2007_02_08 Horizontale Rhone Sud 99 photos
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« La Cave DS »
Club toulousain In Vino Veritas
Le Rhône Sud en 1999.
Jeudi 8 février 2007
Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par Philippe Ricard.
1. Côtes-du-Rhône : Domaine Les Aphillantes « Cuvée du Cros » 1999.
DS AM14 – DS SOIR15 – PC15,5 – MS15,5 – PR13,5.
Note moyenne AM : 13,8 et SOIR : 15,3 – Prix : 18 €
L’ensemble est bien fait, abordé plus difficilement l’après–midi où les dégustateurs ont buté sur une simplicité quelque peu frustrante, mais qui s’est mieux confié après aération, retrouvant de l’allant et davantage d’expression.
L’appellation a bien été identifiée, le vin n’ayant pas les prétentions d’un Châteauneuf du Pape.
2. Châteauneuf du Pape : Domaine Roger Sabon « Cuvée Prestige » 1999.
DS AM15,5/16 – DS SOIR14,5 – PC(13) – MS15 – PR15,5/16.
Note moyenne AM : 15,8 et SOIR : 14,8 – Prix : 30 €
C’est un beau Châteauneuf du Pape, au style classique, qui peut déjà s’apprécier avec plaisir.
Par contre, Pierre semble rencontrer un problème avec ce vin : une ruade du cheval ?
PC : « Effectivement, je n’ai pas compris ce vin, Co2 et saveur médicamenteuse, ma note est vraiment entre parenthèses. »
3. Châteauneuf du Pape : Domaine Bois de Boursan « Cuvée des Felix » 1999.
DS AM14,5 – DS SOIR15,5 – PC15 – MS15 – PR14,5..
Note moyenne AM : 14,5 et SOIR : 15 – Prix : 37 €
Le vin s’apprécie un peu mieux le soir, l’aération ayant quelque peu poli ces quelques disgrâces.
4. Châteauneuf du Pape : Domaine de la Mordorée « Cuvée de la Reine des Bois » 1999.
DS AM15 – DS SOIR15,5/16 – PC15,5+ – MS15,5/16 – PR15.
Note moyenne AM : 15 et SOIR : 15,8 – Prix : 55 €
Nous sommes résolument dans une cuvée ambitieuse, au style des plus modernes où la concentration aromatique est davantage recherchée que l’élégance, ce qui pourrait destabiliser les adeptes des Châteauneufs du Pape plus classiques.
Certains évoquent même quelques familiarités avec un Porto Vintage jeune…
Il serait intéressant de regoûter ce vin plus vieux pour apprécier différemment son potentiel.
Le soir, il est intéressant de noter que cette Reine des Bois retrouve un meilleur « naturel » aromatique après aération, tout en restant très moderne…
5. Châteauneuf du Pape : Domaine de Marcoux « Vieilles Vignes » 1999.
DS AM(13,5?) – DS SOIRED – PCED – MSED – PR13,5.
Note moyenne AM : 13 et SOIR : ED – Prix : 100 €
Certains évoquent des soupçons encore incertains de bouchon. Toujours est il qu’en l’état, le vin est bien timide : peut-être une extinction de voix, c’est de saison !
En découvrant la bouteille, Didier Sanchez, familier du cru, ne peut croire qu’en l’évidence d’un défaut, certainement lié au bouchon.
La confirmation est faite le soir, sans équivoques.
6. Châteauneuf du Pape : Domaine Usséglio Pierre « Cuvée de mon Aïeul » 1999.
DS AM17 – DS SOIR14 – PC14 – MS15 – PR17.
Note moyenne AM : 17 et SOIR : 14,3 – Prix : 38 €
A peine ouverte, cette bouteille apparaît comme une vraie grande cuvée, une sorte de quintessence du Châteauneuf du Pape.
Le soir, le sentiment perçu est nettement moins flatteur puisque Pierre Citerne prend les notes suivantes :
A noter qu’il est alors le dernier vin dégusté de la série.
Avec une certaine fatigue dans ce genre de dégustation, ça peut expliquer une partie de l’écart de notes.
7. Châteauneuf du Pape : Domaine du Cailloux « Les Quartz » 1999.
DS AM15,5/16 – DS SOIR15,5 – PC14 – MS15 – PR16,5.
