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Club toulousain In Vino Veritas
Les vins d’Afrique du Sud
Le 30 Mai et le 20 juin 2008
Préambule (Ph. Ricard)
Les vins d’Afrique du Sud sont presque totalement méconnus en France.
La plus simple raison est l’extrême faiblesse de leur distribution dans l’hexagone : tout au plus trouve-t’on quelques exemplaires très bas de gamme dans les rayons de supermarché, quelques bouteilles auto-distribuées par quelques investisseurs français et une poignée ridicule de célèbres vins du pays, vendus la plupart du temps chez des cavistes spécialisés, à des prix tellement élevés qu’ils ont du mal à soutenir une quelconque rivalité en terme de rapport qualité-prix.
Volonté délibérée des producteurs sud-africains ?
Frilosité, voire protectionnisme des français ?
Ou tout simplement désintérêt pour cette partie de la production mondiale ?
Toujours est-il que monter cette dégustation en devenait presque un challenge, avec un objectif de découverte assez excitant.
La sélection se veut représentative de la meilleure qualité reconnue par des spécialistes tels que John Platter (dont le guide est une référence en Afrique du Sud), Michel Bettane, la RVF, Hugh Johnson et certaines autres références.
La variété présentée permet ainsi de se faire une idée assez générale du profil et du niveau actuel des vins d’Afrique du Sud.
Chose que nous ne faisons plus depuis quelque temps, nous avons décidé d’indiquer les prix d’achat des bouteilles présentées (prix public caviste sud-africain), ce qui permettra non seulement d’apprécier la politique tarifaire très raisonnable d’une sélection pourtant élitiste (il est très difficile de trouver des vins chers en Afrique du Sud !) tout en mettant en garde le consommateur français sur des prix de vente nettement plus dissuasifs chez nos revendeurs nationaux.
Ceci pour apprécier le rapport qualité-prix de ces vins à leur juste valeur.
Bonne lecture…
La dégustation, préparée par Philippe Ricard, s’est déroulée sur deux journées.
L’ensemble est commenté par Philippe Ricard pour les séances de l’après-midi, Pierre Citerne pour celles du soir.
Quelques commentaires de contexte :
Toutes les bouteilles ont été stockées dans une cave de service, à température adaptée, 20 jours avant notre rendez-vous.
Chaque journée de dégustation se déroule en deux séances : l’après-midi à 14h puis le soir à 19h30.
Ce compte-rendu détaille les impressions de chaque séance.
Entre autres causes, une aération de 5 heures (dans la bouteille rebouchée en position verticale) peut expliquer les variations dans les appréciations.
Les notes de Didier Sanchez, présent l’après-midi et le soir, reflètent ces fluctuations.
Les vins sont dégustés par cépages, sans présentation à l’aveugle.
Les verres utilisés sont les «Expert» de Spiegelau.
DS : Didier Sanchez – PC : Pierre Citerne – LG Laurent Gibet – PR : Philippe Ricard – MS : Miguel Sennoun – CD : Christian Declume.
1èrepartie :
Vendredi 30 mai 2008
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 15)
1. Pongracz Desiderius Méthode Cap Classique 2001 – 11,5°
Vin effervescent. Assemblage chardonnay (60%) pinot (40%). Prix : 17 €.
L’après-midi : DS13 – PR13,5 – LG13,5 – CD13,5. Note moyenne AM : 13,5.
Vin récompensé d’un titre de « meilleure méthode du Cap 2006 » (eux aussi ont leurs « médailles »…).
Style sans grande ambition, agréable, assez proche d’un Crémant classique.
Le soir : DS13,5 – PC13,5/14 – MS13,5. Note moyenne SOIR : 13,8
Expression aromatique simple mais avenante, florale. Bon équilibre en bouche, effervescence modérée et bulle relativement fine, agréable vivacité en finale. Tout à fait correct.
2. Hamilton Russel Vineyards (Wine Of Origin Walker Bay – Hermanus Cape) 2006 – 13°
Chardonnay (100%). Prix :18 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR14 – LG14 – CD14,5. Note moyenne AM : 14,3.
Le soir : DS14 – PC14/14,5 – MS14. Note moyenne SOIR : 14,1
Teinte dorée, nez puissant mais assez frais, avec des notes animales de réduction, de lies, de «grillé» (poulet plumé, comme dans les Arbois de Tissot…). Jolie matière ronde mais réveillée, saveur d’agrumes plaisante, bonne vivacité.
3. Jordan Vineyards Nine Yards (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14,5°
Chardonnay (100%). Prix :16 €.
L’après-midi : DS14 – PR13,5 – LG13 – CD14. Note moyenne AM : 13,6.
Peut aussi bien lasser que plaire à un grand nombre, sensible à ses largeurs.
Le soir : DS14 – PC14 – MS14. Note moyenne SOIR : 14
Robe puissamment dorée. Nez roboratif évoquant le miel et la cire. Bouche ronde, très lactique, capiteuse, peut-être un peu indigeste mais pleine de générosité et de caractère.
4. Vergelegen Reserve (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 13°
Chardonnay (100%) issu d’un seul lieu-dit : Lower Schaapenberg. Prix :18 €.
L’après-midi : DS14,5/15? – PR(15) – LG(12) – CD13,5. Note moyenne AM : (13,8).
Vin qui divise les dégustateurs : certains, privés de plaisir, bloquent sur son silence, d’autres soulignent sa bouche d’une grande tenue et parient sur les bénéfices de l’aération.
Le soir : DS15,5 – PC13,5 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 14,8
Jolie robe aux reflets verts accusés. Nez très réduit, de l’animal, des notes pralinées et alliacées… Matière tendue, vive, qui me semble plutôt étriquée mais qui pour d’autres exprime retenue et « minéralité », peut-être bloquée par un excès de soufre libre.
5. Springfield Estate Méthode Ancienne (Wine Of Origin Robertson) 2005 – 13,5°
Chardonnay (100%). Prix :16 €.
L’après-midi : DS15 – PR15 – LG14,5 – CD15. Note moyenne AM : 14,9.
Sans faire délirer les foules, ce vin s’offre un succès général.
Il pourrait évoquer quelques réalisations mâconnaises.
Pour information, la « méthode à l’ancienne » (en français dans le texte, héritage huguenot), souligne l’absence de levurage, filtrage, collage et un sulfitage modéré.
Le soir : DS14 – PC(14) – MS14. Note moyenne SOIR : 14
Aspect franchement doré. Brioche, abricot confit, miel : un nez de surmaturité, un peu comme un Mâcon levrouté, sympathique quoique non dénué d’une certaine pesanteur, entraînant même, si on se laisse prendre au jeu ! Bouche prévisible, grasse, concentrée, à la limite de l’écoeurement mais somme toute bien roulée…
6. Rupert & RothschildBaroness Nadine (Wine Of Origin Western Cape) 2005 – 14,5°
Chardonnay (100%). Prix :14 €.
