains. Un point plus riche que le Grand Puy Lacoste.
Le soir : DS15,5 – LG15,5 – MS15 – MF15. Note moyenne SOIR : 15,3
Graphite, cèdre, cassis, soupçon de poivron pour une expression un peu en deçà (si l’on se réfère aux canons aromatiques des cabernets des grandes années).
Ici aussi, ce vin sérieux mais pas vibrant livre peu. Il semble un peu plus frais que Grand Puy Lacoste, toutefois.
47. Pessac-Léognan : château Pape-Clément 1998
L’après-midi : DS16 – PR15,5 – PS16,5. Note moyenne AM : 16
Nez qui évoquerait presque la syrah avec des notes de viande fumée qui pointent sous le fruit noir.
Belle matière, très équilibrée. Joli vin qui honore son terroir.
Le soir : DS16,5/17 – LG17 – MS17 – MF17. Note moyenne SOIR : 16,9
Signature Pessac manifeste dans un panel aromatique ici incitant : fumée, cassis, tabac, herbes aromatiques …
Matière sensuelle, fraîche, bien en place, avec ce beau et fier caractère empyreumatique des meilleurs vins de cette aire de production. Une réussite.
48. Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé : château La Gaffelière 1998
L’après-midi : DS13 – PR13 – PS12,5. Note moyenne AM : 12,8
Peu de nez, peu de chair, peu de classe. Décevant.
Le soir : DS14,5 – LG14,5 – MS14 – MF14. Note moyenne SOIR : 14,3
Olfaction trop banale : gelée de cassis, céleri … et c’est à peu près tout.
Solaire, ce vin fainéant ne se distingue vraiment pas.
49. Saint-Estèphe : château Calon-Ségur 1998
L’après-midi : DS15 – PR15,5 – PS15 . Note moyenne AM : 15,1
Touches de poivron, de cassis. La bouche est très virile, rive gauche mais sans élégance. La chaussette ôtée, je ne m’étonne pas de voir Calon-Ségur que je connais pour la raideur de ses tanins.
Le soir : DSED? – LGED – MSED – MFED . Note moyenne SOIR : ED?
Particulièrement ingrat et carré, sans unité. Contaminé ?. On ne s’attardera pas.
50. Pomerol : château Clinet 1998
L’après-midi : DS15? – PR14 – PS14. Note moyenne AM : 14,3
Clinet et Ferrand-Lartigue (que je ne connais pas). Il en reste deux. Et l’on se dit qu’entre 171 € pour le premier et 31€ pour le second ça va être facile…
Nez compoté sans élégance. La bouche est dans la foulée. Je joue Ferrand. Perdu.
Le soir : DS14,5 – LG14 – MS14,5 – MF14. Note moyenne SOIR : 14,3
Le nez est dévalorisé par trop d’élevage, des notes presque cuites (pruneau).
Bouche linéaire, mastoc, sans élégance. On pourrait presque penser à un (mauvais) cabernet US (ou Toscan).
51. Saint-Emilion Grand Cru : château Ferrand-Lartigue 1998
L’après-midi : DS14,5 – PR14 – PS14. Note moyenne AM : 14,2
Certes pas plus classe mais pas moins. Je note pareil. C’est toute l’ambiguïté de Bordeaux aujourd’hui. Quand le nouveau marché asiatique va s’en apercevoir, le retour de bâton risque d’être rude.
Le soir : DS13 – LG12 – MS12,5 – MF12. Note moyenne SOIR : 12,4
Alerte d’emblée sur des notes chiches dominées par le viandox. Bouche décharnée, aux oubliettes.
Conclusion de l’après-midi (par Pierre Simon)
Assurément dégustation plus “sérieuse” que la première. J’ai noté presque toujours un point au dessus du groupe. Refusant de mettre trop en avant mes goûts et de mal juger les vins qui n’y correspondent pas. Qu’en est-il pour finir ?
Exit La Gaffelière. Vin indigne de son rang au vu de cette bouteille. Larcis-Ducasse n’est pas loin devant. Quant à Pavie-Macquin, c’est surtout son style too much qui nous le fait fuir. Gageons qu’il y aura des amateurs.
Dans le groupe “assez bon vin “( j’ai envie d’ajouter seulement) Ducru-Beaucaillou qui m’avait habitué à mieux et ici est un peu décevant, Clinet carrément décevant. Lagrange, Grand Puy Lacoste et Ferrand-Lartigue qui, même si ce n’est pas une excuse sortent autour de 30€
Le gros du peloton. Six bons vins. Pour moi, Beauregard est ici une bonne surprise. Avec l’Eglise Clinet sans doute supérieur aux autres. Poyferré que j’ai mieux noté que mes petits camarades. Beau-Séjour Bécot bon. Et, sans doute handicapés par des bouches trop fermes à cette heure : Pontet-Canet et Calon-Ségur.
Enfin six vins qui font honneur à leur classement. C’est sur ce chiffre que j’avance qu’il y avait plus de qualité dans cette deuxième dégustation. Haut-Bailly pour sa finesse. Pape-Clément bien marqué par son terroir. Cos prêt à boire et très classe. Et le tiercé supérieur: un Angélus énorme. Un Palmer alliant puissance et finesse. Et un Vieux Château Certan dont on sait à la première gorgée que l’on est en face d’un vin d’exception.
Alors ? La palme 98 ? Vieux Château Certan ? Mission ? Hummm….. Pour trancher il faudrait que je les regoûte côte à côte.
Conclusion du soir (par Laurent Gibet)
Nous avons particulièrement apprécié quelques beaux flacons, attestant d’un millésime sérieux, gâté par le soleil : Angélus, Cos d’Estournel, Vieux Château Certan et surtout Palmer (en confirmation sur cette seconde dégustation) qui rivalise avec le puissant et remarquable Mission Haut-Brion 1998. Une fois de plus, des grands noms.
Comme dans le cas de Tertre-Roteboeuf et surtout Monbousquet (le soir en tout cas), croisés lors de la première session, les styles modernes (encore plus sur ce millésime généreux) restent plus polémiques : Canon la Gaffelière et surtout Pavie-Macquin, sur le fil, tellement déroutant.
On constate encore des évolutions notables entre après-midi et soir, avec des vins qui se dégradent, d’autres qui se bonifient. Comme le rappelle Pierre Simon dans sa conclusion, il faudra regoûter. Comme à chaque fois, cette synthèse ne reste qu’une photographie instantanée, une mémoire utile et explicite, aucunement définitive.
Il subsiste un gros doute sur l’état sanitaire de 2 vins : Eglise-Clinet et Calon-Ségur.
Conclusion d’ensemble
On observe donc quelques belles prestations sur ce millésime pour des vins encore adolescents, pas tous au même stade (Palmer est par exemple plus accessible que Las Cases ou Mission Haut-Brion). Les meilleurs devraient encore s’améliorer (et bien entendu, il faudra suivre leur évolution).