Note moyenne AM : 16 et SOIR : 15 – Prix : 35 €
Ce concentré de fruit, de jeunesse et de suavité en ravit certains (moi !), mais se fait peut-être au détriment de la typicité pour d’autres, car moins racé…
8. Châteauneuf du Pape : Domaine de Beaucastel 1999.
DS AM(14?) – DS SOIR(12) – PC(11) – MS(12) – PR14
Note moyenne AM : (14) et SOIR : (12) – Prix : 40 €
Certains évoquent un défaut potentiel, explication la plus probable de cette bouche bizarre, quelque peu désunie, râpeuse.
La dégustation nocturne amplifie les déviances : la possibilité de défaut se confirme.
Cela mériterait une autre dégustation.
9. Châteauneuf du Pape : Domaine Charvin 1999.
DS AM16 – DS SOIR17 – PC16,5/17 – MS16,5 – PR16
Note moyenne AM : 16 et SOIR : 16,8 – Prix : 30 €
Voici LE Châteauneuf du Pape classique de la série pour lequel on sent immédiatement l’envie de boire et de passer à table (et croyez moi, il faut le faire : il n’est que 15h30 !).
A peine plus de concentration et on tiendrait là une cuvée d’exception !
A noter qu’il ne s’effondre pas à l’aération, bien au contraire…
La découverte de la bouteille nous fait à tous très plaisir car à 19 Euros au Domaine, on a la preuve la plus éloquente que tant de plaisir et de race peuvent parfois rimer avec bon rapport qualité prix.
En la matière, Laurent Charvin est certainement une référence… Chapeau !
10. Rasteau : Domaine Gourt De Mautens 1999.
DS AM14 – DS SOIR14,5 – PC15 – MS14 – PR14,5.
Note moyenne AM : 14,3 et SOIR : 14,5 – Prix : 30 €
On est a des années lumières de la subtilité de Charvin qui, en le précédant dans la dégustation, ne lui a pas facilité la tâche ! On ne peut évidemment pas penser à un Châteauneuf du Pape !
C’est un vin ultra-ambitieux qui manque, à nos yeux, de digestibilité, mais qui, techniquement, n’a pas de défaut, traduisant une philosophie cohérente, même brillamment concrétisée, mais que notre sensibilité personnelle ne partage pas…
En découvrant la bouteille, je me dis que cette cuvée n’en était alors qu’à son 4ème Millésime depuis sa naissance : il me tarde de goûter les Millésimes les plus jeunes pour vérifier si cette philosophie a été conservée en l’état.
11. Châteauneuf du Pape : Domaine de la Janasse « Chaupin » 1999.
DS AM14,5 – DS SOIRED – PCED* – MSED – PR14,5.
Note moyenne AM : 14,5 et SOIR : ED – Prix : 33 €
Ce vin aurait beaucoup de choses à dire (il nous semble relativement ambitieux), mais il s’exprime aujourd’hui avec maladresse…
Le soir venu, sans l’avoir suspecté au préalable, on reste sur une impression de bouchon indiscutable : bouche bizarre et bien désunie : non notable !
Même si on se retrouve une nouvelle fois devant une bouteille défectueuse, ce problème nous rassure quant à la qualité réputée de cette cuvée qu’on n’avait pu apprécier l’après midi. Et pour cause !
12. Châteauneuf du Pape : Tardieu Laurent « Vieilles Vignes » 1999.
DS AM15 – DS SOIR15,5 – PC14,5/15 – MS15,5 – PR15.
Note moyenne AM : 15 et SOIR : 15 – Prix : 50 €
Ce vin signe un élevage aussi présent que brillant, mais au point de faire de ce vin un extra-terrestre dans une série de Châteauneuf du Pape dont il partage bien peu la typicité.
Donner une note finale en devient délicat : doit-on donner une bonne note pour cette superbe matière ou être sévère pour ce maquillage (à ce stade du vieillissement) de ses origines ?
Notant que le bois dissimule également une certaine variété (et complexité) aromatique, on reste sur une note de réserve.
13. Châteauneuf du Pape : Domaine Font de Michelle « Cuvée Etienne Gonnet » 1999.
DS AM14,5 – DS SOIR16 – PC16,5 – MS16 – PR13,5/14.
Note moyenne AM : 14,2 et SOIR : 16 – Prix : 30 €
Le vin ne semble pas dans une phase très flatteuse.