L’après-midi : DS14 – PR13 – LG13,5/14 – CD14. Note moyenne AM : 13,7.
Si l’échantillon parvient à relativement séduire certains d’entre nous, il n’inspire pas confiance pour la dégustation du soir…
A boire très vite…à vos risques et périls !
Le soir : DS12 – PC11,5 – MS12. Note moyenne SOIR : 11,8
Nez boisé et brûlant. Bouche similaire, de l’alcool et du bois. Standard international, malheureusement.
7. RustenbergFive Soldiers (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14,5°
Chardonnay (100%). Prix :14 €.
L’après-midi : DS14 – PR14,5 – LG14 – CD14. Note moyenne AM : 14,1
Le soir : DS13,5 – PC13 – MS13,5. Note moyenne SOIR : 13,3
Robe assez pâle, nez capiteux, plus fin que le précédent mais encore trop marqué par le bois. Bouche à l’avenant, on sent la volonté de « faire européen », élevage plus ou moins intégré, une certaine mesure dans les arômes et dans la texture, mais malheureusement trop d’alcool et d’amertume en finale.
8. Thelema Mountain Vineyards (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 15°
Merlot (100%). Prix :11 €.
L’après-midi : DS11 – PR11,5 – LG13 – CD12,5. Note moyenne AM : 12.
Le soir : DS12 – PC11 – MS12. Note moyenne SOIR : 11,7
Robe dense légèrement brunie. Eucalyptus et menthol au nez ; chaleur, alcool et sécheresse tannique en bouche.
C’est moins alcoolisé que ça en général la sangria, non ?
9. Vergelegen (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 14,5°
Merlot (100%). Prix :10 €.
L’après-midi : DS13,5 – PR13 – LG14 – CD14,5. Note moyenne AM : 13,8.
Le soir : DS12,5 – PC12,5 – MS12,5. Note moyenne SOIR : 12,5
Nez confituré de merlot dodu bien drapé dans son élevage, chocolat et pain d’épices… Bouche plus agréable que la précédente, confite et en même temps poivronnée, mais desservie par le même genre de finale chaude et agressive.
10. Vergelegen (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 14,5°
Syrah (100%). Prix :17 €.
L’après-midi : DS15 – PR15 – LG15,5 – CD15. Note moyenne AM : 15,1.
Un certain cousinage avec une jolie syrah languedocienne, sur des terroirs plus frais, comme au Pic-St-Loup.
Le soir : DS15 – PC15 – MS15. Note moyenne SOIR : 15
Nez très épicé, viandé et fumé aussi, des notes de sarments secs, d’âtre… une expression aromatique non dénuée de caractère. Du fruit, de la mâche en bouche, un vin chaleureux mais vivant, avec une finale en relief, savoureusement réglissée.
11. Boekenhoutskloof (Wine Of Origin Coastal Région Franschhoek) 2004 – 14,5°
Syrah (100%). Prix :24 €.
L’après-midi : DS16 – PR16 – LG16 – CD15,5. Note moyenne AM : 15,9.
On pourrait bien miser à l’aveugle sur une syrah rhodanienne.
Le soir : DS14,5 – PC14 – MS14,5. Note moyenne SOIR : 14,3
Nez très variétal, explosif, charmeur mais prévisible : violette, olive noire, un peu de poivre et de viande fraîche. Matière souple, ronde, au joli fruit suave, légèrement sucré, riche en alcool. Evoque une syrah du Languedoc, généreuse, aguicheuse, puis lassante.
12. Simonsig Estate Merindol (Wine Of Origin Stellenbosch) 2002 – 14,5°
Syrah (100%). Prix :18 €.
L’après-midi : DS13 – PR13 – LG13 – CD14. Note moyenne AM : 13,3.
Pas fait pour se désaltérer…
Le soir : DS14,5 – PC(15) – MS14. Note moyenne SOIR : 14,5
Robe très sombre, centre brun-noir, bordure vieux rose largement brunie. Nez étonnant, très confit, plutôt grenache que syrah, raisiné, pruneau, goudron, épices… Beaucoup d’extrait en bouche, tannins présents, serrés, sauvages ; de l’alcool et du sucre… un vin extrême, intéressant, certainement difficile à placer à table.
13. Bouchard Finlayson Galpin Peak Tête de cuvée (Wine Of Origin Walker Bay – Hermanus Cape) 2005 – 14°
Pinot Noir (100%). Prix :41 €.
L’après-midi : DS16 – PR16,5 – LG16,5 – CD15,5. Note moyenne AM : 16,1.
Bel exercice de style sur un cépage exigeant, ce qui est rare de rencontrer hors de notre chère Côte d’Or…
Ce vin est tout compte-fait assez proche d’un style Chambolle-Musigny.
Le soir : DS14 – PC(13) – MS14. Note moyenne SOIR : 13,7
Teinte assez soutenue pour un pinot. Le nez propose une évocation de fruits compotés assez peu distincts, voilée par des notes d’élevage superflues (grillé, vanille, orange sanguine). Bouche sérieuse, de structure assez fine, mais chaleureuse et boisée. Je ne sais pas ce qu’il en était à l’ouverture, mais là ça ne ressemble plus du tout à un Chambolle…
14. Hamilton Russell Vineyards (Wine Of Origin Walker Bay – Hermanus Cape) 2006 – 14°
Pinot Noir (100%). Prix :22 €.
L’après-midi : DS16+ – PR16,5 – LG16 – CD16. Note moyenne AM : 16,1.
Second pinot de très belle facture, évoquant cette fois davantage la Côte de Beaune, voire un Sancerre rouge pour son caractère minéral affirmé.
Bravo !
Le soir : DS13,5 – PC13,5 – MS13. Note moyenne SOIR : 13,3
Robe plus tendre que celle du pinot précédent. Des notes mentholées et fumées dominent un fruit de cerise plutôt timide. Matière discrète mais délicate ; on retrouve en bouche la dominante aromatique fumée/mentholée.
15. Kanonkop (Wine Of Origin Stellenbosch) 2000 – 13,5°
Pinotage (100%). Prix :23 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR14 – LG14 – CD15. Note moyenne AM : 14,4.
Dans cette série de rouges, c’est le vin le plus « ancien » (tiré de ma cave personnelle).
Je me souviens d’une dégustation de ce vin au domaine – décembre 2001 – où l’élevage était plus présent (la jeunesse…), mais où la matière m’avait donné confiance.
C’est une très bonne indication que de voir ce bois parfaitement assimilé avec le temps.
Il montre de plus une belle évolution, cohérente, à la manière de certains Corbières (référence à la Voulte-Gasparets).
Petite précision : le pinotage est un cépage hybride exclusivement sud-africain (pinot noir + cinsault).
Le soir : DS15,5 – PC16 – MS15,5. Note moyenne SOIR : 15,7
Belle robe dense, encore jeune. Nez d’abord discret, réduit, très animal, qui s’ouvre sur une expression empyreumatique très personnelle, goudron, fumée, fruits noirs, avec aussi du chêne, mais du chêne pour une fois intéressant… balsamique, intégré au bouquet du vin, un peu comme sur une reserva à l’ancienne de la Rioja. Matière pleine, très fumée, avec un fruit vif, sanguin, sapide et une finale cohérente, grenue et tonique. Un vin plein de caractère et de ressource, sans mollesse ni chaleur alcoolique excessive.
16. Thelema Mountain Vineyards The Mint (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 14°
Cabernet Sauvignon (100%). Prix :20 €.
L’après-midi : DS14 – PR14,5 – LG14,5 – CD14,5. Note moyenne AM : 14,3.
Le soir : DS13,5 – PC13 – MS13. Note moyenne SOIR : 13,2
Robe dense. « The Mint » le bien nommé… le côté mentholé/eucalyptus domine en effet complètement l’expression aromatique. Assez charnu, bien rond en bouche, avec un soupçon de café, peu de relief ni d’acidité, cela reste, comme le souligne Didier, le vin des koalas…
17. Springfield Estate Whole Berry (Wine Of Origin Robertson) 2005 – 13°
Cabernet Sauvignon (100%). Prix :10 €.
L’après-midi : DS13,5 – PR13,5 – LG14 – CD13,5. Note moyenne AM : 13,6.
Le soir : DS14 – PC13,5/14 – MS14. Note moyenne SOIR : 13,9
Robe medium déjà assez évoluée. Nez étonnant de fraise compotée, de gamay légèrement épicé !… Joli fruit en bouche, très souple, un peu sucré. Interprétation amusante et assez gourmande du cabernet en macération carbonique.
Rappel : Springfield Estate Whole Berry (Wine Of Origin Robertson) 2005 : septembre 2007 (par Philippe Ricard) : 14
Vin qui se distingue par sa fraîcheur aromatique (notes florales, petites baies rouges), une certaine finesse, une belle acidité, ce qui l’éloigne des canons internationaux pour le rapprocher de nos repères français.
18. Boekenhoutskloof(Wine Of Origin Coastal Région Franschhoek) 2005 – 14,5°
Cabernet Sauvignon (100%). Prix :22 €.
L’après-midi : DS16,5 – PR16 – LG15,5 – CD(Non noté). Note moyenne AM : 16.
On pense à quelques similitudes avec un Médoc d’année chaude, ou marqué de merlot.
Le soir : DS13,5 – PC12 – MS13. Note moyenne SOIR : 12,8
Robe sérieuse. Nez assez classique, modèle bordelais évident, avec une expression animale (cuir) et un boisé trop présent. La saveur sucrée du vin s’accorde mal avec sa structure puissante et son message aromatique viril ; l’écœurement est là dès la fin de la première gorgée… Mais comme l’a dit Philippe, avec ce genre de vin on se situe précisément à sur la frontière ténue qui sépare l’adhésion de la répulsion.
19. Ernie Els Limited Release (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 14,5°
Assemblage Cabernet Sauvignon (62% ) Merlot (24%) Petit Verdot (6%).
Prix :54 €.
L’après-midi : DS15,5 – PR15 – LG15 – CD15. Note moyenne AM : 15,1.
Certains parlent du style chilien.
Le soir : DS14,5 – PC14 – MS14. Note moyenne SOIR : 14,2
Très dense d’aspect, opaque. Nez de cabernet, évidemment très mûr, beaucoup de cassis, de l’encre, des épices, un élevage bien intégré. Matière elle aussi très dense, sucrée, mais soutenue par une acidité vive, peut-être un peu trop saillante pour paraître naturelle. Beaucoup de tout, des qualités, à voir dans le temps si tout cela se fond ou se désunit …
20. Rustenberg Peter Barlow (Wine Of Origin Simonsberg-Stellenbosch) 2004 – 14,5°
Cabernet Sauvignon (100%). Prix :28 €.
L’après-midi : DS14 – PR14 – LG13,5 – CD14,5. Note moyenne AM : 14.
Le soir : DS14,5 – PC15,5 – MS15. Note moyenne SOIR : 15
Encore une robe très sombre, violacée, avec du dépôt. Nez puissant et original, des notes sauvages de civet en cours de marinade, d’herbes aromatiques et d’eucalyptus complexifient une expression fruitée variétale (cassis) mais d’une belle ampleur. Beaucoup d’alcool mais peu de sucre en bouche… de la sécheresse ? en tout cas beaucoup de fermeté tannique, du grain sous la langue et des saveurs concentrées, terriennes, franches, une fraîcheur structurelle certaine. Pourrait donner quelque chose d’intéressant au vieillissement.
21. Bredell’s Cape Vintage Reserve (Wine Of Origin Stellenbosch) 2001 – 20°
Vin muté. Assemblage tinta, tourigas, souzao. Prix :24 €.
L’après-midi : DS16,5 – PR16,5 – LG16,5 – CD16,5. Note moyenne AM : 16,5.
Une inspiration portugaise, que beaucoup de producteurs de Porto feraient bien d’imiter…
Très beau rapport qualité-prix.
Le soir : DS16,5 – PC15/15,5 – MS16. Note moyenne SOIR : 15,9
Robe opaque, visqueuse, bleutée encore. Nez de fruits rouges et noirs écrasés, large et profond, qui pourrait être portugais, mis à part les notes d’eucalyptus. Matière très dense, avec de bons tannins, un alcool présent mais bien intégré, une saveur de chocolat et de menthe bien en accord avec les sucres résiduels sans mollesse.
Conclusion de l’après-midi (Ph. Ricard)
Qualitativement, cette première séance est plutôt bonne, offrant une moyenne de 14,7.
Au delà de la découverte, c’est surtout une surprise agréable.
D’abord pour moi, car mes expériences sud-africaines étaient jusqu’alors décevantes : alcool, bois et sucre étaient mon lot commun (il faut bien le reconnaître, sur des vins de qualité inférieure, dans des conditions de dégustation souvent pitoyables, les restaurants sud-africains ayant la désagréable habitude de servir leurs vins blancs glacés et leurs rouges à plus de 20 degrés, accentuant leurs caricatures…).
Ensuite pour l’ensemble des dégustateurs présents, arrivés avec autant de curiosité que parfois de frilosité, ainsi qu’une petite valise de préjugés…
Premier enseignement : sur cette sélection, quasiment aucune expression boisée déséquilibrée.
Etonnement général, surtout sur une sélection aussi jeune.
Second enseignement : trouver le point d’équilibre entre alcool, maturité et fraîcheur relève de l’exercice ultra délicat.
Si une bonne partie des vins présentés semblent avoir trouvé cet équilibre fragile, avec des expressions fruitées relativement pures, d’autres signent plus explicitement des traces d’alcool ou de sucres résiduels.
Enfin quelques vins présentent des acidités un peu poussées, évoquant (peut-être) des choix de sous-maturité ou d’ajout d’acide tartrique, montrant que cette quête de fraîcheur est peut-être la plus difficile.