L’aération révèle ce vin !
14. Châteauneuf du Pape : Domaine du Cailloux « Le Clos du Caillou Réserve » 1999.
DS AM16,5 – DS SOIR16,5/17 – PC16,5 – MS17 – PR17.
Note moyenne AM : 16,8 et SOIR : 16,9 – Prix : 100 €
Voici un vin qui ne fait pas son âge, peut-être pas le plus représentatif des Châteauneufs (tels que nous les concevons !), mais à n’en pas douter au plaisir GROS COMME ÇA !
15. Côtes-du-Rhône : Domaine Les Aphillantes « Cuvée des Galets » 1999.
DS AM15,5 – DS SOIR14 – PC14 – MS14 – PR15,5.
Note moyenne AM : 15,5 et SOIR : 14 – Prix : 13 €
Le vin nous paraît être une cuvée assez ambitieuse, mais dans une phase de jeunesse un peu austère.
La découverte de la bouteille nous fait applaudir le rapport qualité prix !
Le soir, notre enthousiasme est davantage mesuré : le vin se montre également dense et sérieux, mais aussi un peu raide et alcooleux en bouche, nous paraissant inférieur, en tenue et en raffinement, à la cuvée du Cros.
L’aération ne lui a donc pas été bénéfique : ce vin semble préférer une dégustation plus immédiate.
16. Châteauneuf du Pape : Domaine de la Janasse « Vieilles Vignes » 1999.
DS AM16,5 – DS SOIR15 – PC13,5 – MS15 – PR17.
Note moyenne AM : 16,8 et SOIR : 14,5 – Prix : 50 €
Et surtout quelle envie de le boire ! (d’ailleurs…)
Le vin exprime une certaine ambition, bien rendue dans nos verres, sans excés, ce qui n’a pas toujours été le cas des précédentes.
Le soir, la perception est bien différente.
Pierre Citerne note en effet :
17. Châteauneuf du Pape : Château La Nerthe « Cuvée des Cadettes » 1999.
DS AM15 – DS SOIR12 – PC11 – MS12,5 – PR15.
Note moyenne AM : 15 et SOIR : 12 – Prix : 55 €
Encore un vin à l’élevage un peu trop présent et démonstratif qui, s’il favorise le côté flatteur de la texture, masque aussi le profil aromatique, nuisant à l’harmonie générale, à la complexité du vin.
Le soir, cette remarque prend une toute autre dimension puisque le vin s’écroule véritablement : l’aération a décuplé l’agressivité des tanins qui en deviennent caricaturaux, séchant complètement la matière.
L’origine et la réputation de la cuvée mériterait l’ouverture d’une autre bouteille avant de tirer toute conclusion définitive.
Dégusté uniquement le soir(Cr de Pierre Citerne)
18. Vin de table de France : Henri Bonneau (Lot 09.05 – 02/03).
DS13 – PC13 – MS13. Note moyenne : 13 – Prix : 22 €
19. Châteauneuf du Pape : Château Rayas 1999
DS17 – PC17 – MS17. Note moyenne : 17 – Prix : 100 €
Ce vin semble avoir pris du poids, de l’envergure, de la race, depuis notre dernière rencontre (janvier 2003) ; le phénomène semble caractéristique des vins du domaine.
Après une dégustation en Rhône Nord dans ce très grand Millésime qu’est 1999, nous avions peur que les bouteilles méridionales, moins à l’honneur la même année, ne fassent bien pâle figure…
Même si les notes maxi ne se sont jamais franchement envolées, l’inverse est tout aussi vrai et c’est la moyenne générale qui reflète l’homogénéité de l’ensemble autour d’un niveau bien flatteur.
Toujours est-il que nous avons été agréablement surpris par un des points communs, caractéristique généralement mieux admise dans le Nord : la finesse des textures.
Quasiment jamais de présence tannique disgrâcieuse, beaucoup de fondu, de jus : la « rusticité » (toute relative quand-même !) que nous pensions supérieure par rapport aux cousins septentrionaux ne s’est presque jamais vérifiée.
Autre bonne surprise : l’alcool.
Nous pensions qu’il serait davantage présent, surtout après cette dégustation au Nord où nous ne l’avions jamais senti.
Voici un autre préjugé à terre !