Dans le détail, on notera une certaine préférence pour la couleur rouge.
Les chardonnays peinent en effet à trouver un caractère fort, racé, et restent plus ou moins sur un registre aromatique et gourmand.
Le seul véritable regret de l’après-midi vient de l’impression frustrante de n’avoir pu apprécier la cuvée Reserve du domaine Vergelegen, laquelle semblait avoir le potentiel de se démarquer du lot.
Parmi les rouges, on tient à souligner la présentation remarquable des deux pinots noirs, cépage que nous n’attendions pas à pareille fête dans ces contrées lointaines : leur élégance fut sans nul doute la plus grande surprise de la dégustation.
Dommage pour ceux du soir…
Le domaine Boekenhoutskloof (plus facile à boire qu’à prononcer !) a révélé deux vins de très belle facture, en syrah comme en cabernet-sauvignon.
Mais encore une fois à l’ouverture, car l’aération ne leur a pas fait de cadeau…
Enfin, le très joli vin muté de style Porto à l’éclat irresistible a fait un beau tir groupé dans l’assemblée : coup de coeur du jury car il pourrait montrer l’exemple à bien des réalisations dont théoriquement il s’inspire !
Mention spéciale pour le pinotage de Kanonkop.
Tout d’abord car ce cépage est une découverte pour beaucoup.
Ensuite par son caractère aromatique fort, loin de tout style conventionnel ou « international ».
Par sa belle évolution au vieillissement.
Enfin parce que le domaine ne m’a jamais laissé indifférent, non seulement lors de ma visite, mais aussi dans la dégustation de ses vins, dès le plus simple (cuvée Kadette).
A vérifier sur l’ambitieuse cuvée Paul Sauer que nous dégusterons le mois prochain…
Conclusion du soir (P. Citerne)
Une dégustation variée, dépaysante certainement, même si la plupart des cépages sont bien français.
Des vins de chardonnay souvent sympathiques, par leur générosité aromatique, leur opulence structurelle, même si celle-ci peut confiner à l’écœurant, haut-le-cœur doublé de lassitude lorsque les vins portent la marque d’un boisé vanillé impersonnel.
Des rouges, pour la plupart monovariétaux, qui eux non plus ne se caractérisent pas par la fraîcheur, ni la buvabilité… mais offrent des expressions parfois pleines de caractère, fougueuses, colorées, originales (surtout dans le cas du pinotage, qui seul paraît avoir bénéficié de l’aération). Dans leur registre capiteux, mentholé et un peu sucré, les vins dominés par le cabernet sauvignon n’ont pas grand-chose à envier à leurs équivalents californiens dix fois plus coûteux.
L’appréciation qualitative de ces vins demeure largement une affaire de goût et de culture, mais on peut quand même penser qu’il doit être difficile d’en boire à table de fortes quantités…
On est bien là dans une conception anglo-saxonne du vin, vin bonbon ou vin bijou, mais certainement pas vin boisson, ni même vin aliment.
2èmepartie :
Vendredi 20 juin 2008
Ordre de dégustation
(Nombre total de dégustateurs : 10)
1. Steenberg Reserve (Wine Of Origin Constantia) 2007 – 13,5°
Sauvignon (100%). Prix :11 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR14,5 . Note moyenne AM : 14,5
Evocation de vins de la commune de Sancerre à l’esprit similaire.
Le soir : DS14 – PC13 – LG13. Note moyenne SOIR : 13,3
Aspect très pâle, reflets verts et gris. Expression aromatique variétale exacerbée, très végétale, entre l’asperge, le buis et la groseille à maquereau. Pointe de perlant en bouche, pointe de vivacité, propre et lisse, pointe de sucre, pointe de soufre. Tout à fait comparable aux productions néo-zélandaises bénéficiant des mêmes technologies.
2. Vergelegen(Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14°
Assemblage sémillon (70%) sauvignon (30%). Prix :27 €.
L’après-midi : DS14 – PR14 . Note moyenne AM : 14
Présentation intéressante dans une expression de sémillon tout de même méconnaissable (même si nous avons peu de comparaisons en France, en vin blanc sec, avec une telle proportion de sémillon – exemple de la cuvéedes Conti à Bergerac, 85% sémillon – 15% sauvignon, qui évoque d’ailleurs un Ménetou)
Le soir : DS14 – PC15 – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,5
Robe grasse, nez intense qui propose lui aussi de la végétalité (menthe, eucalyptus), mais enrichie de notes terpéniques, grillées, butyriques, organiques (réduction : volaille plumée…). Attaque boisée, mais le vin prend le dessus, sec, gras, bien équilibré, avec une jolie finale tonique sur les agrumes.
3. Jean Daneel Signature (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 13°
Chenin (100%). Prix :9 €.
L’après-midi : DS13,5 – PR13. Note moyenne AM : 13,3
Le soir : DS14,5 – PC(14,5) – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,5
Jaune pâle, limpide, reflets verts. Nez simple et réduit, qui semble en partie bloqué par le soufre ; matière droite, sèche, assez puissante, de bonne allonge et de bonne fraîcheur, qui finit sur l’amertume. Du sérieux mais pas de plaisir, sans doute trop de soufre.
4. De Morgenzon (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14°
Chenin (100%). Prix :10 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR15,5. Note moyenne AM : 15
Philosophie résolument charmeuse, aromatique, manquant peut-être un peu d’âme et de subtilité.
Mais pas de générosité…
Tarif intéressant.
Le soir : DS13,5 – PC13 – LG13. Note moyenne SOIR : 13,2
Jaune d’or étalant sa richesse. Nez saturé de poire cuite, de beurre, de caramel, d’ananas au sirop… La bouche, bien visqueuse, dispense des saveurs lourdes reprenant la même chanson, avec une décharge alcoolique en finale propre à achever le buveur affaibli. On peut lui pardonner la lourdeur de son exubérance, moins la banalité de son message aromatique.
Rappels :
De Morgenzon (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 : 11/01/2008 à l’ouverture
DS15- PR14,5- CD15. Note moyenne : 14,8
Si ce vin n’est pas promis à un long avenir, il offre un plaisir immédiat, certes sans race ni mesure, dans un style
chaleureux qui le distingue aisément de la fraîcheur ligérienne ambiante, avec un risque certain de lassitude.
Parker en tutu ! (Si je peux me permettre une caricature – ce que le vin, lui, parvient à éviter ! )
De Morgenzon (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 : 11/01/2008 après 5h d’aération (par Laurent Gibet)
DS14 – PC14 – LG14 – MS14. Note moyenne : 14
Nez déluré, presque enivrant, boisé, grillé. Senteurs de fruits blancs, d’épices, de sueur. Bouche intéressante,
capiteuse, citronnée, râblée (avec une trace de sucre non négligeable).
5. Ken Forrester VineyarsThe FMC (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14,5°
Chenin (100%). Prix :21 €.
L’après-midi : DS14 – PR14,5. Note moyenne AM : 14,3
S’il plaira sans aucun doute au plus grand nombre, son manque de subtilité finira par en lasser certains.
Mais dans ce style, c’est indiscutablement bien fait.
Le soir : DS14 – PC13,5 – LG13,5. Note moyenne SOIR : 13,7
Encore une robe riche, avec davantage de reflets verts toutefois. Nez pharmaceutique, assez couleur locale avec ses notes de menthe, d’eucalyptus, de résine se développant sur un fond d’agrumes. Encore beaucoup de chaleur alcoolique en bouche, mais une vivacité correcte qui permet au sucre résiduel de s’intégrer, un peu à la manière d’un demi-sec de Loire, à cette matière plantureuse.
Rappels :
Ken Forrester Vineyars The FMC (Wine Of Origin Stellenbosch) 2006 : 11/01/2008 à l’ouverture
DS14,5 – PR14 – CD15,5. Note moyenne : 14,7
Si on admet les qualités d’immédiateté et de générosité de ce vin, son manque de raffinement et de digestibilité le limite cruellement.
Dommage !
Ken Forrester Vineyars The FMC (Wine Of Origin Stellenbosch) 2006 : 11/01/2008 après 5h d’aération (par Laurent Gibet)
DS12 – PC(13) – LG12 – MS11. Note moyenne : 12
Nez un peu réduit dégageant des odeurs de noix de coco et d’ananas. Bouche dans un registre ludique (à moins
que le terme qui convienne soit plutôt « régressif »), très « drive-in », grasse et sucrée. Accord probable sur un
cochon de lait grillé en accord sucré/salé. On peut avec avantage « passer son chenin ».
6. Sadie Family Columella « Liberatus In Castro Bonae Spei » (Wine Of Origin Swartland) 2004 – 14,5°
Assemblage syrah (80%) mourvèdre (20%). Prix :43 €.
L’après-midi : DS15 – PR15. Note moyenne AM : 15
15 h : on se ferait bien une côte de boeuf…
Le soir : DS13,5 – PC12,5 – LG13. Note moyenne SOIR : 13
Robe dense et limpide. Nez expansif où les puissantes notes de poivre (la syrah…), la confiture de fruits rouges et un boisé soutenu peinent à s’harmoniser. Matière souple en attaque, trop acide en finale, boisée tout le long, raidie, manquant d’amabilité et d’assise, malgré sa concentration. Evoque assez un vin « moderniste propret » du Languedoc.
7. Rust En Vrede Estate (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 14,5°
Assemblage cabernet (60%) syrah (30%) merlot (10%). Prix :25 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR15. Note moyenne AM : 14,8
On pourrait penser à des réalisations provençales ambitieuses à base de cabernet, comme au domaine de Trévallon.
Le soir : DS16 – PC16/16,5 – LG16. Note moyenne SOIR : 16,1
Robe dense, avec une bordure grenat un peu tuilée. Très joli nez complexe et fondu, dans un esprit évoquant tour à tour Bordeaux et le Rhône (sur un fond fruité puissant, pas trop cuit, des notes de cigare, de cuir, d’épices, de fumé..), mais avec une personnalité balsamique et sauvage tout à fait originale. Matière concentrée, opulente, veloutée mais tenue, sans mollesse, imposant certes beaucoup d’alcool et des tannins (très) fermes mais aussi un jus puissant, vivant, très savoureux, une finale réglissée, marquée par la syrah, persistante. Un très beau vin dont la générosité et la complexité contrastent avec le caractère assez quelconque du premier rouge.
8. De Trafford Elevation 393 (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 15°
Assemblage cabernet sauvignon, merlot, syrah + pointe de cabernet franc. Prix :35 €.
L’après-midi : DS16,5 – PR16,5. Note moyenne AM : 16,5
On retrouve un style bordelais d’année chaude, sur les arômes classiques du cabernet et la délicatesse de Pessac.
Le soir : DS(13,5) – PC(13) – LG12,5/13 . Note moyenne SOIR : (13,1)
Encore une robe très dense, un nez dominateur et solaire s’exprimant au travers de notes de confiture brûlée, de goudron, de cèdre, d’eucalyptus, d’élevage vanillé et épicé. En bouche le vin agresse malheureusement beaucoup le palais, alcool brûlant (15° très perceptibles) et tannins secs. Un profil tactile de VDN sec et boisé ; c’est d’autant plus dommage que le goût du vin apparaît profond et original. Apparemment très différent de son expression lors de l’ouverture, j’ai du mal a y déceler une quelconque « délicatesse de Pessac »…
9. Grangehurst Nikela (Wine Of Origin Stellenbosch) 2001 – 14°
Assemblage cabernet sauvignon (50%),merlot, pinotage. Prix :11 €.
L’après-midi : DS15 – PR15,5. Note moyenne AM : 15,3
Joli rapport qualité-prix.
Le soir : DS14 – PC14 – LG14. Note moyenne SOIR : 14
Grenat commençant à sérieusement tuiler. Vieux cuir au nez, une animalité un peu bourrue mais du caractère, dans la lignée des deux rouges précédents. Bouche fondue, moelleuse quoiqu’un peu mince et déstabilisée par une acidité saillante, presque agressive, et des tannins qui semblent en bout de course ; la saveur, fumée et camphrée, généreusement confiturée, est en revanche tout à fait intéressante.
10. Kaapzicht Estate Steytler Vision (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 14,5°
Assemblage cabernet sauvignon (50%) pinotage (40%) merlot (10%). Prix :16 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR14,5. Note moyenne AM : 14,5
Le soir : DS15,5 – PC16,5 – LG15. Note moyenne SOIR : 15,7
Aspect mat, épais, assez évolué. Très beau nez, viandé, fumé, truffé, sur un fond fruité très mûr mais sans vulgarité évoquant la confiture de fraise presque caramélisée ; une expression aromatique proche de celle d’un Pomerol très mûr (la truffe, la paille, la résine…). Matière juteuse, fine malgré sa puissance alcoolique (belle texture), savoureuse, piquante (à la manière d’un Rioja traditionnel, en plus dense et plus chaleureux). Une réussite, un vin personnel et harmonieux malgré sa fougue.
11. Meerlust Rubicon (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 13,5°
Assemblage cabernet sauvignon (69%) merlot (19%) cabernet franc (12%). Prix :19 €.
L’après-midi : DS16 – PR16. Note moyenne AM : 16
Le soir : DS15,5/16 – PC15 – LG14,5. Note moyenne SOIR : 15,1
Robe sage, grenat, sans trace tuilée. Nez très cabernet/cassis, poivron rouge et mine de crayon, s’exprimant avec une élégance et une mesure qui nous renvoient très rapidement à nos référentiels classiques médocains. Bouche souple, fine de grain, assez fraîche, ronde et homogène, dont le caractère tactile un peu abrupt et flottant (trop de rendement ?) déçoit un peu après la qualité de l’expression aromatique.