En ce qui concerne ces vins, nous notons une opposition de styles qui peut être absolument radicale : l’opposition classique/moderne touche ici à son paroxysme.
Autant dire qu’il y en a pour tous les goûts !
Si nous ne faisons pas preuve d’autant d’enthousiasme que d’autres sur les styles les plus concentrés, nous ne nous permettrons jamais d’estimer que cette voie n’est pas la bonne et ne rédigeons pas nos réserves en termes de défauts quelconques (nous pensons même que les vignerons qui réussissent dans cette voie sont particulièrement talentueux !).
Un Américain (exemple pris au hasard !), élevé à la canelle, à la vanille, aux arômes synthétiques, au sucre, aux goûts hyper aromatiques n’a forcément pas la même sensiblité que beaucoup de Français : cette différence du culture du goût explique en partie (et grossièrement) nos différentes approches.
Et qu’il y en ait pour tous les goûts est une très bonne chose !
Au club, si on devait résumer nos préférences en faisant abstraction de toutes nos différentes sensibilités (un peu idéaliste tout de même !), je pense qu’une seule notion nous réunirait tous et expliquerait nos réactions : la digestibilité.
Ou l’envie de boire, de manger avec et d’y revenir.
Notion peu importante quand on goûte isolément, mais qui devient essentielle quand on déguste une telle série, ou quand on s’attable pour bien manger.
Plus ou moins inconsciemment, je pense que c’est le point commun de beaucoup de dégustateurs du club.
Ce qui peut expliquer certaines de nos orientations.
Dans les bons souvenirs de cette dégustation, hormis Rayas dégusté dans des conditions différentes (mais apparemment fidèle à son rang), 2 bouteilles se sont distinguées à l’unanimité des 2 séances : la Réserve du Clos du Caillou (dont la cuvée Quartz s’est d’ailleurs fort bien comporté : beau tir groupé !) et le Châteauneuf de Laurent Charvin, 2 bouteilles, vous l’aurez compris, qu’on ne se serait pas lassé de boire…
Mention spéciale pour les Aphillantes qui, pour ce Millésime 1999, affichent un bon rapport qualité/prix dans cette série.
On pourrait se poser la question de l’intérêt de l’aération des bouteilles de Châteauneuf du Pape, préjugé relativement admis quand il s’agit de vins assez jeunes.
Beaucoup l’ont en effet très mal supporté, particulièrement la Janasse Vieilles Vignes et la cuvée Mon Aïeul de Pierre Usséglio, meilleures notes de la première dégustation (vins superbes !) et qui sont tombées dans l’anonymat le soir venu.
Dans la mesure où nous n’avons pas confirmé nos observations sur d’autres de ces bouteilles, la prudence est recommandée : ne pas se précipiter tête baissée sur sa carafe 3 heures avant !
Bien entendu, l’intention n’était pas ici de déguster « l’élite » absolue du Rhône Sud, mais de faire déjà une large revue sur un seul Millésime, dans des domaines souvent fort appréciés des amateurs que nous sommes.
Nous restons parfaitement conscients que bien d’autres cuvées manquent à l’appel, mais tout goûter monopoliserait presque toute l’année de dégustation au club !
Enfin, comme bien souvent dans nos dernières dégustations, les bouteilles défectueuses sont de la partie.
La proportion n’est pas négligeable et comme les bouteilles concernées sont, comme par hasard, et à chaque fois, des belles choses (Coche Dury, Corton 99 d’Ambroise, Hermitage 99 de Chave, Vieilles Vignes de Marcoux…), on commence à sérieusement penser que l’un d’entre nous porte sérieusement la poisse.
Et comme je suis le dernier arrivé…
Quelques indices à retenir…
Quelques repères aromatiques entre autres pour suivre l’évolution du Châteauneuf du Pape dans son vieillissement :
On peut remarquer aussi une intégration des tanins assez générale : aucune rusticité à ce niveau.
La perception du bois, par contre, est davantage liée à l’élevage choisi par certains vignerons, notamment sur des cuvées de prestige : mais la perception des tanins est toujours fine et l’ensemble des textures restent délicates, bien juteuses.
Pour finir, quelques repères pour identifier les cépages dominants dans les Rhône Sud…
Parfait contre-exemple : Gourt de Mautens, à dominante grenache, noir comme de l’encre avec un disque violine !