12. Rustenberg John X Merriman (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 – 14,5°
Assemblage merlot (54%) cabernet sauvignon (33%) petit verdot (6%) cabernet franc (4%) malbec(3%). Prix :11 €.
L’après-midi : DS15 – PR16. Note moyenne AM : 15,5
Bel échantillon, qui n’est pas sans rappeler un St-Emilion de bonne facture.
A 11 Euros, il affiche de sérieux atouts…
Le soir : DS14 – PC14 – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,2
Robe dense et jeune. Nez expressif, herbacé et viandé : eucalyptus, thym, romarin, viande grillée… Bouche souple mais assez corsée, relativement courte, avec un joli jus, frais, mais un sucre résiduel (trop) saillant.
Rappel : Rustenberg John X Merriman (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 : septembre 2007 (par Philippe Ricard) : 14
Ce vin est une bonne surprise dans le sens qu’il indique clairement une volonté de privilégier la finesse, l’équilibre, la fraîcheur aromatique plutôt qu’un style assez caricatural que j’ai tendance à rencontrer en Afrique du Sud.
13. Morgenhof Première Sélection (Wine Of Origin Simonsberg Stellenbosch) 2001 – 14°
Assemblage cabernet sauvignon (60%) merlot (25%) cabernet franc (9%) malbec (6%). Prix : 15 €.
L’après-midi : DS14 – PR14,5. Note moyenne AM : 14,3
On évoque à nouveau l’esprit de Bordeaux, genre Médoc.
Le soir : DS13 – PC(13,5) – LG13. Note moyenne SOIR : 13,2
Présentation opaque, dense. Nez relativement jeune pour son âge mais durci par une acidité volatile trop saillante, la gamme aromatique, austère mais diversifiée, est assez bordelaise : cassis, noix sèche, terre battue, cèdre, gibier… La bouche, concentrée, sapide, possède malheureusement un équilibre fatigant, tiraillée entre une acidité dure, agressive et des tannins rugueux.
14. Warwick Trilogy (Wine Of Origin Stellenbosch) 2004 – 14,5°
Assemblage cabernets franc et sauvignon (90%) merlot (10%). Prix :12 €.
L’après-midi : DS15,5 – PR15,5. Note moyenne AM : 15,5
Le soir : DS12 – PC10 – LG12,5. Note moyenne SOIR : 11,5
Robe fournie, rubis sans évolution. Expression olfactive simple, « explosive » : boisé caramélisé, menthol, fraise cuite. Matière sphérique, lisse d’où dépasse en effet la Trilogie bois, acidité citrique, sucre. Ce produit, tel que nous le goûtons ce soir, exempt de défauts techniques mais pour autant situé hors du champ du tolérable par la plupart des dégustateurs/buveurs autour de la table, est à rapprocher des non-vins industriels (basés sur des équilibres dominants sucre/alcool et non plus acidité/amertume) destinés avant tout à la middle class de l’ex-empire colonial – et de plus en plus aux ex-colonisés.
Ont-ils goûté la même chose quelques heures plus tôt ? Poétique incertitude de la perception sensorielle…
Rappel : Warwick Trilogy (Wine Of Origin Stellenbosch) 2005 : septembre 2007 (par Philippe Ricard) : 13
Senteurs agréablement fruitées, mais bouche plus décevante, qui a du mal à se défaire de certains travers locaux (toujours les mêmes : alcool, bois, manque de finesse).
Mais sa richesse de matière pourra, encore une fois, trouver son public.
15. Morgenster Morgenster Estate Wine (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 13,5°
Assemblage cabernets sauvignon et franc (70%) merlot (30%). Prix :26 €.
L’après-midi : DS14,5 – PR14. Note moyenne AM : 14,3
Le soir : DS15,5 – PC14 – LG14. Note moyenne SOIR : 14,5
Présentation (encore une fois…) pleine et dense, premier nez manquant de netteté, poussiéreux, puis expression classique de cabernet, cassis et poivron. Bouche construite quoique assez linéaire, dont l’acidité saillante et le petit sucre résiduel entravent la cohérence, mais sauvée par une trame tannique fine et droite.
16. Rupert & RothschildBaron Edmond (Wine Of Origin Coastal Région) 2002 – 15°
Assemblage cabernet sauvignon (76%) merlot (24%). Prix :26 €.
L’après-midi : DS12,5 – PR12,5. Note moyenne AM : 12,5
Le soir : DS14,5 – PC(15) – LG13,5. Note moyenne SOIR : 14,3
Centre du disque noir, bordure tuilée. Même si le cabernet est majoritaire, l’expression aromatique évoque davantage le merlot : fruits cuits, paille, cacao, goudron, sauce soja, même un peu de truffe… On retrouve ces arômes en bouche, portés par une rondeur alcoolique évidente, un fruit figué, des tannins abondants, cohérents mais un peu secs. Une réalisation correcte, bien dans l’esprit sud-africain.
17. Veenwouden Classic (Wine Of Origin Paarl Région) 2003 – 14°
Assemblage sauvignon (47%) merlot (43%) cabernets franc (7%) malbec (3%). Prix :28 €.
L’après-midi : DS13 – PR13. Note moyenne AM : 13
On évoque alors un modeste carignan languedocien.
Le soir : DS15 – PC15,5 – LG15. Note moyenne SOIR : 15,2
Robe profonde se dégradant vers une bordure vieux rose. Premier nez réduit, assez ingrat, s’ouvrant ensuite avec ampleur sur des notes bordelaises de poivron, de piment rouge, et plus exotiques d’eucalyptus. Fruit moelleux et tannins fins en bouche, avec une structure décidée et un fruit tonique malgré une présence alcoolique (comme toujours) capiteuse.
18. Kanonkop Paul Sauer (Wine Of Origin Simonsberg Stellenbosch) 2004 – 14°
Assemblage cabernet sauvignon (70%) cabernet franc (15%) merlot (15%). Prix :32 €.
L’après-midi : DS17,5 – PR17 . Note moyenne AM : 17,3
L’ensemble est superbe, digne de Châteaux renommés tels Léoville Barton ou Léoville Poyferré 2004.
Le soir : DS16,5 – PC15 – LG16. Note moyenne SOIR : 15,8
Robe présente mais à l’intensité colorante mesurée. Très joli nez, disert, expansif et nuancé, d’esprit très bordelais en effet ; les chasseurs d’analogies aromatiques pourront y retrouver tabac, grillé, fruits rouges rôtis, moka, violette… Belle chair tendue par des tannins fins, expression malheureusement un peu alourdie et opacifiée par un léger sucre résiduel, qui dénote d’autant plus que le vin s’exprime avec nuance et retenue, de façon très « classique », sans la fougue, la « sauvagerie » de certains des échantillons précédents.
19. Vergelegen V (Wine Of Origin Stellenbosch) 2003 – 14°
Assemblage cabernet sauvignon (90%) merlot (7%) cabernet franc (3%). Prix :79 €.
L’après-midi : DS13,5 ? – PR12 ?. Note moyenne AM : 12,8 ?
Le soir : DS15,5+ – PC16 – LG16+. Note moyenne SOIR : 15,8
Aspect sombre et mat. Nez de cabernet profond et sobre, teinté d’une animalité subtile, avec un boisé fin et intégré (bois frais, pas grillé). Concentré, vif, serré en bouche, grande fermeté tannique (impression de tannins « crayeux »), acidité franche et allonge indéniable ; c’est le premier vin qui peut sembler encore nettement sur la réserve. On sent dans ce vin un propos nettement « européen », la recherche d’une sorte de dignité continentale… 79 euros, c’est apparemment le prix à payer en Afrique du Sud pour ne plus avoir du tout de sucre dans son vin rouge.
20. Delheim Edelspatz Noble Late Harvest (Wine Of Origin Simonsberg Stellenbosch) 2005 – 11,5°
Rhine Riesling. Prix :6 € (Bouteille en 37,5 cl).
L’après-midi : DS17 – PR17. Note moyenne AM : 17
A 6 Euros la demi-bouteille, nous venons de découvrir, sans aucun doute, un des plus grands rapports qualité-prix jamais dégusté !
Mais comment peut-on gagner de l’argent là-dessus ?
Le soir : DS15 – PC(14,5) – LG14,5. Note moyenne SOIR : 14,7
Robe ambrée brillante assez invitante. Nez puissant, épicé, évoquant la figue sèche, la datte, l’abricot sec, finalement assez proche d’un PX andalou, plus que d’un riesling… Liqueur intense, la colonne vertébrale acide est très présente, l’amertume un peu trop. Un vin qui fait beaucoup d’effet au premier contact, mais dont l’équilibre étrange lasse assez rapidement. Sa couronne de « meilleur rapport qualité prix du Monde » n’aura tenu que quelques heures ; reste pour nous une curiosité exotique, intéressante un peu au même titre que le vin de glace de gewurztraminer du plateau du Golan (Yarden)…
21. Ken Forrester T Noble Late Harvest (Wine Of Origin Stellenbosch) 2006 – 13°
Chenin (100%). Prix :17 € (Bouteille en 37,5 cl).
L’après-midi : DS15,5 – PR16. Note moyenne AM : 15,8
Moins excitant que le précédent, mais réalisé avec soin pour un plaisir rapide.
Un petit clin d’oeil à certaines de nos réalisations ligériennes, Coteaux du Layon notamment.
Le soir : DS14 – PC13,5 – LG15. Note moyenne SOIR : 14,2
Aspect doré, gras, visqueux. Nez riche, beurre et rillettes, ananas, citron confit… on retrouverait presque le chenin. Rond en bouche, soutenu par un acidité présente, saveur lactique, très beurrée, boisé toasté et acidité discordante en finale.
22. Klein Constantia Vin de Constance Natural Sweet Wine (Wine Of Origin Constantia) 2001 – 14,5°
Muscat à petits grains . Prix :25 € (Bouteille en 50 cl).
L’après-midi : DS17 – PR18. Note moyenne AM : 17,5
Un grand plaisir pour beaucoup que la découverte de ce célèbre flacon…
Le soir : DS16,5 – PC16 – LG16,5/17. Note moyenne SOIR : 16,4
Nez original et typé : muscat, rose, thym, camphre, fumée, lavande… Liqueur modérée, bel équilibre malgré une permanence un peu trop affirmée de l’alcool et de notes finales amères. Il est agréable de retrouver dans ce beau liquoreux, à l’expression originale et reconnaissable, la même saveur fumée que dans les meilleurs rouges sud-africains.
Conclusion de l’après-midi (Ph. Ricard)
Meilleur niveau global de dégustation sur cette seconde partie, passant de 14,7 à 15,5, avec comme donnée sensible l’amplitude des écarts de notation entre les 2 séances (1,7 sur cette seconde dégustation !).
Si les blancs ne brillent pas par leur profondeur, ils affichent de belles constitutions aromatiques dont les excès, à quelques détails près, nous ont été épargnés dans cette présentation.
Si tous les cépages abordés montraient de jolies réalisations, jamais pourtant nous n’avons été enthousiastes : on est encore assez loin des expressions fortes et nobles auxquelles nos références hexagonales nous ont habitués.
Pour les rouges, ceux abordés dans la seconde dégustation semblent fortement s’inspirer des modèles français.
Si la réussite est très satisfaisante, avec une approche bordelaise – entre autre – ponctuellement très bien maîtrisée, on peut se demander si cette perspective est la plus passionnante.
Certes, on applaudit, par exemple, la très belle cuvée Paul Sauer du domaine Kanonkop.
Mais nous avons par ailleurs tous trouvés intéressants, dans un autre style, les expressions du cépage Pinotage, pur ou assemblé : sauvage, il donne du relief, une personnalité forte et originale, loin des canons habituels (nous lui trouvons, à la rigueur, quelques ressemblances d’expression avec le carignan).
Cette distinction fait plaisir, tranchant avec un style « international » cultivé de façon assez systématique dans les pays du « Nouveau Monde ».
Enfin les liquoreux, avec 3 jolies réalisations qui soulignent un savoir-faire évident (en tout cas à l’ouverture des bouteilles…).
L’échantillonnage reste modeste, mais cette prise de contact encourageante montre que ces vignerons sud-africains ont su se diversifier avec réussite sur bien des styles de vins.
Pour conclure, petite remarque personnelle.
La qualité des vins présentés m’a semblé bien supérieure à l’ensemble des vins que j’ai pu goûter, le plus souvent au hasard, lors de mes escapades sud-africaines.
Deux amateurs proches du club, Pierre-Yves Guyonnet (régulièrement en Afrique du Sud pour raisons professionnelles) et Thierry Klopp (il vit sur place !), m’ont rassuré dans ces impressions un rien caricaturales (basées sur la trilogie peu digeste alcool-sucre-bois) que j’avais trop souvent ressenties.
Il faut donc non seulement être très sélectif sur les échantillons choisis, mais surtout se méfier grandement des conditions de dégustation : optimales chez IVV (modulo l’effet am/soir), elles ont souvent été désastreuses lors de mes repas dans la restauration locale.
Conclusion du soir (P. Citerne)
Au vu de la concordance des observations entre les deux dégustations, on peut largement reprendre pour cette deuxième séance les remarques formulées précédemment (cf. infra conclusion de la première dégustation), tout en insistant sur deux ou trois considérations plus générales.
On peut noter des fortes différences d’appréciation entre l’après-midi et le soir, et pas uniquement dans le sens d’un affaissement à l’aération, ce qui est à mon sens plutôt bon signe. Là où il y a variabilité des perceptions sensorielles il y a de l’espoir, de la marge si ce n’est pour la progression au moins pour la discussion.
Qu’en est-il de la capacité de vieillissement des cuvées les plus ambitieuses ? Certains sont sceptiques, d’autres plus optimistes. En tout cas, vu les efforts qualitatifs récents de la viticulture sud-africaine, il faudra regoûter les mêmes vins dans cinq ans, dans dix ans, pour apporter un début de réponse.
On est amené une fois de plus à s’interroger sur les biais culturels qui marquent notre perception de ces vins de l’extrême sud du Continent Africain. Les références culturelles affichées par les produits eux-mêmes sont européennes (et spécifiquement françaises pour l’ampélographie), dans les modèles gustatifs recherchés, dans la rhétorique des contre-étiquettes, mais aussi dans le packaging (pas à la pointe du design toutefois…).
Il est intéressant de noter que dans la gamme de vins immédiatement en dessous de celle que nous avons goûtée, et qui alimente principalement les linéaires de supermarchés dans les pays anglo-saxons, les références affichées par les produits (onomastiques et visuelles) sont différentes, clairement tournées vers des modèles « exotiques » (pour le consommateur européen ou nord-américain), notamment vers des thèmes animaliers, des graphismes, des couleurs, des dynamiques de composition inspirées par la peintures San. Je pense que le même phénomène est observable parmi les vins australiens dans leur association avec l’art aborigène, beaucoup moins il me semble dans le cas des vins américains (Etats-Unis, Chili, Argentine principalement). La genèse, les modalités et les éventuelles motivations de ce phénomène de réutilisation de thèmes culturels tout à fait extérieurs aux différentes traditions vitivinicoles constituent sans doute un riche sujet d’étude.
Cela étant, il ne faut pas oublier que nos références, nos points de comparaisons sont pour l’essentiel également européens (cf. les parallèles géographiques récurrents dans nos tentatives de descriptions organoleptiques : Bordeaux, Châteauneuf-du-Pape, Douro, Rioja… cf. également aussi notre vocabulaire descriptif qui renvoie invariablement à notre histoire, à nos structures sociales et à nos modèles économiques). Mais il y a dans les meilleurs exemples de ce bel échantillonnage une personnalité suffisamment originale, sui generis, faite de profondeur épicée et fumée, d’eucalyptus, de richesse solaire et de fermeté tannique, pour que leur expression puisse être appréciée par l’oenophile pour elle-même. Je parle ici des rouges, les blancs, malgré d’évidentes qualités techniques (ou à cause de cette technicité ?), semblent manquer de caractère, d’originalité (exception faite bien sûr du Vin de Constance). Encore modeste sur le plan tarifaire par rapport à d’autres régions du Nouveau Monde, comme la Côte Ouest américaine, l’Australie et même l’Amérique du Sud, la viticulture sud-africaine peut-elle au travers d’une reconnaissance internationale de la qualité et de l’originalité du meilleur de sa production contribuer à façonner une identité collective encore fragile ?
Encore merci à Philippe Ricard d’avoir rendu possible ce voyage, voyage de dépaysement et de plaisir sensoriel (ce que nous n’attendions peut-être pas…), mais aussi voyage dans les questionnements d’une production agricole ayant aussi fonction de représentation sociale, sa recherche de référents, de modèles stylistiques hors de ses frontières et à l’intérieur de celles-ci, dans son passé, son présent et peut-être son avenir.
Tableau récapitulatif
Vins excellents | |||
2001 | Muscat Klein Constantia | 17,5 | – 1,1 |
2004 | Kanonkop Paul Sauer | 17,3 | – 1,5 |
2005 | Delheim Edelsplatz Noble Late Harv. | 17 | – 2,3 |
Très bons vins | |||
2001 | Bredell’s Cape Vintage Reserve | 16,5 | – 0,6 |
2003 | De Trafford Winery Elevation 393 | 16,5 | – 3,4 |
2005 | Bouchard Galpin Peak Tête de Cuvée | 16,1 | – 2,4 |
2006 | Hamilton Russell Pinot Noir | 16,1 | – 2,8 |
2003 | Rust En Vrede Estate | 16,1 | + 1,3 |
2005 | Boekenhoutskloof Cab. Sauvignon | 16 | – 3,2 |
2003 | Meerlust Rubicon | 16 | – 0,9 |
Bons vins | |||
2004 | Boekenhoutskloof Syrah | 15,9 | – 1,6 |
2003 | Vergelegen V | 15,8 | + 3,0 |
2006 | Ken Forester T Noble Late Harvest | 15,8 | – 1,6 |
2000 | Kanonkop Pinotage | 15,7 | + 1,3 |
2003 | Kaapzicht Estate Steytler Vision | 15,7 | + 1,2 |
2005 | Rustenberg John X Merriman | 15,5 | – 1,3 |
2004 | Warwick Trilogy | 15,5 | – 4,0 |
2001 | Grangehurst Nikela | 15,3 | – 1,3 |
2003 | Veenwouden Classic | 15,2 | + 2,2 |
2003 | Vergelegen Syrah | 15,1 | – 0,1 |
2004 | Ernie Els Limited Release | 15,1 | – 0,9 |
2004 | Rustenberg Peter Barlow | 15,0 | + 1,0 |
2005 | De Morgenzon Chenin | 15,0 | – 1,8 |
2004 | Sadie Family Columella | 15,0 | – 2,0 |
Assez bons vins | |||
2005 | Robertson Springfield Chardonnay Méthode à l’Ancienne | 14,9 | – 0,9 |
2003 | Vergelegen Chardonnay Reserve | 14,8 | + 1,0 |
2002 | Simonsig Estate Merandol | 14,5 | + 1,2 |
2007 | Steenberg Sauvignon Reserve | 14,5 | – 1,2 |
2005 | Vergelegen Estate | 14,5 | + 0,5 |
2004 | Jean Daneel Signature | 14,5 | + 1,2 |
2003 | Morgenster Estate | 14,5 | + 0,2 |
2005 | Ken Forester Vineyards The FMC | 14,3 | – 0,6 |
2001 | Morgenhof Première Sélection | 14,3 | – 1,1 |
2002 | Rupert & Rothschild Baron Edmond | 14,3 | + 1,8 |
2006 | Hamilton Russell Chardonnay | 14,3 | – 0,2 |
2004 | Thelema Mountain The Mint | 14,3 | – 1,1 |
2005 | Rustenberg Five Soldiers | 14,1 | – 0,8 |
2005 | Jordan Vineyards Nine Yards | 14,0 | + 0,4 |
2005 | Springfield Estate Whole Berry | 13,9 | + 0,3 |
2001 | Pongracz Desiderius | 13,8 | + 0,3 |
2004 | Vergelegen Merlot | 13,8 | – 1,3 |
2005 | Rupert & Rothschild Nadine | 13,7 | – 1,9 |
Vins moyens | |||
2004 | Thelema Mountain Vineyards Merlot | 12 | – 0,3 |
La note retenue dans ce tableau est la meilleure de l’après-midi et du soir.
L’évolution de cette note entre ces deux phases de dégustation est mentionnée dans la dernière colonne :
Moyenne de la dégustation | 15,1 | Ecart moyen (en valeur absolue) | 1,4 |